Troisième musique Un documentaire sur Georges Brassens l'a montré travaillant sur trois musiques très différentes possibles pour "Les copains d'abord" et s'arrêtant en fin de compte sur la troisième (dans l'ordre où elles étaient présentées). [contact auteur : François-Dominique A.] - [compléter cette analyse]
Complément Il est à noter le jeu de mots : "d'abord" qui sigifie "en premier", et "abord" terme marin qui signifie la tête du bateau.
Le titre annonce le contenu de la chanson : l'amitié à bord d'un bateau. [contact auteur : PATRICK B.]
Le Radeau de la Méduse Immortalisé par Géricault, ce radeau surchargé de naufragés a bien existé. La Méduse a fait naufrage au large de l'Afrique le 2 juillet 1816. Les survivants, entre autres joyeusetés, s'entredévorèrent. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Répétition En contraste avec beaucoup d'autres chansons d'octosyllabes (Comme une soeur, Les 4 bacheliers...), Brassens réalise ici une répétition "asymétrique" : 5 syllabes au lieu de 4, ce qui soutient le "drive" de la mélodie et pousse la chanson en avant. [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Père Peinard L'allusion est peut-être inexistante, mais il est amusant de savoir que Le Père Peinard est le nom d'un journal anarchiste créé par Emile Pouget en février 1889. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Peinard Le Petit Robert dit de ce mot qu'il date de 1881 dans le sens actuel. Le premier sens donné est assez drôle (on y retrouve la racine de peine = douleur) : VIEUX PENARD = vieillard cassé par la débauche, sens attesté en 1578. Or, si on est infirme, on se tient forcément tranquille! En 1907, un "père peinard" c'est un homme tranquille, paisible, tout simplement. On dit d'ailleurs aussi, couramment, "un père tranquille", par opposition à un excité, un qui flirte avec l'illégalité ou qui a des opinions politiques marquées.
Le Père Peinard était évidemment un nom assez drôle pour un journal anarchiste, dont l'idéologie n'était pas particulièrement pacifique et qui prônait sans doute que "la propriété, c'est le vol" (Proudhon, je crois) ! [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
La grand-mare des canards Dans la marine marchande, la "mare aux harengs" est l'Océan Atlantique (référence : Le parler des métiers de Pierre Perret). [contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
La mare aux canards J'ai vécu à la campagne étant gosse, et j'ai toujours entendu dans cette image de "mare aux canards" le vacarme que faisaient les canards de la ferme lorsqu'ils étaient tous à prendre leur bain. De plus, la mare était un endroit particulièrement boueux et puant. Je pense que Brassens y a peut-être pensé aussi : lui et sa bande de copains naviguent paisiblement, sans y prêter attention, sur un océan de bruits, bobards, mensonges, rumeurs dont l'odeur n'est pas très agréable = ils se tiennent à distance ("peinards") du raffut parisien de la mode et des médias (et peut-être que là, on revient au sens de canards = journaux). [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément L'ambiguïté est peut-être volontairement entretenue par Georges: la mare des canards comme plan d'eau pour faire des ronds dans l'eau contraste avec ce qu'on sent d'immense dans les évocations de l'Amitié au fur et à mesure des couplets.
De même dans ses loisirs, Georges a surtout pratiqué des petites navigations côtières. C'était certainement le fait de les partager dans l'amitié qui donnait toute la dimension à ses sorties. "C'est un modeste"! [contact auteur : Michel Lavergne]
Canard Désigne également une fausse nouvelle dans la presse, ce qui fait que l'allusion au journal anarchiste Père Peinard semble être là et renforcée par la rime (même si ce n'était peut-être pas l'intention explicite de Brassens) [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
La grande mare Cette mare aux canards c'est l'étang de Thau où Brassens et ses amis faisaient trempette les jours d'été ; ils naviguaient à bord du bateau de Brassens qui s'appelait : " les copains d'abord". [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Fluctuat nec mergitur D'après mes anciens cours de Latin, il semblerait bien que "Fluctuat" ne vienne pas du verbe "Fluctuo" mais plutôt du nom "Fluctuatio" qui désigne une agitation importante, voire une tempête dans le cas qui nous intéresse.
La devise signifierait donc "Il est agité, ébranlé, par les flots, mais il ne coule pas". [contact auteur : Jean-Marc M.] - [compléter cette analyse]
Complément Fluctuat nec mergitur : Il est battu par les flots mais ne sombre pas.
Devise de la ville de Paris qui a pour emblème un vaisseau. Source dictionnaire Larousse [contact auteur : Pv Robin]
Complément L'amitié qui unit l'équipage du navire est donc mouvementée, à cause des disputes par exemple, mais celle-ci n'en est jamais totalement anéantie pour autant. [contact auteur : Laurent L.]
Complément Il est intéressant de noter que GB ne dit pas mergitur en latin, i.e [merguitour], mais prononce en le francisant.Si ce n'est pas inintentionnel, ce peut être pour faire doublement échos à "c'était pas de la littérarture" en faisant rimer mergitur et littérature d'une part, mais surtout en affirmant que le latin est le fondement de la littérature. Pour être précis, on ne peut pas faire de littérature sans "parler" latin. [contact auteur : Sebastien P.]
