Tour de Babel Grande tour que, d'après la Bible, les fils de Noé voulurent élever à Babel (nom hébreu de Babylone) pour atteindre le ciel ; Dieu aurait anéanti par la confusion des langues ces efforts insensés (ce mythe est inspiré par la ziggourat babylonienne) [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément Ce pourrait bien être ici "La tour des miracles" du roman des jeunes années de GB, au temps où "les copains" parisiens cohabitaient peu ou prou. [contact auteur : Dominique Chailley]
Babel / belle Il ne faut pas négliger non plus le poids de la rime Babel / belle dans le choix de la tour biblique. De façon générale, le premier quatrain de chaque couplet joue de manière très appuyée avec les sonorités à la rime. Ici, jeu sur le mot "belle" contenu dans "Babel" (et d'ailleurs, serait-il exagéré de suggérer que l'on entend presque "pas belle" ?) [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Parmi / amis Cette fois, jeu sur une rime presque disyllabique pArMI-AMI, où, de même que pour le couple Babel-belle, les sonorités du mot à la rime du deuxième vers sont contenues dans le mot qui l'a précédé, ce qui permet de marteler la rime. Il me semble surtout que cette rime très "voyante" (devrais-je dire "entendante" ?) souligne le choix audacieux quoique fréquent chez Brassens de mettre une préposition à la rime, choix qui rend la syntaxe difficile à percevoir, et qui rend donc le texte plus ambitieux. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
La vraie nounou Allusion cachée à Rousseau ? Celui avait écrit : "La véritable nourrice est la mère." (Emile). Si oui, on pourrait croire voir ici un "mater nostra" : au nom de la mère ("vraie nounou"), de la soeur ("petite soeur des pauvres") et du "principe de la bonté féminine" (la "bonne fée")... Si non, on reconnaît tout de même le clin d'oeil du farceur mettant à l'envers le patriarchat (cherchez la femme... derrière l'homme !) [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
La petite soeur des pauvres de nous Jeu de mots avec "Les Petites Soeurs des Pauvres" : communauté religieuse dont les membres sont au service des personnes âgées démunies [Jeanne Jugan (1792-1879) est la fondatrice de cette congrégation ; elle a été béatifiée par Jean-Paul II en 1982] [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément L'expression, amusante, est aussi parfaitement adéquate. "Pauvre de nous !" est une interjection de détresse collective. Or, la bande de copains sera évoquée comme dansant bien souvent devant le buffet... : pauvre d'argent et parfois aussi d'affection. [contact auteur : Dominique Chailley]
Complément Sans doute, mais c'est encore plus amusant par l'allusion que fait GB à un ordre de religieuses, les "Petites Soeurs des Pauvres" (il existe aussi les "Petits Frères.."). La conjonction avec l'expression courante "Pauvres de nous!" est un trait d'humour que beaucoup, ignorant l'existance de cet ordre, laissent passer. [contact auteur : Gérard Lenne]
Guignon Le guignon, ou la guigne ("J'ai encore perdu mes lunettes. Quelle guigne!"), c'est la malchance. Cf. l'hymne des Bourguignons : "Joyeux enfant de la Bourgogne
Je n'ai jamais eu de guigon
Quand je vois rougir ma trogne
Je suis fier d'être Bourguignon." [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Rimes du premier couplet On constate une répétition binaire du jeu avec les rimes : rime par aphérèse (le deuxième mot est raccourci à partir du premier) Babel-belle, rime dissyllabique légèrement irrégulière parmi-amis, rime par aphérèse nounou-nous (avec de plus un jeu tautologique sur la syllabe "nou"), rime dissyllabique présente-bienfaisante. A la structure apparemment très simple en rimes plates se superpose à l'échelle du couplet une structure d'alternance phonétique plus subtile. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Complément Courte rectification, la rime "présente-bienfaisante" n'est pas dissyllabique, elle n'est que riche. [contact auteur : Xylostome ]
Encore moins la femme de Nestor Du point de vue musical il y a dans ce vers une cassure rythmique qui vient du temps fort (et de l'accent) à deux reprises sur une syllabe faible : "enCOre moins la femME de Nestor". On remarquera que dans les autres termes de cette litanie, au mètre d'ailleurs variable (6 à 10 pieds) le e final de "femme" est élidé - comme dans "celle" - alors qu'ici il est souligné à contretemps. J'y vois davantage une petite maladresse (exceptionnelle chez GB) qu'un effet voulu. [contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Hector Nestor et les autres Toujours dans son trip passéiste et nostalgique du XIXème siècle, GB donne ici à tous les copains de la bande des prénoms qui, en vogue avant 1900, étaient d'un ringard total en 1950, avec un petit qqchose de comique, de chaplinesque. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément A signaler aussi la volonté de jouer avec les signifiants, c'est-à-dire de faire rimer entre eux des noms passés de mode pour le pur plaisir phonique. On a bien affaire à une bande de carton-pâte : les amis n'existent pas vraiment, ce ne sont que des prénoms rigolos et, par conséquent, la femme d'Hector elle-même est une légende, certes plaisante, que l'on chante en se poussant du coude.
Et, bien entendu, cette galéjade repose sur une structure de rime assez subtile sur trois tercets et un distique. Je vous épargne les codifications de type aabccc etc. et je signale simplement que la logique voudrait qu'il y ait un vers supplémentaire rimant en "or" avec les deux derniers vers mais que son absence crée un effet de chute. [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Complément Ne peut-on voir une référence à la mythologie grecque, dont on sait que GB était friand et fin connaisseur? La femme d'Hector, fils de Priam, roi de Troie, n'est autre qu'Andromaque, modèle de vertus domestiques et familiales... [contact auteur : Alice M.]
