Consonne d'appui Comme dans beaucoup de ses textes, Brassens utilise la consonne d'appui pour faire ses rimes. Il ne se base pas uniquement sur la dernière intonation pour rimer mais aussi sur la dernière syllabe. [contact auteur : Richard T.] - [compléter cette analyse]
Complément Un point principal chez Brassens c'est la connaissance et la mise en oeuvre des principes poétologiques : rimes riches (avec consonnes d'appui), alternance masculine-féminine etc. Parmi les chanteurs-poètes, il est le seul à l'avoir fait avec cette conscience poétologique. Ce n'est pas la rime riche en soi qui est étonnante (elle est normale pour la poésie de plusieurs siècles de poésie française), mais le fait de la retrouver dans la chanson.
C'est là le grand mérite de Brassens : faire aimer la poésie aux adeptes de la chanson et faire aimer la chanson aux adeptes de la poésie. Cette poésie (au niveau strict des formes poétiques) ne se retrouve pas dans le monde de la chanson, ni chez Brel, ni chez Ferré, ni chez quiconque. [contact auteur : Ralf Tauchmann]
Complément Il y a au moins un autre chanteur qui, au XXme siècle, et avant lui, s'est astreint (et avec une étonnante légèreté) à l'exigence prosodique du vers classique (rimes riches masculines/féminines alternées). C'est Théodore Botrel, auteur de "la Paimpolaise", "Kénavo", "le Petit Grégoire", etc., toutes chansons très connues. Même chez Charles Trenet, mais de façon moins assidue, on sent cette exigence. Par contre, je crois que Brassens, contrairement à eux, n'a pas craint de livrer la chanson à cette institution poétique qu'est l'alexandrin. [contact auteur : Martineau Roger]
Pourquoi Sète "Je te signale que je m'en fous d'être enterré à la plage de Sète, ça m'est complètement égal. J'ai fait ça pour m'amuser, pour aller aux bains de mer..." Brel-Ferré-Brassens, 1969 [contact auteur : Dominique C] - [compléter cette analyse]
Semer des fleurs Jeu sur l'expression "semer des fleurs sur la tombe de qqn", selon le Littré (1872): Fig. Semer, jeter, répandre des fleurs sur la tombe de quelqu'un, lui donner des louanges, rendre un culte à sa mémoire. [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Semer des fleurs Sans doute une allusion à la propension de GB à s'amuser des sujets morbides (Le fossoyeur, Le testament, etc.) pour en faire des éléments poétiques... en quelque sorte. Cette prouesse couvre de ridicule la fameuse Camarde qui poursuit ainsi l'auteur d'un zèle qui s'avéra payant (cependant ni plus ni moins que pour les autres croquants). [contact auteur : Raphael W.] - [compléter cette analyse]
Cerné de près par les enterrements, Peut-être peut-on rapprocher cette chanson de Les Quat'z'arts, où Brassens constate avec amertume que "Les vrais enterrements viennent de commencer" [contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
Complément Georges Brassens évoque plus particulièrement le décès de son propre père le 28 mars 65 et celui de Marcel Planche, "l'Auvergnat" le 7 mai 65. [contact auteur : Jean-yves P.]
Un codicille Brassens avait déjà écrit une chanson intitulée Le testament. Il était donc logique qu'il annonce qu'il voulait "[s]e payer un codicille".
D'ailleurs, il me semble qu'il avait prévu au départ que la Supplique pour être enterré sur la plage de Sète devait s'appeler "Le codicille". [contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
Les surprenantes rimes Une qualité, et non des moindres, de la poésie de Brassens est de réunir dans la rime des mots que l'on ne s'attend pas à voir associés (imbécile / codicille, pardonné / trous de nez, etc.). Cela ajoute à la force du poème que d'être étonnant par la rime qui surgit comme une surprise. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Le golfe du Lion C'est au bord de la Méditerrannée, est plus exactement sur le Golfe du Lion que Sète s'étend. L'encre bleue, c'est la mer bleu marine si chère à Brassens, et au bord de laquelle il veut reposer. [contact auteur : Lionel G.] - [compléter cette analyse]
Tabellion Deux sens selon Larousse :