Complément En ce qui concerne la prononciation, GB utilise tout simplement la prononciation "scolaire" (e.g. "si vis passem, para bellom" ), courante en France jusqu'au milieu du XXe siècle, époque où on a introduit la prononciation dite "restituée" ("si ouisse pakem para belloum"). Ces deux prononciations s'opposent par ailleurs à la prononciation ecclésiastique traditionnelle, plus proche de l'italien ("si vis patchem, para belloum"). La prononciation à la française est la plus usitée dans les mots et locutions passés dans l'usage courant (après tout, on dit un omnibus, pas un omnibousse.) [contact auteur : Didier Bergeret]
Complément Désolé, mais "fluctuat" ne peut venir que de "fluctuare"; fluctuatio" existe bien, mais "fluctuat" ne peut en aucun cas (c'est le cas de le dire) en être une forme. [contact auteur : Jacques Faulx]
C'était pas d'la littérature Par opposition à la locution latine qui précède, et qui peut être vue justement comme un symbole de la "grande littérature" inaccessible au profane. [contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
Littérature C'était pas intellectuel, fin ou précieux (repris plus tard, avec Montaigne et La Boétie), mais une amitié simple et instinctive. [contact auteur : J R.] - [compléter cette analyse]
Complément payer franco veut dire payer le prix de l'objet sans les frais de port. (poste) amis franco: des amis sans obligations, sans attaches (supposition) [contact auteur]
Complément La métaphore n'est pas marine, mais postale! Il ne s'agit pas d'un port de mer, mais des frais qu'on paye pour s'être fait "porter" (c'est à dire envoyer) une lettre ou un paquet. [contact auteur : Henri T.]
Complément On frise la construction à tiroir. Franco évoque l'aspect franc du collier, qualité requise aux amis. Franco de port au sens postal symboliserait les amis qui se déplacent sans hésiter. Enfin, port est évidemment un jeu de mots de plus dans cette ambiance maritime. [contact auteur : Michel E.]
Castor & Pollux Jumeaux mythologiques, fils de Zeus (c'est pourquoi on les appelle aussi les Dioscures) et de Léda, ce n'étaient pas n'importe qui en effet. Ils ont donné leur nom à la constellation des Gémeaux.
Selon une autre légende, qui colle mieux avec le thème de la chanson, ils n'étaient pas jumeaux (Si Pollux était bien fils de Zeus, Castor n'était que le fils du roi de Sparte), mais amis inséparables. Le Petit Robert 2 [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Allusion à la fois biblique et nautique Il peut être utile de rappeler ici qu'au chapitre 28 du livre des Actes de Apôtres, Saint Paul sort de l'île de Malte où il avait fait naufrage, embarqué sur un navire qui portait pour enseigne les Dioscures.
Le contexte de ce couplet et du suivant, pleins de références bibliques, justifie à mon avis, cette note. Surtout parce qu'il s'agit bien d'un bateau. [contact auteur : Alvaro Britto] - [compléter cette analyse]
Des petits Castor et Pollux Brassens exprime sa modestie et celle de ses amis, qui ne se prenaient pas pour ce qu'ils n'étaient pas, c'est-à-dire des gens importants. Toute référence à la mythologie serait malvenue, de même qu'à des auteurs célèbres (Montaigne et La Boëtie). [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Sodome & Gomorrhe Villes bibliques que, dans la Genèse, Dieu détruit par le souffre et le feu pour leur dépravation. La sodomie, aujourd'hui encore, désigne l'homosexualité (et plus particulièrement le coït anal).
Intéressant, que ce vieux macho (macho soft il est vrai) de Brassens se défende de toute homosexualité. C'était bien longtemps avant la Gay Pride. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Les rapports de GB à l'homosexualité sont étranges mais néanmoins de son époque. On retrouve une once d'homophobie dans Le gorille (l'animal qui ne brille ni par le goût ni par l'esprit opte pour le juge), dans Les trompettes de la renommée (v. 73 à 80), et Le mécréant (v. 31 à 34). [contact auteur : Sylvain B.]
Complément Dans les chansons posthumes de Brassens, il y en a quand même une, S' faire enculer, qui fait un peu l'apologie de la sodomie....par mysoginie : L'éternel féminin nous emmerde et je rêve Parfois d'aller m' faire enculer. [contact auteur : Olivier D]
Pas des tapettes "Des gens de sodome et gomorrhe" sous-entend bien évidemment que ces amis n'étaient pas des "pédérastes". Nous dirions aujourd'hui en langage familier que "c'était pas des tapettes".
J'utilise le terme "pédéraste" en référence à une autre chanson de Georges, citée précédemment, qui éclaire également sur l'ambiguïté de son rapport à l'homosexualité, Les trompettes de la renommée qui dit que le crime pédérastique, aujourd'hui ne paie plus (être homo n'apporte pas la célébrité...) [contact auteur : John Botello] - [compléter cette analyse]
Montaigne & La Boëtie L'amitié profonde qui unissait Montaigne et La Boëtie ("véritable mariage des âmes") a été immortalisée par Montaigne, dont la formule célèbre "parce que c'était lui, parce que c'était moi" indique bien qu'il s'était agi d'une sorte de coup de foudre. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Se taper sur le ventre être avec quelqu'un en termes de familiarité presque excessive. C'est vrai qu'on imagine mal Montaigne tapant sur le ventre de La Boëtie, encore que, le bordeaux aidant... [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Contrairement aux références sérieuses de l'Evangile, l'ambiance à bord était plutôt à la rigolade, ils semblaient être "pliés de rire"... [contact auteur : Michel Lavergne]
L'Evangile ils l'avaient pas lu L'Evangile prêchant l'amour véritable, n'a pu influencer l'amitié des compagnons. Leur amitié n'est le fruit d'aucune influence, elle est