ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Le pornographe
Bonhomme
01Malgré la bise qui mord,
M-B-M
Les consonnes de bonhomme : M(algré) - B(ise) - M(ord)
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
02La pauvre vieille de somme
Vieille de somme
Jeu de mots sur "bête de somme". Le cheval, le chameau, les boeufs étaient - sont encore - utilisés pour porter ou tirer de lourdes charges (somme = bât ou charge en vieux français).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
03Va ramasser du bois mort
04Pour chauffer Bonhomme,
05Bonhomme qui va mourir
06De mort naturelle
Mort naturelle
Cela se dit par opposition à une mort par accident ou par fait délibéré. Ici, la répétition de l'expression à la fin de chaque strophe nous amène à nous poser la question : s'agit-il bien d'une mort naturelle ? Bonhomme ne crève-t-il pas de l'indifférence des autres ? Qui donc, parmi nous, aura cette mort sur sa conscience ? On pense forcément ici aux appels de l'Abbé Pierre en faveur des sans-abris. Brassens, lui, touche l'opinion à sa façon, mais sa "bonhommie" cache mal une profonde révolte contre l'injustice.
[contact auteur : Jean-Michel A.] - [compléter cette analyse]
Complément
On se dit en effet que sa mort n'a rien de naturel, mais l'identité du coupable n'a rien de si compliqué, c'est sa femme, tout simplement, guidée par "cette autre et sombre voie" évoquée à la fin. Pas besoin d'aller chercher une morale sociale, à mon avis. Il place une intrigue amoureuse dans un milieu modeste parce que la littérature a toujours préféré décrire les vicissitudes adultérines des riches, nobles etc., mais je ne pense pas que la raison d'être de cette chanson soit la dénonciation de la pauvreté et de notre attitude vis à vis d'elle.
[contact auteur : Davy B.]
Mort naturelle
En quoi la mort peut-elle être naturelle ? C'est en l'existence même de la mort que réside l'injustice. L'idée d'une mort "naturelle", c'est l'idée d'une résignation, d'une acceptation passive de son destin, de sa condition. Une telle résignation est contraire à la vie de poète et de libertaire. On retrouve ce refus d'accepter sa condition dans Les oiseaux de passage, par exemple.
Il est très peu probable qu'il s'agisse du crime d'une femme bafouée. Plus bas, on lit "celui qu'elle aime, qu'elle aime" (2x !) et il fut infidèle "autrefois". Au contraire, la chanson relativise cette faute et met en évidence son caractère anodin par rapport au drame qui se joue, la mort.

[contact auteur : Patrick S.] - [compléter cette analyse]
 
07Mélancolique, elle va
08À travers la forêt blême
Blême
Cet adjectif, synonyme de pâle, blafard, livide, est souvent associé à la mort. Voir Le Pornographe, où "l'heure blême" est l'heure de la mort, peut-être à cause du petit matin, l'heure où l'on guillotinait les condamnés.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
09Où jadis elle rêva
10De celui qu'elle aime,
11Qu'elle aime et qui va mourir
12De mort naturelle.
 
13Rien n'arrêtera le cours
Césure de fin de vers
La césure à la fin de ce vers fait sous-entendre le "cours général (fatidique) des astres" -- constatation générale qui est spécifiée par les deux vers qui suivent. Le sort général s'abat sur l'individu (voir aussi la fin de cette chanson).
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
14De la vieille qui moissonne
15Le bois mort de ses doigts gourds,
16Ni rien ni personne,
17Car Bonhomme va mourir
18De mort naturelle.
 
19Non, rien ne l'arrêtera
20Ni cette voix de malheur
21Qui dit : "Quand tu rentreras
22Chez toi, tout à l'heure
23Bonhomm' sera déjà mort
24De mort naturelle."
 
25Ni cette autre et sombre voix,
26Montant du plus profond d'elle
27Lui rappeler qu'autrefois
28Il fut infidèle,
29Car Bonhomme, il va mourir
Il
Contrairement à la conclusion généralisante des chansons Je rejoindrai ma belle ("ma belle" devenant "la belle") et Le Père Noël et la petite fille ("il a mis" devenant "on a mis"), où le texte fait finalement abstraction de l'individu, cette chanson prend sa "chute" en spécifiant: "Bonhomme, il va mourir..." (ici, le lot général et éternel finit par concerner l'individu).
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
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30De mort naturelle.

Georges Brassens