ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Je me suis fait tout petit
Oncle Archibald
01Ô vous, les arracheurs de dents,
Arracheurs de dents
De l'expression 'mentir comme un arracheur de dents' = mentir effrontément
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02Tous les cafards, les charlatans,
Cafard
(de l'arabe 'kafir' = renégat) Personne qui cafarde : mouchard, rapporteur
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Complément
Voir La Ballade à la lune : es-tu l'oeil du ciel borgne ? / quel chérubin cafard / nous lorgne / sous ton masque blafard.
[contact auteur : Samuel S.]
Prophètes
à rapprocher des "jeteurs de sort" dans Les Copains d'Abord (vers 12)
[contact auteur : Gérard Lenne] - [compléter cette analyse]
03Les prophètes,
04Comptez plus sur Oncle Archibald
05Pour payer les violons du bal
Payer les violons du bal
Payer pour une chose dont on ne profite pas soi-même
[contact auteur : Alex L.] - [compléter cette analyse]
Complément
Reste à dresser le profil de l'oncle Archibald : un brave type, bon vivant et généreux, qui payait les pots cassés, sachant mal se défendre contre les faux-culs en tous genres qui profitaient sans vergogne de ce qu'ils croyaient être sa naïveté. Il se pourrait que GB se dépeigne lui-même...
[contact auteur : Dominique Chailley]
06À vos fêtes... (bis)
 
07En courant sus à un voleur
Courir sus
Poursuivre avec des intentions hostiles. Larousse
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08Qui venait de lui chiper l'heure
Chiper l'heure
Deux interprétations :
1 - du fait qu'il n'a plus l'heure, Oncle Archibald semble fort avoir vécu sa dernière heure
2 - jeu de mots sur l'expression courante 'donner l'heure', qui rend la situation absurde (mais il n'y a pas d'heure pour mourir - et là, il n'y en a plus)

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09À sa montre,
10Oncle Archibald, - coquin de sort !
11Fit, de Sa Majesté La Mort,
12La rencontre... (bis)
 
13Telle un' femm' de petit' vertu,
Putain de mort
L'image de la mort en tant que prostituée qui couche avec tout le monde est une image assez traditionnelle. Il est donc intéressant de voir que la putain sera devenue la "compagne" à la fin de la chanson.
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
14Elle arpentait le trottoir du
15Cimetière,
16Aguichant les homm's en troussant
17Un peu plus haut qu'il n'est décent
18Son suaire... (bis)
Trousser son suaire
De la coquetterie des macchabées femelles. Cf. Le fantôme :
J'aurai bonn' mine avec mon drap
Plein de faux-plis et de coutures

[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
 
19Oncle Archibald, d'un ton gouailleur,
20Lui dit : "va-t'en fair' pendre ailleurs
Pendre ton squelette
On a l'impression que l'oncle demande à la Camarde d'aller faire pendre son squelette dans une salle de cours : il n'y a bien que là qu'on voit pendre des os.
[contact auteur : Samuel S.] - [compléter cette analyse]
21Ton squelette...
22Fi des femelles décharnées !
Maigreur
Cf. La fille à cent sous : ça n'me concerne pas d'étreindre les squelettes
[contact auteur : Gérard Lenne] - [compléter cette analyse]
23Vive les bell's un tantinet
24Rondelettes !" (bis)
 
25Lors, montant sur ses grands chevaux,
Montant sur ses grand chevaux
La mort est souvent représentée comme un squelette à cheval. Mais, comme souvent, GB joue sur le double-sens : "monter sur ses grands chevaux" est une expression signifiant "se mettre dans une violente colère".
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
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26La mort brandit la longue faux
Phonétique
On notera dans ces deux vers le choix des phonèmes en R et en O, qui induisent un ton théâtral à la Mounet-Sully, ici tragi-comique.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
27D'agronome
Faux d'agronome
Passons rapidement sur le fait que la faux est plutôt l'instrument de l'agriculteur (l'agronome étant celui qui étudie les relations entre les plantes, le milieu, les techniques agricoles...).
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Complément
A part le contenu concret et la forme concrète (rime avec "bonhomme"), "agronome" semble s'inscrire dans la ligne notionnelle "grands chevaux -- longue faux", l'image de la Mort en cheval étant celle de la mort collective et terrifiante (apocalyptique) et "agronome" étant un "grand" nom. La première partie de la strophe évoque la mort collective (planant sur tout le monde) qui finit par s'abattre sur l'individu.
[contact auteur : Ralf Tauchmann]
28Qu'elle serrait dans son linceul,
29Et faucha d'un seul coup, d'un seul,
Mourir de sa belle mort
Toute la chanson joue sur la notion de "belle mort" (cf. vers 56) :
Loc. Mourir de sa belle mort, de vieillesse et sans souffrance" (GRAND ROBERT).
Ici, "d'un seul coup d'un seul" (registre familier) souligne l'absence de souffrance et s'oppose aux trois premiers vers qui dessinent la mort brutale et violente (grands chevaux -- longue faux).

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Faucha
"faucher" n'est pas mis par hasard, puisqu'on fauche avec une faux, et la faux est l'allégorie du temps et de la mort.
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
30Le bonhomme... (bis)
 
31Comme il n'avait pas l'air content,
32Elle lui dit : "Ça fait longtemps
33Que je t'aime...
34Et notre hymen à tous les deux
Hymen
Selon le Grand Robert :
Dans la poésie classique; littér. Mariage, union conjugale.
Fig., littér. Alliance, association, union.

