Complément Reste à dresser le profil de l'oncle Archibald : un brave type, bon vivant et généreux, qui payait les pots cassés, sachant mal se défendre contre les faux-culs en tous genres qui profitaient sans vergogne de ce qu'ils croyaient être sa naïveté. Il se pourrait que GB se dépeigne lui-même...
Chiper l'heure Deux interprétations :
1 - du fait qu'il n'a plus l'heure, Oncle Archibald semble fort avoir vécu sa dernière heure
2 - jeu de mots sur l'expression courante 'donner l'heure', qui rend la situation absurde (mais il n'y a pas d'heure pour mourir - et là, il n'y en a plus)
Putain de mort L'image de la mort en tant que prostituée qui couche avec tout le monde est une image assez traditionnelle. Il est donc intéressant de voir que la putain sera devenue la "compagne" à la fin de la chanson.
Pendre ton squelette On a l'impression que l'oncle demande à la Camarde d'aller faire pendre son squelette dans une salle de cours : il n'y a bien que là qu'on voit pendre des os.
Montant sur ses grand chevaux La mort est souvent représentée comme un squelette à cheval. Mais, comme souvent, GB joue sur le double-sens : "monter sur ses grands chevaux" est une expression signifiant "se mettre dans une violente colère".
Faux d'agronome Passons rapidement sur le fait que la faux est plutôt l'instrument de l'agriculteur (l'agronome étant celui qui étudie les relations entre les plantes, le milieu, les techniques agricoles...).
Complément A part le contenu concret et la forme concrète (rime avec "bonhomme"), "agronome" semble s'inscrire dans la ligne notionnelle "grands chevaux -- longue faux", l'image de la Mort en cheval étant celle de la mort collective et terrifiante (apocalyptique) et "agronome" étant un "grand" nom. La première partie de la strophe évoque la mort collective (planant sur tout le monde) qui finit par s'abattre sur l'individu.
Mourir de sa belle mort Toute la chanson joue sur la notion de "belle mort" (cf. vers 56) : Loc. Mourir de sa belle mort, de vieillesse et sans souffrance" (GRAND ROBERT).
Ici, "d'un seul coup d'un seul" (registre familier) souligne l'absence de souffrance et s'oppose aux trois premiers vers qui dessinent la mort brutale et violente (grands chevaux -- longue faux).
Hymen Selon le Grand Robert : Dans la poésie classique; littér. Mariage, union conjugale.
Fig., littér. Alliance, association, union.
Le terme anatomique, la virginité intacte (autrefois une condition rigoureuse pour un mariage), semble également s'emmêler un tout petit peu. Le dernier vers ajoute le baptême comme troisième élément symbolisant l'initiation. La Mort (d'abord Majesté, puis femme de petite vertu commence à redevenir vierge en quelque sorte.
Depuis ton baptême A moins d'inventer ici une connotation religieuse qui ne serait nulle part ailleurs attestée, il faut comprendre "baptême" dans le sens de "naissance". On baptisait d'ailleurs souvent les enfants le jour même de leur naissance.
Optimiste C'est pour moi une touche très optimiste de Brassens. Il distingue ici l'Homme non seulement de l'animal, mais également des imbéciles. Pour lui, l'humanité n'est donc pas intrinsèquement imbécile...
Chien et loup GRAND ROBERT: "Entre chien et loup : au crépuscule, quand la nuit commence à tomber et que l'on ne saurait distinguer un chien d'un loup. " LE LITTRÉ : "On ne lui demande pas es-tu chien ? es-tu loup ? se dit d'un misérable qu'on abandonne."
Roi et Ligue Le roi est Henri III, et la Ligue est l'association de catholiques zélés dirigée par le duc de Guise vers 1580, qui voulait mettre sur le trône le cardinal de Bourbon (oncle du futur Henri IV).
Complément Il y a maldonne quant à l'auteur de cette note, très intéressante. Par ailleurs, il faudrait noter le rapprochement avec "Mourir pour des idées" : coucher avec la mort rend la vie plus facile, et c'est le seul moyen de pouvoir "sans danger" changer d'opinion! Sauf à être de ces révolutionnaires, évêques ou ayatollahs cacochymes dont il dit que "mourir pour des idées, c'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas". GB a rarement atteint cette virtuosité dans le paradoxe.
Payer sur sa bête L'expression semble venir de ce que, aux gens fauchés qui ne pouvaient payer l'aubergiste, celui-ci disait: "Laissez-moi votre cheval, je me paierai sur votre bête."
Plaît-il, maître ? Expression tirée du langage des serviteurs au XVIIIe s. = marque de soumission contrainte envers un plus puissant ou plus fortuné.
A noter qu'il manque la négation "n'", pourtant présente supra et infra.
Complément J'ai connu dans les années 1950 une vieille demoiselle, originaire du Midi, qui disait encore "Plaît-il?" là où nous disons "Pardon?" pour demander à l'interlocuteur de répéter ce qu'il vient de dire.
La belle La Mort sous forme de "belle mort" (cf. vers 29) est rapprochée à la belle des contes de fées (p. ex. par opposition à bête en vers 51) et des chansons. Comme souvent, les rimes de Brassens tissent des liens "cachés" dans une trame intérieure...
Revirement féminin Comme souvent dans les scènes de ménage, après être "montée sur ses grands chevaux", "la belle" se fait moins féroce et passe au registre sentimental : il s'agit bien, entre l'homme et la mort, d'un rapport haine-séduction.
Faire leurs noces L'idée est la même que dans Le fantôme (Ces belles dames de jadis - Sont de satanées polissonnes) mais le ton est ici un peu plus grave, car ce n'est pas un rêve.