1. Fonctionnaire chargé de mettre en grosse les actes dont les minutes étaient dressées par les notaires.
2. Officier public jouant le rôle de notaire dans les juridictions subalternes [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Tabellion Dans l'Empire romain, ainsi qu'en France sous l'Ancien Régime, le tabellion est un notaire. Vu le contexte, c'est dans ce sens qu'il faut prendre le mot ici, mais avec l'idée de l'archaïsme, d'une certaine préciosité. Brassens le choisit aussi pour ses sonorités. [contact auteur : Alexandre P.] - [compléter cette analyse]
Complément Il faut noter par ailleurs que les gens du Midi de la France ont gardé plus longtemps qu'ailleurs l'usage quotidien du passé simple et de l'imparfait du subjonctif. J'ai personnellement entendu dans les années 60 un Camarguais de souche employer ces deux temps couramment dans la conversation, sans affectation aucune, et j'ai deux amis toulousains qui les manient de même, avec simplicité. Je me demande si les gens de langue d'oc ne mettaient pas un point d'honneur à manier parfaitement le français, cette langue qu'on leur a imposée au 19ème siècle, pour tenir la dragée haute aux fonctionnaires qu'on leur envoyait de Paris. Un peu comme le font, aujourd'hui encore, certains Antillais et certaines élites de nos ex-colonies. [contact auteur : Henri T.]
Complément En langue d'Oc, comme en espanol, les temps du subjonctif sont tous usités, même si la langue d'Oc est assez peu parlée. [contact auteur : Jean-pierre Delhon]
Corps et âme Cette strophe réalise la rupture annoncée dans la strophe précédée. L'âme s'envole "à l'horizon" en "s'ennoblissant" en toute modestie (à la Gavroche: l'éternel gamin chantant au moment de la mort) et tout le reste de la chanson ne concernera que le corps (les restes mortels) et l' écho des bons moments de la vie physique et des joies terre-à-terre. [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Gavroche Personnage des Misérables de Victor Hugo : gamin de Paris railleur, à la chanson facile, il meurt sur les barricades de l'insurrection de 1832.
Aujourd'hui : gamin de Paris, malicieux et effronté (Larousse) [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Mimi pinson Titre d'une chanson tirée du recueil "Poésies nouvelles" d'Alfred de Musset, dans laquelle Mimi Pinson est une jeune couturière républicaine qui sait entre autres faire "sortir la chanson de la bouteille"
(ce texte a été mis en musique par Frédéric Bérat en 1846) [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Mimi Pinson Chanteuse accordéoniste qui fait scandale dans "Le coeur sur la main", une comédie d'André Berthomieu réalisée en 1948 qui met en scène Bourvil [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Celle(s) Si "celles" est bien au pluriel dans les manuscrits, on ne peut passer sous silence que l'auditeur de la chanson entend le pluriel comme le singulier. C'est particulièrement intéressant que l'équivoque demeure car le singulier suppose la présence d'une seule âme globale, celle du chanteur provocateur, dans laquelle viennent se fondre Gavroche, Mimi Pinson... et Brassens lui-même.
De toute manière, si c'est un pluriel, il est possible de dire que Brassens conçoit le paradis comme un panthéon de chanteurs provocateurs, annonçant en cela une chanson comme Mon Bistrot Préféré de Renaud : www.paroles.net/chansons/25476.htm [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Grisette La grisette désignait, au siècle dernier, les "petites mains" couturières, qui valurent ce surnom aux demoiselles de Montpellier, et, plus largement, aux "ouvrières jeunes et coquettes".
