ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Chanson pour l'auvergnat
Auprès de mon arbre
01Auprès de mon arbre,
02Je vivais heureux,
03J'aurais jamais dû m'éloigner d' mon arbre...
04Auprès de mon arbre,
05Je vivais heureux,
06J'aurais jamais dû le quitter des yeux...
Eloigner ... quitter des yeux
Il paraît que Brassens a modelé son refrain sur l'expression: "Loin des yeux, loin du coeur, c'est-à-dire l'absence refroidit." (Le LITTRE).
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
 
07J'ai plaqué mon chêne
Chêne
Rapprocher de l'expression : 'ces chênes qu'on abat' ? L'usage de 'plaqué' est amusant puisqu'on utilise le chêne en contreplaqué !
[contact auteur : André Gindorff] - [compléter cette analyse]
Complément
On parle alors de chêne plaqué.
[contact auteur : Régis Lambert]
08Comme un saligaud,
Saligaud
"Personne qui agit de façon ignoble ou méprisable" [Larousse]. Le terme devait être plus ordurier dans les années 50 que de nos jours...
[contact auteur : Olivier Meunier] - [compléter cette analyse]
09Mon copain le chêne
10Mon alter ego,
Alter ego
Latin = littéralement "autre moi", mon autre moi-même, c'est à dire mon meilleur ami.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
11On était du même bois
12Un peu rustique, un peu brut,
13Dont on fait n'importe quoi
14Sauf, naturell'ment, les flûtes...
être du bois dont on fait les flûtes
Félix Benoît dans son ouvrage "À la Découverte du Pot aux Roses", donne de cette expression la définition suivante : "S'adapter à toutes les situations, ne pas être à cheval sur les principes" et ajoute que l'expression originelle comportait "flêches" et non pas flûtes, et se rattachait à l'expression "faire flêche de tout bois", ce qui colle parfaitement.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Le bois dont on fait les flûtes
"être du bois dont on fait les flûtes" est une expression signifiant "être très complaisant"
[contact auteur : Alex L.] - [compléter cette analyse]
Du bois dont on fait les flûtes...
Comme d'habitude, Georges a travaillé ses effets et on sait qu'il ne laissait s'envoler une chanson que lorsqu'elle lui plaisait, au sens de jouir, ("frissonner de plaisir").
Cette expression vient dans la même veine que le reste du poème. C'est une chanson de regret dans laquelle il nous explique que les vraies valeurs sont dans les plaisirs simples qu'on prend quand ils arrivent, sans avoir à les convoiter ou les fleurir de luxe...
Pardon, pour en revenir à notre bois, pour faire des flûtes, il faut des bois sélectionnés, nobles peut-être rares et très travaillés. Lui, Georges, sa propre essence est le contraire, rustique et simple, c'est du brut.
On mesure ici toute la profondeur du travail et de l'Art de Georges qui a, on le sent dans le sens du poème, envisagé toutes les interprétations de ces expressions populaires, qui vibrent en nous, jusqu'à transporter sa nostalgie, ses regrets vers nos propres souvenirs.

[contact auteur : Michel Lavergne] - [compléter cette analyse]
15J'ai maint'nant des frênes,
16Des arbr's de Judée,
Judée
Allusion au bois de la Croix ?
[contact auteur : André Gindorff] - [compléter cette analyse]
Arbre aux pendus ?
L'arbre de Judée était voué à pendre les hommes et les traîtres dans l'ancienne Rome (autre destin que le chêne, autre idéal)
[contact auteur : Pierre G.] - [compléter cette analyse]
Arbre de Judée
Selon la légende, Judas avait choisi cet arbre pour s'y pendre. L'image est forte et le parallélisme est clair : Judas a trahi Jésus et puis s'est pendu ; le Je de la chanson a plaqué son chêne et... vit encore, d'ailleurs commodément !
Pas de justice en l'occurrence...

