Pourquoi avoir écrit cette chanson Brassens a écrit le bulletin de santé, parce-que se faisant très rare, le bruit courut qu'il était très malade, et il a souhaité donner la réplique à la rumeur... (l premier couplet laisse entendre que ce bruit qui court se fonde sur un subit amaigrissement).
J' Cas intéressant, relativement rare dans l'oeuvre de Brassens, où le "je" semble indiscutablement se référer au chanteur en train de chanter. Les spectateurs peuvent même vérifier de visu la transformation physique
L'équivalent grec est Asklépios. Fils d'Apollon, il est, selon la légende, confié au centaure Chiron qui lui enseigne la médecine. Asclépios ne se contente pas de guérir les malades, il ressuscite aussi les morts. Inquiet de ce renversement de l'ordre de la nature, Zeus (Jupiter) le foudroie. Sa fille Hygie était la déesse de la santé (ce qui a donné notre "hygiène"). Le Petit Robert 2
Thématique tout brassenienne Thématique filée dans l'oeuvre de Georges, il parle souvent de gazettes ou du journalisme, qui n'ayant rien à se mettre sous la main (ou la dent) s'en prend à sa propre personne : santé, etc. (voir Les trompettes de la renommée par ex.)
Nécrologue NÉCROLOGUE s. m. (né-kro-lp-ghe ; rad. nécrologie). Auteur de nécrologies.
NÉCROLOGIE s. f. (né-kro-lo-jî ; rad. nécrologie). Ecrit consacré à la mémoire d'une ou plusieurs personnes mortes depuis peu de temps. GDU [Larousse, 1876]
Mourir debout Ici brassens, par un jeu de consonance, mélange l'expression 'mourir de rire' qui se rapporte aux potins des journalistes sur sa mort, et 'debout' qui signifie que ceux-ci l'enterrent vivant.
Complément Il joue bien sûr avec l'expression "les contes (ou histoires) à dormir debout" qu'il transforme comme à son habitude avec l'expression "mourir de rire", pour donner une force incroyable au fruit de cette union.
Toute la vérité Reprise littérale du syntagme à la rime du vers précédent (procédé qu'on nomme rime enchaînée). L'effet de suspense ainsi créé fait de ce couplet la charnière de la chanson.
Une livre Ancienne unité de poids de valeur variable, dont le nom est encore donné, dans la pratique non officielle, au demi-kilogramme. En France, la livre représentait 489,5 g[Larousse]
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut ! D'après le poème "L'Azur" de Stéphane Mallarmé, qui se termine par ce vers : "Je suis hanté. L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur!"
Euphémisme Sauf erreur, GB transpose ici une expression triviale, "à couilles rabattues", y substituant l'euphémisme "fesses". Sauf erreur encore, GB qui a parlé "comme un turlupin" n'a jamais utilisé le mot "couilles" dans ses chansons.
à l'envers Les "bouillons" étant stockés près des machines, avec leur encre encore fraîche, le postérieur des épouses culbutées se comporte comme un tampon-buvard : l'image est d'un cocasse inégalable.
Les anges qui soupirent Allusion à l'amour achevé.
On peut aussi imaginer que les anges, las d'observer du haut de leurs cieux une longue étreinte, soupirent de voir que ce n'est pas encore terminé.
Gonocoque Microbe de la blennoragie, ou chaude-pisse, maladie vénérienne qui, comme la syphilis, se traite aujourd'hui aux antibiotiques. On faisait autrefois des injections de mercure dans l'urètre.
Tous les deux ont raison On trouve exactement la même expression en début d'alexandrin dans la fable de La Fontaine 7,XVIII: Un animal dans la lune ; mais c'est peut-être un hasard car l'expression est quand même très familière.
Ce mal mystérieux C'est le cancer, dont Brassens finira par mourir, après avoir souffert toute sa vie de coliques néphrétiques, extrêmement douloureuses (gravelle, ou maladie de la pierre).
Le mal est-il ailleurs ? On peut aussi penser, vu la thématique filée en filigrane dans tout le texte, que le mal mystérieux peut être l'impuissance, symboliquement dans le sens commun symptôme de fragilité, vieillesse toute masculine, voire mort.
Complément Cette hypothèse est d'autant plus plausible que le thème de l'impuissance a été repris par Brassens dans la chanson L'andropause. Toutefois, l'impuissance n'est pas à proprement parler un "mal". Je pencherais donc malgré tout pour le cancer.
Le rut Dans ce vers, Brassens, grand admirateur du poète Stéphane Mallarmé, paraphrase le dernier vers de son poème intitulé "L'azur" qui se termine par :
"Je suis hanté, l'azur, l'azur, l'azur, l'azur !".
Révérence déguisée à son maître.