La grisette est aujourd'hui une confiserie ronde comme une bille, de la taille d'un petit pois, faite à partir de deux produits emblématiques de la région : le miel (celui de Narbonne est réputé au XIIIe), et la réglisse, spécialité de Montpellier dès le XVIIIe. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément Titi et Grisette ; ne ce pourrait il pas que cela soit aussi une référence à la race féline , car en effet , titi et grisette sont des noms que nous donnons volontié à cette animal de companie qu'es le chat ... miaou ! [contact auteur : Jeankdz Marck]
Le sol natal Si l'on tient à tirer ce texte vers le manifeste régionaliste (ce qu'il n'est qu'en partie à mon avis), on pourra considérer que l'emploi de l'article "le" là où l'on attendrait plutôt le déterminant possessif "mon" relève d'un régionalisme. Les langues méridionales, de même que la plupart des langues latines et le latin lui-même, ne précisent pas le possesseur lorsque son identité est évidente. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Complément Il s'agit ici du sol natal du corps, le possessif n'est pas nécessaire, d'autant que le possessif pour désigner le sol natal devait très vraisemblablement aller à l'encontre de l'esprit de Brassens, lequel ne devait sans doute pas défendre mordicus la possession du sol, la terre appartenant à tous. [contact auteur]
Sleeping Paris-Méditerranée On peut se demander pourquoi un transfert funèbre devrait se faire par wagon "sleeping" (angl. to sleep = dormir). Allusion au "dernier sommeil"?
L'emploi de mots anglais, chez GB, est rare : il y a bien le pléonasme "une étoile une star" dans "Les trompettes de la renommée" ; mais le mot était plus couramment admis en français, en tout cas dans le monde du spectacle.
Quant au "Paris-Méditerranée", c'est une adaptation du P.L.M. d'avant-guerre (Paris-Lyon-Marseille) dont, d'ailleurs, Sète ne fut jamais un terminus. [contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Complément Sleeping : "Anglic. Vx Voiture-couchette." (Le Petit Robert)
L'image ferroviaire (sleeping -- terminus) est une "voiture directe pour Sète", voiture en queue de train qui sera décrochée (par ex. à Marseille) et rattelée à un autre train.
Un autre anglicisme se trouve dans Le fantôme : at home. [contact auteur : Ralf Tauchmann]
Complément N'oublions pas le "reconduire at home" du Fantôme. Brassens quelquefois a tout de même employé ainsi des expressions anglaises, ne manquant d'ailleurs pas de souligner leur exotisme. [contact auteur : Samuel M.]
Complément Dans Jeanne Martin, les quatre premiers couplets sont une lamentation de ce changement d'orthographe (de Cette à Sète), sa première tristesse d'Olympio. [contact auteur : Dominique Chailley]
Complément Allusion à une possible résurrection, partie intégrante du thème délicat de la religion chez Brassens. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Place aux jeunes L'amusant de l'idée est qu'il y ait des "jeunes morts" au-dessus des vieux. Quant à affirmer qu'on ne peut dire aux "vieux" de se pousser un peu pour leur faire de la place, c'est contredit par la pratique des cimetières où l'on fait couramment des "compressions". Peu importe. Peut-être aussi GB entendait-il souvent l'expression "place aux jeunes" dans la bouche d'organisateurs de spectacles qui lui préféraient les chanteurs "yé-yé" ? Ce serait alors ironie à leur endroit. [contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Mes amis d'enfance, les dauphins Enfant, et comme tout Sétois qui se respecte, Brassens (bati comme un athlète) était un bon nageur. Il a donc dû bien souvent se baigner avec ses camarades dans lé Méditerranée, où il arrive que l'on croise des dauphins ... [contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
Complément C'est le nom officiel de l'équipe de nageurs de la ville de Sète (reste à savoir si ça l'était aussi dans le jeune temps de Georges Brassens) [contact auteur : Spiral Vivi]
Complément A noter qu'un cétacé (dauphin ou baleine) en train de souffler figure sur les armoiries de la ville de Sète. [contact auteur : Jean-pierre Delhon]
Complément Licence poétique, car une grève doit être faite de graviers, comme son nom l'indique et pas de sable, a fortiori de sable fin [contact auteur : Stéphane Jourdan]
Complément La contradiction peut être voulue : le "petit trou moelleux" peut bien être inconfortable, pourvu qu'il soit à Sète.
Du reste, qui de son âme et de son corps profitera du confort lorsqu'ils ne seront plus tout à fait d'accord... [contact auteur : Raphael W.]
