ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Hors album
À mon frère revenant d'Italie
01Ainsi, mon cher, tu t'en reviens
02Du pays dont je me souviens
03Comme d'un rêve,
04De ces beaux lieux où l'oranger
05Naquit pour nous dédommager
06Du péché d'Ève.
 
07Tu l'as vu, ce fantôme altier
Altier
Superbe, qui a de la fierté, qui marque de la fierté.
[contact auteur : Raphaël Bourgeois] - [compléter cette analyse]
08Qui jadis eut le monde entier
09Sous son empire.
10César dans sa pourpre est tombé ;
11Dans un petit manteau d'abbé
12Sa veuve expire.
Veuve
César, ici représente l'Empire Romain qu'il a fondé. La pourpre, c'est la toge rouge des empereurs romains. L'Empire est tombé, en gros au IVème siècle après JC.
Après ça, Rome devenue veuve de César, donc, a connu pendant des siècles une nouvelle "gloire" comme siège de l'Eglise et résidence du Pape. La pourpre des empereurs a été remplacée par le petit manteau noir des abbés qui peuplent le Vatican. La Rome glorieuse des Césars n'en finit pas d'agoniser.
Sic transit gloria mundi...

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
13Tu t'es bercé sur ce flot pur
14Où Naples enchâsse dans l'azur
15Sa mosaïque,
16Oreiller des lazzaroni,
Lazzaroni
Mot napolitain d'origine espagnole (ladron = voleur), signifiait à l'origine "mendiant". Désigne aujourd'hui les hommes du bas peuple de Naples (cf. Le Petit Robert). Le mot doit être cousin de notre "larron".
N.B. Naples a été sous domination espagnole pendant plusieurs siècles.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Les Lazzaroni sont des napolitains qui résistent, à partir de 1796, à l'invasion des soldats de la jeune République française. Ces derniers créent la république de Naples. Les lazzaroni se révoltent et chassent les français en 1799.
[contact auteur : Yoan V.]
17Où sont nés le macaroni
18Et la musique.
La musique née en Italie
Sans doute par référence à Gui d'Arezzo (Guido Aretinus), moine toscan de la fin du Xe siècle, à qui l'on attribue, sans doute avec quelque exagération, l'invention de l'harmonie, la "solmisation" (nomenclature des notes de la gamme) et presque l'invention de la polyphonie occidentale.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
 
19Qu'il soit rusé, simple ou moqueur,
20N'est-ce pas qu'il nous laisse au cœur
21Un charme étrange,
22Ce peuple ami de la gaieté
23Qui donnerait gloire et beauté
24Pour une orange ?
 
25Ischia ! C'est là qu'on a des yeux,
26C'est là qu'un corsage amoureux
27Serre la hanche.
28Sur un bas rouge bien tiré
29Brille, sous le jupon doré,
30La mule blanche.
Mule
Chaussure avec ou sans talon, laissant l'arrière du pied découvert.
"La mule du Pape", pantoufle blanche brodée d'une croix : baiser la mule du Pape (ancien signe de respect).
(le Petit Robert)

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
31Pauvre Ischia ! Bien des gens n'ont vu
32Tes jeunes filles que pied nu
33Dans la poussière.
34On les endimanche à prix d'or ;
35Mais ton pur soleil brille encor
36Sur leur misère.
 
37Quoi qu'il en soit, il est certain
38Que l'on ne parle pas latin
39Dans les Abruzzes,
40Et que jamais un postillon
Le service de publication est momentanément désactivé, sans doute à cause d'une trop longue liste d'analyses en attente de modération.
Merci de votre compréhension.
41N'y sera l'enfant d'Apollon
42Ni des neuf muses.
Latin etc.
Cette strophe, comme la deuxième, évoque la mort de l'Empire Romain, où l'on parlait latin, et où l'on croyait à tout un tas de dieux qui avaient chacun leur domaine. Appolon était le dieu de la poésie. Les muses, filles de Zeus-Jupiter, présidaient à tous les arts (Clio, avant d'être une petite voiture, fut la muse de l'Histoire).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
43Toits superbes ! Froids monuments !
44Linceul d'or sur des ossements !
45Ci-gît Venise.
46Là mon pauvre cœur est resté.
Venise
C'est à Venise que "l'amour insensé" de Musset pour George Sand a tourné au drame. On raconte qu'il était malade et que Sand le trompait avec le docteur qui le soignait.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
47S'il doit m'en être rapporté,
48Dieu le conduise !
 
49Mais de quoi vais-je ici parler ?
50Que ferait l'homme désolé,
51Quand toi, cher frère,
52Ces lieux où j'ai failli mourir,
53Tu t'en viens de les parcourir
54Pour te distraire ?
 
55Frère, ne t'en va plus si loin.
56D'un peu d'aide j'ai grand besoin,
57Quoi qu'il m'advienne.
58Je ne sais où va mon chemin,
59Mais je marche mieux quand ta main
60Serre la mienne.

Alfred De Musset