ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Supplique pour être enterré à la plage de Sète
Le bulletin de santé
Pourquoi avoir écrit cette chanson
Brassens a écrit le bulletin de santé, parce-que se faisant très rare, le bruit courut qu'il était très malade, et il a souhaité donner la réplique à la rumeur... (l premier couplet laisse entendre que ce bruit qui court se fonde sur un subit amaigrissement).
[contact auteur : Robert C.] - [compléter cette analyse]
01J'ai perdu mes bajoues, j'ai perdu ma bedaine,
J'
Cas intéressant, relativement rare dans l'oeuvre de Brassens, où le "je" semble indiscutablement se référer au chanteur en train de chanter. Les spectateurs peuvent même vérifier de visu la transformation physique
[contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
02Et, ce, d'une façon si nette, si soudaine,
03Qu'on me suppose un mal qui ne pardonne pas,
04Qui se rit d'Esculape et le laisse baba.
Esculape
Dieu de la médecine Romaine.

L'équivalent grec est Asklépios. Fils d'Apollon, il est, selon la légende, confié au centaure Chiron qui lui enseigne la médecine. Asclépios ne se contente pas de guérir les malades, il ressuscite aussi les morts. Inquiet de ce renversement de l'ordre de la nature, Zeus (Jupiter) le foudroie. Sa fille Hygie était la déesse de la santé (ce qui a donné notre "hygiène").
Le Petit Robert 2

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
05Le monstre du Loch Ness ne faisant plus recette
06Durant les moments creux dans certaines gazettes,
Thématique tout brassenienne
Thématique filée dans l'oeuvre de Georges, il parle souvent de gazettes ou du journalisme, qui n'ayant rien à se mettre sous la main (ou la dent) s'en prend à sa propre personne : santé, etc. (voir Les trompettes de la renommée par ex.)
[contact auteur : Jérémie J.] - [compléter cette analyse]
07Systématiquement, les nécrologues jouent
Nécrologue
NÉCROLOGUE s. m. (né-kro-lp-ghe ; rad. nécrologie). Auteur de nécrologies.
NÉCROLOGIE s. f. (né-kro-lo-jî ; rad. nécrologie). Ecrit consacré à la mémoire d'une ou plusieurs personnes mortes depuis peu de temps.

GDU [Larousse, 1876]

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Nécrologie
Liste ou avis des décès récents, publiés par un journal, une revue. Lire la nécrologie.
Petit Robert

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
08À me mettre au linceul sous des feuilles de chou.
 
09Or, lassé de servir de tête de massacre,
10Des contes à mourir debout qu'on me consacre,
Mourir debout
Ici brassens, par un jeu de consonance, mélange l'expression 'mourir de rire' qui se rapporte aux potins des journalistes sur sa mort, et 'debout' qui signifie que ceux-ci l'enterrent vivant.
[contact auteur : Matt M] - [compléter cette analyse]
Complément
Il joue bien sûr avec l'expression "les contes (ou histoires) à dormir debout" qu'il transforme comme à son habitude avec l'expression "mourir de rire", pour donner une force incroyable au fruit de cette union.
[contact auteur : Martineau Roger]
11Moi qui me porte bien, qui respir' la santé,
12Je m'avance et je crie toute la vérité.
 
13Toute la vérité, messieurs, je vous la livre :
Toute la vérité
Reprise littérale du syntagme à la rime du vers précédent (procédé qu'on nomme rime enchaînée). L'effet de suspense ainsi créé fait de ce couplet la charnière de la chanson.
[contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
14Si j'ai quitté les rangs des plus de deux cents livres,
Une livre
Ancienne unité de poids de valeur variable, dont le nom est encore donné, dans la pratique non officielle, au demi-kilogramme.
En France, la livre représentait 489,5 g [Larousse]

[contact auteur] - [compléter cette analyse]
15C'est la faute à Mimi, à Lisette, à Ninon,
16Et bien d'autres, j'ai pas la mémoire des noms.
 
17Si j'ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
Les gros
C'était un de ses surnoms : ses copains l'appelaient "le gros".
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
18C'est que je baise, que je baise, que je baise
19Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute,
Le bouc et le bélier
Le bouc et le bélier ne sont pas choisis au hasard, ce sont des animaux de nature ardente ou prolifique.
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément
Et aussi pour l'allitération en [b], qui souligne le carctère bestial des éléments énumérés
[contact auteur : Mathieu Rasoli]
20Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !
D'après le poème "L'Azur" de Stéphane Mallarmé, qui se termine par ce vers :
"Je suis hanté. L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur!"

[contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
 
21Qu'on me comprenne bien, j'ai l'âme du satyre
22Et son comportement, mais ça ne veut point dire
23Que j'en aie le talent, le génie, loin s'en faut !
24Pas une seule encor' ne m'a crié : "Bravo !"
 
25Entre autres fines fleurs, je compte, sur ma liste
26Rose, un bon nombre de femmes de journalistes
27Qui, me pensant fichu, mettent toute leur foi
28À m'donner du bonheur une dernière fois.
 