Prénoms à la mode Il est intéressant de noter que ces prénoms sont en train de revenir à la mode : j'ai parmi mes neveux et connaissances quelques Bertrand, plusieurs Benjamin, un Théophile, et à défaut de Nestor, j'ai un Balthazar! [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
La Femme d'Hector est une vrai nounou Brassens a écrit cette chanson pour la femme d'un ami intime, qui ne s'appelle pas Hector d'ailleurs mais dont le prénom a la même terminaison. Ce n'est pas pour préserver son anonymat que Brassens a modifié ce prénom mais parce que "l'effet sonore" rendu n'est pas le même.
Note : la femme d'Hector existe bel et bien, j'ai la chance de la connaître et elle et son mari sont des gens tout à fait respectables et formidables. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Des arcs-en-ciel à nos chaussettes Ce couplet est marquée par la métaphore filée (c'est le cas de le dire) de l'âme représentée par les chaussettes. On peut penser qu'il s'agit d'une lointaine réminiscence de l'expression "avoir le moral dans les chaussettes". Le rôle de la femme d'Hector dans cette métaphore filée est celui de la brodeuse de vie, la "divine cousette". Rappelons que dans la mythologie grecques, trois divinités, les Parques tissaient, maintenaient et coupaient le fil des destinées humaines, chacune assumant une de ces fonctions. La femme d'Hector semble être une Parque joyeuse, multicolore là où chaque Parque n'est associée qu'à une seule couleur. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Planter des choux Périphrase pour désigner un séjour en prison. C'est décidément par un filtre obstinément optimiste que passent tous les éléments possiblement tragiques de cette chanson.
A comparer par exemple avec la formule sarcastique de Celui qui a mal tourné : [...] m'envoyer à la Santé
Me refaire une honnêteté [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Vertus Notons que, selon une solide tradition objectivement misogyne, la vertu féminine par excellence est la fidélité et donc, lorsque le mari est éloigné (prisonnier, marin, soldat, etc.), la chasteté. Double sens avec comparaison ironique sur les "chiens fidèles" ou simple habitude de langage ? Difficile à dire... [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Complément Regarder les sculptures médiévales le long des murs dans les niches des églises : bien souvent, un chien fidèle se trouve aux pieds du chevalier et de sa femme. [contact auteur : Vitaly Kisin]
Chien d'arrêt Au contraire des chiens "courants" utilisés pour la chasse à courre, le chien d'arrêt s'immobilise le nez pointé vers le gibier dès qu'il l'a localisé, et attend que le chasseur vienne le tirer. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément L'expression est d'autant mieux choisie que les prisons sont officiellement des "Maisons d'arrêt". [contact auteur : Dominique Chailley]
L'un d'entre nous ... l'hôtel Le rapprochement entre la mort d'un membre de la bande et un espace clos n'est pas sans rappeler Les Copains d'Abord : Quand l'un d'entre eux manquait à bord
C'est qu'il était mort.
Mais ici, il ne s'agit que de s'occuper de la dépouille : aucune douleur inconsolable n'est possible dans cette chanson allègre. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Tendresse et caresses pour tous Il semble qu'il y ait là, comme d'ailleurs dans pas mal d'autres chansons de Brassens, un écho de son fameux roman de jeunesse, La Tour des Miracles, où une certaine Annie Panpan était particulièrement accueillante pour tous les copains de la bande (où l'on trouvait entre autres, Corne d'Aurochs). [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
économies La femme d'Hector est une vraie Pénélope : elle attend un retour annoncé, celui du printemps éveillant la bande de copains étant équivalent à celui d'Ulysse. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Aux pourceaux Évangile de St Matthieu VII, 6. "Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs: ils pourraient bien les piétiner, puis se retourner contre vous pour vous déchirer."
Plus familièrement, on dit "Donner de la confiture aux cochons".
Tout cela signifiant qu'il ne sert à rien de gaspiller ses talents pour les gens qui ne peuvent pas les apprécier. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Perdre son latin C'est ne rien comprendre à ce qui se passe
(Ex. Quel cafouillage! C'est à y perdre son latin!"). Mais ici, enchaînant sur la Langue des Dieux, GB veut dire perdre son temps à parler le latin (la langue des clercs, des initiés, des poètes... et des Dieux) au profit de gens qui n'y comprendraient rien. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Bobèche Disque de verre ou de métal adapté à un bougeoir pour empêcher la bougie de couler || partie supérieure du chandelier, où se place la bougie Larousse [contact auteur] - [compléter cette analyse]
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La femme d'Hector N'oublions pas quand même que la femme d'Hector, le héros de la Guerre de Troie et adversaire malheureux d'Achille, c'était Andromaque. Or Andromaque, au moins dans la tragédie de Racine, est un personnage à la vertu admirable, tout entier défini par sa fidélité à son défunt mari. Ce qui n'est pas exactement le cas dans la chanson de Brassens, affectueusement iconoclaste, une fois de plus. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément La "vertu" d'Andromaque est peut-être moins "admirable" que celle de la femme d'Hector. Malgré le couplet "tendresse et caresses pour tous" (v.77-84) il n'y a pas de connotation réellement sexuelle entre la femme d'Hector et les copains de son mari, qui sont aussi les siens. Elle les écoute, les console, leur saute au cou et leur dispense même des caresses, mais c'est qu'elle les traite comme ses grands enfants. Serait-elle comme une Jeanne en plus jeune? [contact auteur : Dominique Chailley]