Corniche Terme quelque peu usurpé puisque cette plage se situe, à la différence du quartier de la Corniche, sur le cordon littoral qui sépare l'étang de Thau de la Méditerranée. Une plage et une mer avec peu de relief, donc. [contact auteur : P'tit B.] - [compléter cette analyse]
Neptune Dieu de l'Eau chez les Romains. Il devint le dieu de la Mer lorsqu'il fut assimilé au dieu grec Poséidon Larousse [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément Le parc du Château d'Eau, à deux pas de la maison de naissance de G. Brassens à Sète, possède une statue de Neptune. [contact auteur : Stéphane Ipert]
Complément La paraphrase de l'expression "les femmes et les enfants d'abord" est aussi une allusion aux "Copains d'abord", autre paraphrase. [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Prime C'est le cousin germain du "prime" anglais (Prime Minister), qui nous est revenu récemment dans l'incontournable "prime time". Noter cependant que le prime français n'est plus guère que féminin (prime jeunesse). Il y a aussi "de prime abord" et le signe mathématique A', B' = A prime, B prime... [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Double sens de 'leçon' - Conseils, règle de conduite qu'on donne à une personne.
- enseignement profitable qu'on peut tirer de qqch., et spécialement d'une erreur, d'une faute, d'une mésaventure.
(d'après le Petit Robert) [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Complément Il y a un 3e sens à "leçon" : se dit de la version donnée par un manuscrit dont on commente savamment le texte. La première, même si c'est la plus ancienne, n'est pas toujours la meilleure. Il se peut que GB y ait aussi pensé. [contact auteur : Dominique Chailley]
Avalai Brassens joue avec le sens de cette phrase. Il conserve pour ce verbe le passé simple et supprime le sujet. Ce qui nous laisse penser que "avalai la première arête" est une répétition de "recevoir de l'amour la première leçon" et non que "avaler la première arête" est la première leçon. Il laisse donc le doute sur ce qu'est la première leçon de l'amour. [contact auteur : Richard T.] - [compléter cette analyse]
Raisonnement un peu abscons Si Brassens élide le sujet "je", c'est pour renforcer la cohésion avec ce qui précède ("j'avalai la première arête" aurait donné le même nombre de pieds). De plus, l'utilisation de ces deux passés simples montre le parallèle entre "la première leçon" et "la première arête" (souligné par "première"). Enfin, "avaler", au mode infinitif, me semble grammaticalement impossible. Au pire, "avalé", participe passé, aurait-il eu sa place, après deux points, ou un point virgule. [contact auteur : Benjamin R.] - [compléter cette analyse]
Avalai la première arête Notez, en particulier, qu'il parle d'une "femme poisson" ; le jeu de mots, ici, souligne le fait qu'il s'agit d'un être moitié-femme et moitié-poisson. [contact auteur : Alessandro V.] - [compléter cette analyse]
Avalai la première arête Le sujet n'est pas supprimé, il est ce que l'on appelle "filé", c'est celui de la proposition précédente qui tient lieu de sujet. [contact auteur : François M.] - [compléter cette analyse]
Complément L'absence, ici, du sujet, crée presque phonétiquement un effet de déglutition ; s'il est voulu, il est évidemment tout-à-fait à propos. [contact auteur : Dominique Chailley]
Complément En outre, l'absence du sujet crée un effet de coïncidence des deux actions : recevoir la leçon d'amour est inséparable d'en subir les conséquences néfastes. Cette idée est un lieu commun littéraire, en particulier dans la métaphore de la rose, que reprend Brel par exemple en constatant amèrement qu'il y a des épines aux rosa (Rosa).
La référence à la sirène pourrait renvoyer à L'Odyssée, où Homère nous dépeint des sirènes au chant agréable et meurtrier tout à la fois. Le problème étant que la sirène de Brassens ne chante pas... (ou alors on considère "leçon" dans son acception littéraire, et l'initiation ne serait alors pas amoureuse mais poétique ; mais le texte le dit-il vraiment ?) [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Avalai la première arête Je pense qu'il y a aussi un jeu de mots sur "arête" puisqu'on peut entendre "arrête ! ", terme que les jeunes filles utilisent parfois quand l'amoureux se fait un peu trop pressant...
Il me semble que la manière dont Brassens prononce ce terme dans la chanson peut faire penser à une expérience de ce type là.