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
17Tous de bonne graine,
18De haute futaie...
Rime
La rime JUDÉE / FUTAIE peut étonner chez Brassens, versificateur assez pointilleux. En poésie classique, le É rime mal avec le È, qui est plus ouvert. À la décharge du poète, il faut noter que dans le midi, dont il est originaire, la distinction entre les deux est beaucoup plus lâche qu'en Bourgogne par exemple. Il semble aussi que cette différence tende à disparaître chez de nombreux francophones depuis quelques dizaines d'années (brassage des accents + influence de la radio et de la télé sans doute).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Avec cette rime, Brassens est tout de même en bonne compagnie. On trouve une rime analogue (soirée/roseraie) par exemple dans le Palais d'Apollinaire :
Vers le palais de Rosemonde au fond du Rêve
Mes rêveuses pensées pieds nus vont en soirée
Le palais don du roi comme un roi nu s'élève
Des chairs fouettées des roses de la roseraie

[contact auteur : Ralf Tauchmann]
Complément
Etant du Sud-Ouest, je confirme que je ne fais personnellement aucunement la différence, à l'oreille, entre ces deux prononciations, et je pense qu'il en va de même pour beaucoup de gens de la zone occitanophone, où la plupart des "é" (y compris dans "haie", "futaie", "dais" etc.) sont fermés, tandis que la plupart des "o" ("gauche", "moche", "poche") sont ouverts. L'ouverture du "è" est plutôt perçue comme une prononciation "parisienne" voire précieuse.
[contact auteur]
Rime Judée / Futaie
Au Québec particulièrement, ces deux rimes sont assez différentes, ainsi que les rimes "eux / e" et "in / un" qui n'ont pas du tout la même sonorité. En France, cela me semble moins radical...
[contact auteur : François P.] - [compléter cette analyse]
Rime
Faire rimer les sons "é" et "è" est courant chez les poètes (Rimbaud, dans le Bateau ivre, fait rimer "mai" avec "embaumé").
Brassens utilise couramment ce genre de consonances :
"Verdun et Pétain", "Train et être un", "que et qu'eux", "mai et aimer", etc.

[contact auteur : Simon D.B.] - [compléter cette analyse]
Prononciation é & è
Pour abonder dans le sens du premier commentaire. Dans la région de Marseille, où j'habite, ces deux phonèmes sont parfois carrément inversés. Le mot même de "marseillais" se dira dans le nord : marsÉyÈ, à Marseille on dit : marsÈyÉ.
[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
De haute futaie
Il est à noter que le Larousse mentionne que l'expression en elle-même est rentrée dans le langage du quotidien ; elle qualifie une chose "de qualité, de haute tenue".
Entier dans son art, Brassens l'emploie fort à propos puisqu'il la ramène dans le domaine de la sylviculture d'où elle tire bien certainement son origine et lui confère ainsi un sens autrement plus fort.

[contact auteur] - [compléter cette analyse]
19Mais toi tu manque' à l'appel
20Ma vieill' branche de campagne
21Mon seul arbre de Noël,
22Mon mât de cocagne!
Cocagne
Le Pays de Cocagne était un pays légendaire où des jambons poussaient sur les arbres et du vin coulait dans les ruisseaux. Dans les fêtes de village, le mât de cocagne, attraction traditionnelle, était un poteau savonné en haut duquel on accrochait des jambons, des bouteilles et autres friandises que les jeunes montaient décrocher à leurs risques ete périls et au grand amusement de la foule.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Le Pays de Cocagne est un territoire situé entre Toulouse, Albi et Carcassonne. Il doit son nom à la cocagne (caucanha, en occitan) qui est une boule de feuilles de pastel pressées et séchées, donnant une teinture bleue unique longtemps utilisée dans les arts et les artisanats à travers toute l'Europe.
Cette production a valu à la contrée son image d'abondance qui s'est popularisée sous le nom de Pays de Cocagne.