29C'est beau, c'est généreux, c'est grand, c'est magnifique !
30Et, dans les positions les plus pornographiques,
31Je leur rends les honneurs à fesses rabattues
Euphémisme
Sauf erreur, GB transpose ici une expression triviale, "à couilles rabattues", y substituant l'euphémisme "fesses". Sauf erreur encore, GB qui a parlé "comme un turlupin" n'a jamais utilisé le mot "couilles" dans ses chansons.
[contact auteur : Gérard Lenne] - [compléter cette analyse]
Fesses rabattues
Terme d'équitation détourné : "à bride abattue".
[contact auteur : Gregory Stahl] - [compléter cette analyse]
32Sur des tas de bouillons, des paquets d'invendus.
Bouillons
Terme d'imprimerie désignant les journaux invendus
[contact auteur : Gérard Lenne] - [compléter cette analyse]
Complément
Je ne pense pas que GB soit allé jusqu'à penser au bouillon d'onze heures. Mais pourquoi pas ?
[contact auteur : Claude Polez]
 
33Et voilà ce qui fait que, quand vos légitimes
Légitimes
épouses, femmes devant la loi
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
34Montrent leurs fesse' au peuple ainsi qu'à vos intimes,
35On peut souvent y lire, imprimés à l'envers,
à l'envers
Les "bouillons" étant stockés près des machines, avec leur encre encore fraîche, le postérieur des épouses culbutées se comporte comme un tampon-buvard : l'image est d'un cocasse inégalable.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
36Les échos, les petits potins, les faits divers.
 
37Et si vous entendez sourdre à travers les plinthes
38Du boudoir de ces dames, des râles et des plaintes,
39Ne dites pas : "C'est Tonton Georges qui expire",
40Ce sont tout simplement les anges qui soupirent.
Les anges qui soupirent
Allusion à l'amour achevé.
On peut aussi imaginer que les anges, las d'observer du haut de leurs cieux une longue étreinte, soupirent de voir que ce n'est pas encore terminé.

[contact auteur : Samuel S.] - [compléter cette analyse]
 
41Et si vous entendez crier comme en quatorze :
42"Debout ! Debout les morts !" ne bombez pas le torse,
43C'est l'épouse exaltée d'un rédacteur en chef
44Qui m'incite à monter à l'assaut derechef.
Derechef
à nouveau
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
45Certes, il m'arrive bien, revers de la médaille,
46De laisser quelquefois des plum's à la bataille...
47Hippocrate dit : "Oui, c'est des crêtes de coq",
Crêtes de coq
Lésions, boursouflures causées sur la verge par la syphilis, et ressemblant à ...des crêtes de gallinacé.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
48Et Gallien répond : "Non, c'est des gonocoques..."
Hippocrate, Gallien
Célèbres médecins de l'Antiquité, celui-ci s'employant à réfuter celui-là.
[contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
Gonocoque
Microbe de la blennoragie, ou chaude-pisse, maladie vénérienne qui, comme la syphilis, se traite aujourd'hui aux antibiotiques. On faisait autrefois des injections de mercure dans l'urètre.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
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49Tous les deux ont raison. Vénus parfois vous donne
Tous les deux ont raison
On trouve exactement la même expression en début d'alexandrin dans la fable de La Fontaine 7,XVIII: Un animal dans la lune ; mais c'est peut-être un hasard car l'expression est quand même très familière.
[contact auteur : Martineau Roger] - [compléter cette analyse]
50De méchants coups de pied qu'un bon chrétien pardonne,
Coup de pied de Vénus
Expression désignant une maladie vénérienne
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
51Car, s'ils causent du tort aux attributs virils,
52Ils mettent rarement l'existence en péril.
 
53Eh bien, oui, j'ai tout ça, rançon de mes fredaines.
54La barque pour Cythère est mise en quarantaine.
Cythère
Île de Vénus. Watteau la rendit célèbre en peignant "L'embarquement pour Cythère", allégorie du voyage amoureux.
[contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
55Mais je n'ai pas encore, non, non, non, trois fois non,
56Ce mal mystérieux dont on cache le nom.
Ce mal mystérieux
C'est le cancer, dont Brassens finira par mourir, après avoir souffert toute sa vie de coliques néphrétiques, extrêmement douloureuses (gravelle, ou maladie de la pierre).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Le mal est-il ailleurs ?
On peut aussi penser, vu la thématique filée en filigrane dans tout le texte, que le mal mystérieux peut être l'impuissance, symboliquement dans le sens commun symptôme de fragilité, vieillesse toute masculine, voire mort.
[contact auteur : Jérémie J.] - [compléter cette analyse]
Complément
Cette hypothèse est d'autant plus plausible que le thème de l'impuissance a été repris par Brassens dans la chanson L'andropause. Toutefois, l'impuissance n'est pas à proprement parler un "mal". Je pencherais donc malgré tout pour le cancer.
[contact auteur : Fabien G.]
 
57Si j'ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
58C'est que je baise, que je baise, que je baise
59Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute,
60Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !
Le rut
Dans ce vers, Brassens, grand admirateur du poète Stéphane Mallarmé, paraphrase le dernier vers de son poème intitulé "L'azur" qui se termine par :
"Je suis hanté, l'azur, l'azur, l'azur, l'azur !".
Révérence déguisée à son maître.

[contact auteur : J-claude Germain] - [compléter cette analyse]

Georges Brassens