ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, La religieuse
Misogynie à part
01Misogynie à part, le sage avait raison :
02Il y a les emmerdantes, on en trouve à foison,
03En foule elles se pressent,
04Il y a les emmerdeuses, un peu plus raffinées,
05Et puis, très nettement au-dessus du panier,
06Y a les emmerderesses.
Emmerdants, emmerdeuses, emmerderesses
Il y a trois sortes de femmes: les emmerdeuses, les emmerdantes... et les emmerderesses (Paul Valéry)
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07La mienne, à elle seule, sur tout's surenchérit,
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08Ell' relève à la fois des trois catégories,
09Véritable prodige,
10Emmerdante, emmerdeuse, emmerderesse itou,
11Elle passe, ell' dépasse, elle surpasse tout,
12Ell' m'emmerde, vous dis-je.
 
13Mon dieu, pardonnez-moi ces propos bien amers,
14Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, ell' m'emmer-
15De, elle abuse, elle attige.
Attiger
Argot, un peu vieilli = exagérer
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16Ell' m'emmerde et j' regrett' mes bell's amours avec
17La p'tite Enfant d' Marie que m'a soufflée l'évêque,
Enfants de Marie
Mouvement de jeunesse catholique de l'entre-deux guerre réservé aux filles (il y a eu aussi les Croisés, pour les garçons) surtout consacré à la prière pour le salut du monde, face à la menace athée en général et communiste en particulier. Par extension, une Enfant de Marie signifiait une Sainte Nitouche. Des spécialistes ont remarqué que le culte de la Vierge Marie est relancé par Rome chaque fois que l'Église se sent en danger.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
18Ell' m'emmerde, vous dis-je.
 
19Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, et m'oblige à me cu-
20Rer les ongles avant de confirmer son cul,
21Or, c'est pas Callipyge.
Callipyge
(du grec 'kallos' = beauté, et 'pugê' = fesse) Qui a de belles fesses
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22Et la charité seul' pouss' ma main résignée
23Vers ce cul rabat-joie, conique, renfrogné,
Conique
Un cul conique, c'est carrément surréaliste! Il s'agit sans doute d'opposer la pointe peu avenante du cône à la rondeur sphérique qui fait le cul de bon aloi.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
24Ell' m'emmerde, vous dis-je.
 
25Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, je le répète et quand
26Ell' me tape sur le ventre, elle garde ses gants,
Métaphores
Taper sur le ventre de quelqu'un, c'est se comporter de façon plus que familière avec lui.
Garder ses gants (le contraire de "ne pas y aller avec des gants") c'est donc garder une certaine distance. On a compris: même dans la familiarité érotique, la dame reste un rien distante. Bon, mais deux vers plus loin, GB prend sa métaphore au pied de la lettre: c'est vrai que garder ses gants ne favorise pas le contact des épidermes. Encore une fois, il joue sur deux plans: la métaphore et la réalité à laquelle celle-ci correspond. C'est ça la poésie, travailler à plusieurs niveaux à la fois. Travailler sur les lignes et entre les lignes.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
27Et ça me désoblige.
28Outre que ça dénote un grand manque de tact,
29Ça n' favorise pas tellement le contact,
30Ell' m'emmerde, vous dis-je.
 
31Ell' m'emmerde, ell' m'emmerd' , quand je tombe à genoux
32Pour certain's dévotions qui sont bien de chez nous
Certaines dévotions qui donnent le vertige
Petit clin d'oeil à l'amour bien connu des français pour le bon vin.
[contact auteur : Xavier B.] - [compléter cette analyse]
Dévotion
Une dévotion est entre autres un "culte particulier rendu à un saint" Larousse. Le contexte de la chanson laisse envisager que le culte est ici rendu à un sein, voire deux, et plus encore, du fait que le narrateur est à genoux... le vertige en question est alors orgasmique.
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
Dévotions
Brassens évoque plutôt ici une caresse bucco-génitale bien connue, le cunnilingus (ou "gamahuche" chez Verlaine, Apollinaire, etc.), longtemps considérée, notamment par les Anglais, comme une pratique plutôt dégoûtante et donc forcément française...
Comme dans Le blason, Brassens se met à genoux pour adorer le sexe féminin, en lui prodiguant des caresses dont il maîtrise la technique...
« En attendant, madame, il semblerait dommage,
Et vos adorateurs en seraient tous peinés,
D'aller perdre de vue que pour lui rendre hommage
Il est d'autres moyens et que je les connais
Et que je les connais ».

[contact auteur : Michel M.] - [compléter cette analyse]
33Et qui donn'nt le vertige,
34Croyant l'heure venue de chanter le Credo,
35Elle m'ouvre tout grand son missel sur le dos,
Missel
Petite Bible.
[contact auteur : Xavier B.] - [compléter cette analyse]
Missel
Ouvrage liturgique permettant au prêtre de dire la messe (missa en latin) ou aux fidèles d'y participer.
Le missel dominical inclut par exemple les évangiles et épitres lus à chaque office des dimanches de l'année.

[contact auteur : Jacques G.] - [compléter cette analyse]
36Ell' m'emmerde, vous dis-je.
 
37Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, à la fornication
38Ell' s'emmerde, ell' s'emmerde avec ostentation,
39Ell' s'emmerde, vous dis-je.
40Au lieu de s'écrier : "Encore ! hardi ! hardi !"
41Ell' déclam' du Claudel ! du Claudel, j'ai bien dit,
Pauvre Claudel
Il existe une nouvelle de Boris Vian, dans le receuil "le Raton-Laveur", où un jeune homme utilise justement Claudel (et Gide) comme "désexcitant". GB l'avait-il lue ?
[contact auteur : Matthias L.] - [compléter cette analyse]
42Alors ça, ça me fige.
 
43Ell' m'emmerde, ell' m'emmerd', j'admets que ce Claudel
44Soit un homm' de génie, un poète immortel,
45J' reconnais son prestige,
46Mais qu'on aille chercher dedans son oeuvre pie,
47Un aphrodisiaque, non, ça, c'est d' l'utopie !
48Ell' m'emmerde, vous dis-je.

Georges Brassens