Et tous les hommes savent que quand la jeune fille dit "Arrête !", c'est dur à avaler... [contact auteur : Thierry A.] - [compléter cette analyse]
Paul Valéry Poète, critique littéraire, essayiste né à Sète en 1871, mort en 1945, et inhumé à Sète au cimetière marin (qui est le titre de l'un de ses poèmes). Il a été élu à l'Académie Française en 1925. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Moi, l'humble troubadour C'est à la poésie que s'est ouvert et essayé Brassens en tout premier lieu (depuis la classe de troisième et grâce à son professeur de littérature d'alors, Alphonse Bonnafé). En toute humilité et peut-être même avec le souvenir de ces (ses) premières aspirations, "prétentions" poétiques, Brassens retrace là (peut-être inconsciemment...) son cheminement de la poésie à la chanson qui l'a révélé et lui offre l'occasion de côtoyer les Grands de la Poésie, sans la moindre prétention! [contact auteur : Romain Jalabert] - [compléter cette analyse]
Complément Il faut noter que Brassens utilise correctement ici le terme de "troubadour". En effet, les troubadours étaient non pas des jongleurs ou des menestrels, mais des auteurs-compositeurs (parfois interprètes). Il s'exprimaient en langue occitane et on créé la notion de Fin'Amor, que les Trouvères français ont ensuite repris et modifié sous le nom d'Amour Courtois.
Enfin, les Troubadours, peu soucieux de l'avis de l'Eglise, n'hésitaient pas à consommer leur relation avec leur Dame. Des anti-conformistes avant l'heure, comme Brassens à son époque. [contact auteur : Jausèp Trauca-cap]
Les vers Quelle est l'étoffe dont est fait l'homme ? Cette question est posée par "les vers" de cette strophe (dont le thème est à la fois la poésie et la mort). Quel est donc le singulier : "le vers" (poésie) ou "le ver" (qui ronge les cadavres) ?
A mon sens, les deux acceptions coexistent. Poète ou non, peu importe pour les vers des cimetières (marins ou non)...
Hardi, Brassens détruit, une fois de plus, l'un des mythes trompeurs de la civilisation : celui du poète ayant plus de valeur que le commun des mortels ; et ce uniquement par son adresse à faire des "paroles peintes". C'est toujours la vie réelle qui compte, être grand à quoi bon : "Vous envierez l'éternel estivant..." [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Vers S'adressant au "bon maître" Valéry, GB lui parle certainement de poésie plutôt que d'asticots.
A ce propos, quelqu'un connaît-il le poète auteur de cette épitaphe célèbre : Passants qui scrutez cette pierre
Voyez l'inanité des choses
Jadis je composais des vers
Ici les vers me décomposent [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Cimetière plus marin que le sien Jeu de mots sur le Cimetière Marin : nom du cimetière dans lequel a été enterré Paul Valéry à Sète [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Mon cimetière marin A Sète, il y a en fait deux cimetières. Le cimetière dit marin se nomme Saint Charles , c'est là où repose Paul Valéry. Brassens est enterré quant à lui au cimetière Le Py, dit le cimetière des pauvres. Du cimetière Le Py, on voit aussi la mer (remarque personnelle : on la voit même mieux !) [contact auteur : Jean-Louis B.] - [compléter cette analyse]
Complément Petite correction : depuis le cimetière Le Py on ne voit pas la mer mais l'étang de Thau [contact auteur : Jean-Louis B.]
Les autochtones Je pense qu'ici Brassens fait allusion à la bourgeoisie locale qui enterrait les siens dans de luxueuses sépultures, exposant ainsi aux yeux de tous la richesse familiale.
Sa tombe -à l'opposé- est collective et très modeste.
De plus les 'riches' étaient plutôt enterrés au cimetière Saint Charles. [contact auteur : Jean-Louis B.] - [compléter cette analyse]
Le service de publication est momentanément désactivé, sans doute à cause d'une trop longue liste d'analyses en attente de modération.
Merci de votre compréhension.
