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- L'andropause
- 01Aux quatre coins de France, émanant je suppose
- 02De maris rancuniers par la haine conduits,
- 03Le bruit court que j'atteins l'heure de l'andropause,
- 04Qu'il ne faut plus compter sur moi dans le déduit.
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- 05Ô n'insultez jamais une verge qui tombe !
- 06Ce n'est pas leur principe, ils crient sur tous les tons
- 07Que l'une de mes deux est déjà dans la tombe
- 08Et que l'autre à son tour file un mauvais coton.
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- 09Tous ces empanachés bêtement se figurent
- 10Qu'un membr' de ma famille est à jamais perclus,
- 11Que le fameux cochon, le pourceau d'Épicure
- 12Qui sommeillait en moi ne s'éveillera plus.
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- 13Ils me croient interdit de séjour à Cythère,
- 14Et, par les nuits sans lune avec jubilation,
- 15Ils gravent sur mon mur en style lapidaire
- 16"Ici loge un vieux bouc qui n'a plus d'érections" !
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- 17Ils sont prématurés, tous ces cris de victoire,
- 18Ô vous qui me plantez la corne dans le dos,
- 19Sachez que vous avez vendu les génitoires,
- 20Révérence parler, de l'ours un peu trop tôt.
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- 21Je n'ai pas pour autant besoin de mandragore,
- 22Et vos femmes, messieurs, qu' ces jours-ci j'ai reçues,
- 23Que pas plus, tard qu'hier je contentais encore,
- 24Si j' n'ai plus d'érections, s'en fussent aperçues.
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- 25À l'hôpital Saint-Louis, l'autre jour, ma parole,
- 26Le carabin m'a dit : "On ne peut s'y tromper,
- 27En un mot comme en cent, monsieur, c'est la vérole."
- 28Si j' n'ai plus d'érections, comment l'ai-je attrapée ?
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- 29Mon plus proche voisin n'aim' que sa légitime,
- 30Laquelle, épous' modèle, n'a que moi pour amant.
- 31Or tous deux d' la vérole, ils sont tombés victimes.
- 32Si j' n'ai plus d'érections, expliquez-moi comment ?
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- 33Mes copains, mon bassiste et tous ceux de la troupe
- 34En souffrirent bientôt, nul n'en fut préservé.
- 35Or je fus le premier à l'avoir dans le groupe.
- 36Si j' n'ai plus d'érections, comment est-ce arrivé ?
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- 37Minotaures méchants, croyez-vous donc qu'à braire
- 38Que mon train de plaisir arrive au terminus,
- 39Vous me cassiez mes coups ? Au contraire, au contraire,
- 40Je n'ai jamais autant sacrifié à Vénus !
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- 41Tenant à s'assurer si ces bruits qu'on colporte,
- 42Ces potins alarmants sont ou sont pas fondés,
- 43Ces dames nuit et jour font la queue à ma porte,
- 44Poussées par le démon de la curiosité.
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- 45Et jamais, non jamais, soit dit sans arrogance,
- 46Mon commerce charnel ne fut plus florissant.
- 47Et vous, pauvres de vous, par voie de conséquence
- 48Vous ne fûtes jamais plus cocus qu'à présent.
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- 49Certes, elle sonnera cette heure fatidique,
- 50Où perdant toutes mes facultés génétiques
- 51Je serai sans émoi,
- 52Où le septième ciel - ma plus chère ballade,
- 53Ma plus douce grimpette et plus tendre escalade -
- 54Sera trop haut pour moi.
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- 55Il n'y aura pas de pleurs dans les gentilhommières,
- 56Ni de grincements de fesses dans les chaumières,
- 57Faut pas que je me leurre.
- 58Peu de chances qu'on voie mes belles odalisques
- 59Déposer en grand deuil au pied de l'obélisque
- 60Quelques gerbes de fleurs.
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- 61Tout au plus gentiment diront-elles : "Peuchère,
- 62Le vieux Priape est mort", et, la cuisse légère,
- 63Le regard alangui,
- 64Elles s'en iront vous rouler dans la farine
- 65De safran, tempérer leur fureur utérine
- 66Avec n'importe qui.
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- 67Et vous regretterez les manières civiles
- 68De votre ancien rival, qui dans son baise-en-ville,
- 69Apportait sa guitare,
- 70Et faisait voltiger en gratouillant les cordes
- 71Des notes de musique à l'entour de vos cornes,
- 72Mais il sera trop tard !
Georges Brassens
<<(Hors album)>>
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