Le terme anatomique, la virginité intacte (autrefois une condition rigoureuse pour un mariage), semble également s'emmêler un tout petit peu. Le dernier vers ajoute le baptême comme troisième élément symbolisant l'initiation. La Mort (d'abord Majesté, puis femme de petite vertu commence à redevenir vierge en quelque sorte.

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
35Était prévu depuis l' jour de
36Ton baptême... (bis)
Depuis ton baptême
A moins d'inventer ici une connotation religieuse qui ne serait nulle part ailleurs attestée, il faut comprendre "baptême" dans le sens de "naissance". On baptisait d'ailleurs souvent les enfants le jour même de leur naissance.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
 
37Si tu te couches dans mes bras,
38Alors la vie te semblera
39Plus facile...
40Tu y seras hors de portée
41Des chiens, des loups, des homm's et des
Optimiste
C'est pour moi une touche très optimiste de Brassens. Il distingue ici l'Homme non seulement de l'animal, mais également des imbéciles. Pour lui, l'humanité n'est donc pas intrinsèquement imbécile...
[contact auteur : Raphaël Bourgeois] - [compléter cette analyse]
Complément
Sauf le respect, je verrais plutôt dans ce vers une graduation croissante du danger, d'où un sens fort peu estimable pour l'homme.
[contact auteur : Samuel S.]
Chien et loup
GRAND ROBERT: "Entre chien et loup : au crépuscule, quand la nuit commence à tomber et que l'on ne saurait distinguer un chien d'un loup. "
LE LITTRÉ : "On ne lui demande pas es-tu chien ? es-tu loup ? se dit d'un misérable qu'on abandonne."

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
42Imbéciles... (bis)
 
43Nul n'y contestera tes droits,
44Tu pourras crier : viv' le roi !
45Sans intrigue...
46Si l'envie te prend de changer,
47Tu pourras crier sans danger
48Viv' la Ligue ! (bis)
Roi et Ligue
Le roi est Henri III, et la Ligue est l'association de catholiques zélés dirigée par le duc de Guise vers 1580, qui voulait mettre sur le trône le cardinal de Bourbon (oncle du futur Henri IV).
[contact auteur : Alex L.] - [compléter cette analyse]
Vive la Ligue
Le sage dit, selon les gens :
Vive le Roi! Vive la Ligue!

La chauve-souris et les deux belettes, Jean de La Fontaine

[contact auteur : Dominique C] - [compléter cette analyse]
Complément
Il y a maldonne quant à l'auteur de cette note, très intéressante. Par ailleurs, il faudrait noter le rapprochement avec "Mourir pour des idées" : coucher avec la mort rend la vie plus facile, et c'est le seul moyen de pouvoir "sans danger" changer d'opinion! Sauf à être de ces révolutionnaires, évêques ou ayatollahs cacochymes dont il dit que "mourir pour des idées, c'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas". GB a rarement atteint cette virtuosité dans le paradoxe.
[contact auteur : Dominique Chailley]
 
49Ton temps de dupe est révolu,
50Personne ne se payera plus
51Sur ta bête...
Payer sur sa bête
L'expression semble venir de ce que, aux gens fauchés qui ne pouvaient payer l'aubergiste, celui-ci disait: "Laissez-moi votre cheval, je me paierai sur votre bête."
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
GB revient ici sur l'idée du v. 5 : Archibald "payait les violons du bal" de tous les menteurs de son entourage.
[contact auteur : Dominique Chailley]
52Les "Plaît-il, maître?" auront plus cours,
Plaît-il, maître ?
Expression tirée du langage des serviteurs au XVIIIe s. = marque de soumission contrainte envers un plus puissant ou plus fortuné.
A noter qu'il manque la négation "n'", pourtant présente supra et infra.

[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Complément
J'ai connu dans les années 1950 une vieille demoiselle, originaire du Midi, qui disait encore "Plaît-il?" là où nous disons "Pardon?" pour demander à l'interlocuteur de répéter ce qu'il vient de dire.
[contact auteur : Henri T.]
53Plus jamais tu n'auras à cour-
Enjambement
C'est un enjambement : le vers est coupé en deux, la seconde partie complète la première qui fait la rime au vers précédent.
[contact auteur : Thierry W.] - [compléter cette analyse]
54-ber la tête..." (bis)
 
55Et mon oncle emboîta le pas
56De la bell', qui ne semblait pas,
La belle
La Mort sous forme de "belle mort" (cf. vers 29) est rapprochée à la belle des contes de fées (p. ex. par opposition à bête en vers 51) et des chansons. Comme souvent, les rimes de Brassens tissent des liens "cachés" dans une trame intérieure...
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
57Si féroce...
Revirement féminin
Comme souvent dans les scènes de ménage, après être "montée sur ses grands chevaux", "la belle" se fait moins féroce et passe au registre sentimental : il s'agit bien, entre l'homme et la mort, d'un rapport haine-séduction.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
58Et les voilà, bras d'ssus, bras d'ssous,
59Les voilà partis je n' sais où
Je ne sais où
Le scepticisme de GB quant à l'au-delà pointe ici son nez.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
60Fair' leurs noces... (bis)
Faire leurs noces
L'idée est la même que dans Le fantôme (Ces belles dames de jadis - Sont de satanées polissonnes) mais le ton est ici un peu plus grave, car ce n'est pas un rêve.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
 
61Ô vous, les arracheurs de dents,
62Tous les cafards, les charlatans,
63Les prophètes,
64Comptez plus sur Oncle Archibald
65Pour payer les violons du bal
66À vos fêtes... (bis)

Georges Brassens