Complément "N'en déplaise aux autochtones, cette tombe (...) ne donnera pas une ombre triste..." M'est avis que, malgré le saut de couplet, il conviendrait de relier grammaticalement ce vers au suivant et, donc, si l'on tient à ponctuer, mettre une virgule et non un point après autochtones. GB réfute par avance les objections que feront, craint-il, les bourgeois de Sète (ceux qui se font enterrer à Saint Charles et qu'il n'aime guère) à sa supplique. Analysé autrement, le "Et" initial de ce vers n'a guère de sens, ni grammatical, ni logique. [contact auteur : Dominique Chailley]
Complément Je pense qu'il faut remonter plus haut pour analyser en profondeur ce vers.
Le vers 43 "Déférence gardée envers Paul Valéry" montre un respect certain de GB pour PV. On le retrouve aussi dans le vers 44 "Moi, l'humble troubadour, sur lui je renchéris" où le verbe renchérir a une tres grande importance.
En effet, PV a gravé son nom dans l'histoire de Sète par la qualité de ses vers, et GB ne pouvant espérer dépasser "le bon maître" (vers 45 et 46), gravera son nom dans l'histoire de Sète par l'originalité de sa sépulture (d'où la comparaison du vers 47)
Tout cela pour arriver au vers 48 "Et n'en déplaise aux autochtones" car il se pourrait que le fait de renchérir sur PV ne plaise pas au bourgeois, tout comme le fait qu'un enfant du peuple puisse graver son nom dans l'histoire de la ville. [contact auteur : Sylvain Sgard]
Complément Ici, GB se plait une troisième fois à égratigner ses concitoyens.
Dire que les vertus faiblissent à Lourdes comme à Sète (Tempête dans un bénitier) n’est pas bien méchant, mais il leur fait vraiment jouer le mauvais rôle lorsqu’il parle des sycophantes du pays et des chrétiens du pays (voyez le rappel : ‘du pays’) dans Les quatre bacheliers.
Il n’hésite pas à traiter d’imbéciles heureux ceux qui de Paris ou de Sète nous font voir du pays natal jusqu’à loucher (La ballade des gens qui sont nés quelque part)
Exilé à Paris, il avait peut être gardé la dent dure contre les Sétois. [contact auteur : Dominique C]
Une interprétation plus évidente à mon sens Le cimetière Saint Charles change de nom en 1946. Un hommage des Sétois au poème de Paul Valéry : Le cimetière marin.
Brassens, s'il avait été enterré sur la plage de Sète, aurait connu un cimetière plus marin que l'original, de telle sorte que le "vrai" cimetière marin serait le sien et non celui que les autochtones ont coutume de désigner par ces mots. [contact auteur : Anthony Lecossois] - [compléter cette analyse]
Sandwich Nouveau mot anglais dans ce texte , et nouvelle référence alimentaire (après avoir avalé la première arête et évoqué un oeuf) [contact auteur : S M.] - [compléter cette analyse]
Plantez un pin Georges Brassens est enterré à Sète au cimetière du Py (surnommé le "cimetière des pauvres"), où la municipalité a depuis planté un pin parasol [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Pin parasol Ce couplet avait inspiré à Maxime Le Forestier une chanson hommage, "La Visite", mise en musique par Joël Favreau. Il y dit de ce pin : "C'est un pin parasol qui n'aura pas éclos
Tant viennent les amis piétiner cet enclos
J'ai peu d'espoir qu'il ne grandisse."
Les amis se seraient-ils faits plus rares ? Le pin parasol a bien grandi. [contact auteur : JB R.] - [compléter cette analyse]
Une espèce de pin On ne peut manquer de souligner que Brassens fait ici allusion au poème de Musset : Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière [contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
Pin parasol, de préférence, Le pin parasol, outre qu'il soit une essence méditerranéenne par excellence, est aussi l'abri rêvé ... pour une sieste ! [contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
Complément Le pin parasol est aussi évoqué dans la chanson Le modeste : Suivi de son pin parasol,
S'il fuit sans mêm' toucher le sol
Le moindre effort comme la peste [contact auteur : Romain Grésillon]
Mistral et tramontane Le mistral est un vent froid, sec et violent lié à la présence d'une dépression sur le golfe de Gènes.
La tramontane s'accélère en passant entre les Pyrénées et le sud du Massif Central.
Le mistral, italien, apporte la villanelle, et la tramontane, espagnole, le fandango. [contact auteur : Benjamin S.] - [compléter cette analyse]
Mistral et tramontane Le mistral souffle du nord-ouest et la tramontane du nord-est. Dans ces conditions, difficile pour le premier d'apporter des musiques espagnoles (puisque l'Espagne se situe au sud ouest de Sète), et pour le second d'apporter des musiques italiennes (l'Italie étant à l'est et Naples, au sud-est de Sète) !
Rien de bien grave cependant, car l'image est bien belle... [contact auteur : Philippe S.] - [compléter cette analyse]
Complément Le mistral souffle en fait du nord vers le sud, la tramontane du nord-ouest vers le sud-est. [source: wikipedia] [contact auteur : Dominick M.]
Complément Le Mistral, est lié à un équilibrage de masses d'airs, l'une chaude, en côte d'Azur, l'autre froide, dans les Landes.
Le Mistral contourne le Massif Central par le Nord, puis, arrivé à Lyon, descend la vallée du Rhône, ce qui a pour effet de l'accélérer.
Arriver en Méditerranée (à l'embouchure du Rhône), il se disperse dans les 3 directions : vers le Sud, l'Est (côte d'Azur), et l'Ouest (Sète).
La Tramontane est un vent longeant les Pyrénées, au sud du Massif Central.
Donc, même si ces deux vents ne passent pas par les pays cité, du point de vue "scientifique", pour le peuple il provient l'un de l'Ouest (Espagne), l'autre de l'Est (Italie).
Annecdote : à l'inverse du Mistral, il existe le Foehn, un vent chaud remontant les Alpes. [contact auteur : An Braz]
Villanelle Deux sens :
1. Composition polyphonique de caractère populaire, originaire de Naples, en vogue aux XVe et XVIe siècles
2. Chanson pastorale et populaire, sous forme de poème à forme fixe composé d'un nombre impair de tercets et terminé par un quatrain Larousse [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Fandango Danse et air de danse espagnols de rythme assez vif avec accompagnement de guitare et de castagnettes Larousse [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Tarentelle et sardane Voir la chanson Entre l'Espagne et l'Italie. Brassens a toujours eu conscience de faire partie de cette culture latine, méditerranéenne, occitane. Ce qui ne l'a pas empêché par ailleurs d'acheter une maison en Bretagne. Car il ne se voulait pas "né quelque part" pour autant. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Ondine Une ondine est une nymphe des eaux, qui cherche en général à s'incarner en humaine dans les mythes celtes et germaniques.
Cf. Ondine, de Giraudoux (1939) [contact auteur : Romain B.] - [compléter cette analyse]
J'en demande pardon par avance à Jésus Délicatesse un peu surprenante de la part d'un athée ... C'est que c'est tout de même sa croix, qui "s'y couche un peu dessus", et que cette croix est le symbole du supplice de Jésus. Brassens s'excuse donc de cette utilisation un peu désinvolte d'un symbole chrétien fort. [contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
Complément Il y a peut-être aussi l'idée sous-jacente que la course du soleil déclinant amènera l'ombre de la croix à caresser son corps, l'ombre étant une métaphore de celui qui est dessous, "au royaume des ombres". Et si l'on retient l'image phallique, plus le soleil s'incline sur l'horizon, plus l'ombre grandit. [contact auteur : Dominique Chailley]
Complément Je ne crois pas à l'allusion phallique mais je remarque la syntaxe anormale ; en français correct : "se couche un peu dessus", on dirait une tournure occitane [contact auteur : Stéphane Jourdan]
Complément D'autant que l'idée de la course du soleil est précédée par la douce et caressante sensation du Mistral (vent de Nord-est sur les côtes Languedociennes) et de la Tramontane (vent de Nord-ouest) qui rappelle donc le levant et le couchant [contact auteur : Sylvie B.]
S'y couche "Si" et "s'y" placés au début de chaque hémistiche de l'alexandrin, il se peut que GB ait simplement voulu jouer avec les mots, en accentuant la précision qui peut être, en outre, un clin d'oeil au parler du Sud. [contact auteur : Jpb Aléria] - [compléter cette analyse]
Se coucher Je pense qu'il y a une allusion très fantomatiquement sexuelle dans ce vers.
Brassens reprend une évocation faite dans Il n'y a pas d'amour heureux : "Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix", Ainsi, son esprit fantôme vient-il profiter de quelques bonheurs posthumes... [contact auteur : An Braz] - [compléter cette analyse]
Petit bonheur posthume Ce petit pied de nez est admirable, l'un des plus beaux de l'oeuvre de Brassens. Il est parfaitement amené, d'abord par l'Ondine, puis par l'évocation de Jésus, de la croix... bref, il y a autant à dire sur ces quelques vers que sur toute la chanson. De plus, ce petit bonheur n'est pas sans rappeler la "bosse dérisoire" qui conclut le livre de Boris Vian, J'irai cracher sur vos tombes. [contact auteur : Benjamin R.] - [compléter cette analyse]
Complément A l'origine, l'image poétique que voulait donner le Maître est celle de l'ombre de l'ondine qui viendrait caresser sa butte (source interview chez Jacques Chancel). Ce n'est que plus tard, lorsqu'il en était à la fin de l'écriture de la chanson, qu'il inversa l'image et retint celle de la croix qui se coucherait sur l'ondine.
Cette idée vient peut-être du désir de signifier que même mort, on peut ne pas être inanimé et même recouvrer vigueur lorsque les circonstances s'y prêtent. [contact auteur : Ménad Chenaf]
Panthéon Du grec "pan" = tout, et "theos" = dieu
1. Temple que les Grecs et les Romains consacraient à tous leurs dieux
2. Ensemble des dieux d'une mythologie, d'une religion
3. Monument où sont déposés les corps des hommes illustres d'une nation Larousse [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Panthéon Monument de Paris, sur la montagne Sainte-Geneviève (Ve arrond.). Construit à partir de 1764 par Soufflot, achevé v. 1790 par Jean-Baptiste Rondelet, ce devait être une église dédiée à la patronne de Paris. La Révolution en fit un temple destiné à abriter les tombeaux des grands hommes et lui donna ce nom de Panthéon. Il fut église sous la Restauration et le second Empire. La IIIe République l'a rendu au culte des hommes illustres à l'occasion des funérailles de Victor Hugo. Peintures murales, dont celles de Puvis de Chavannes. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément Allusion au caractère froid (pierres, marbres, lumières sans chaleur...) et lugubre du Panthéon, ennuyeux à force d'être silencieux, on ne s'y amuse pas beaucoup d'autant que les sépultures paraissent si distantes les unes des autres... La solitude des grands de ce monde...
Quel contraste avec la proximité et l'accessibilité de la butte de GB sur la plage ! [contact auteur : Jacques L.]
Panthéon Les guides du Panthéon vous le confirmeront: il y a toujours quelqu'un pour se pleindre qu'on ne lui ai pas fait voir le tombeau de Napoléon; qui est au Invalides, doit on le rappeler.... [contact auteur : Dominique C] - [compléter cette analyse]
La péroraison Brassens connaît sa rhétorique sur le bout des ongles, il achève sa chanson comme un poème, par une péroraison habile, qui s’enfle de l’évocation des « grands disparus ». À partir de « Trempe dans l’encre bleu du Golfe du Lion », Brassens joue avec les codes rhétoriques du grand discours pour les détourner. Ici, par exemple, les procédés oratoires de la péroraison mettent en évidence la vaine pompe des nécropoles en opposition avec la simplicité riante du cimetière qu’il se choisit. [contact auteur : Nicolas R.] - [compléter cette analyse]
Cendres de conséquence Dérivation de l'expression "Gens de conséquence", qui désignait les personnes détentrices de pouvoirs ou d'entregent, toutes choses évidemment perdues dans leurs cendres, fussent-elles au Panthéon. [contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Variante Dans le livre La marguerite et le chrysanthème, l'auteur Pierre Berruer écrit ce dernier vers : Qui fait du pédalo en rêvant qu'il passe sa mort en vacances [contact auteur : Thierry Parment] - [compléter cette analyse]
Hommage Maxime le Forestier a écrit une magnifique épitaphe à ces vers de Georges sur le disque Né quelque part: "la visite" Joël Favreau à la 2ème guitare (ancien guitariste de Brassens) [contact auteur : Jm B.] - [compléter cette analyse]