[contact auteur : Pierre M]
 
23Auprès de mon arbre,
24Je vivais heureux,
25J'aurais jamais dû m'éloigner d' mon arbre...
26Auprès de mon arbre,
27Je vivais heureux,
28J'aurais jamais dû le quitter des yeux...
 
29Je suis un pauv' type,
30J'aurais plus de joie:
31J'ai jeté ma pipe,
32Ma vieill' pipe en bois,
33Qui avait fumé sans s' fâcher,
34Sans jamais m'brûler la lippe,
Lippe
"Lèvre inférieure proéminente" [Larrouse].
Terme qu'affectionne particuliérement Brassens. On le retrouve notamment dans Le Grand Pan, dernier couplet :
Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du calvaire en disant dans sa lippe

[contact auteur : Olivier Meunier] - [compléter cette analyse]
35L' tabac d' la vache enragée
Manger de la vache enragée
C'est avoir faim, peut-être en référence aux "vaches maigres" de la Bible. Pendant la guerre, que Brassens a passée en partie en camp de travail obligatoire en Allemagne, faute de tabac, on fumait n'importe quoi, du tilleul, de l'eucalyptus, des feuilles de choux séchées... C'était ça, le tabac de la vache enragée.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
36Dans sa bonn' vieill' têt' de pipe...
37J'ai des pip's d'écume
écume
Il s'agit de "l'écume de mer" ou magnésite, un silicate naturel dont on fait de très belles pipes blanches et légères.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
38Ornées de fleurons,
Fleuron
Décoration en forme de fleur, et souvent en forme de fleur de lys pour le bord des couronnes royales. C'est entre les fleurons ou sur les fleurons eux-mêmes que sont sertis les "joyaux de la couronne".
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
39De ces pip's qu'on fume
40En levant le front,
Lever le front
Regarder les gens de haut, prendre un air supérieur, faire le fier.
Le contraire étant baisser le nez, regarder ses chaussures (comme le jeune homme riche de l'Evangile) pour prendre un air humble ou penaud.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Le contraire étant aussi tout simplement baisser le front. Brassens ne dit il pas dans La fessée: je baissai le front, piteux quand il crut, honteux, avoir frappé trop fort?
[contact auteur : René D.Z.]
Complément
J'aurais plus perçu le fornt levé comme un acte de réflexion, je le voyais non toisant du regard mais plutôt les yeux au ciel, serein en quelque sorte... une pipe amenant la réflexion et la sérénité.
[contact auteur : Nathan M.] - [compléter cette analyse]
41Mais j' retrouv'rai plus, ma foi,
42Dans mon coeur ni sur ma lippe,
43Le goût d' ma vieill' pip' en bois,
44Sacré nom d'un' pipe!
 
45Auprès de mon arbre,
46Je vivais heureux,
47J'aurais jamais dû m'éloigner d' mon arbre...
48Auprès de mon arbre,
49Je vivais heureux,
50J'aurais jamais dû le quitter des yeux...
 
51Le surnom d'infâme
52Me va comme un gant:
53D'avecques ma femme
Avecques
Forme ancienne (comme doncques) du mot "avec", largement utilisée en versification.
[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
54J'ai foutu le camp,
55Parc' que depuis tant d'années,
56C'était pas un' sinécure
Sinécure
Du latin "sine cura" = sans souci. Une sinécure était (est encore) un emploi qui rapporte mais dont l'activité est soit nulle, soit purement symbolique. Ainsi Ronsard, le poète, vivait de sa charge de... curé du prieuré de Saint-Cosme. Drôle de curé ce Monsieur Ronsard (Mignonne allons voir si la rose...).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
57De lui voir tout l' temps le nez
58Au milieu de la figure...
Le nez au milieu du visage
Emprunté à la locution : "cela paraît comme le nez au milieu du visage, se dit d'une chose très apparente." (citation tirée du LITTRÉ, 1876) .
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
59Je bats la campagne
Battre la campagne
Subtile double sens ici. Battre la campagne c'est parcourir en tous sens, mais lorsque c'est l'esprit qui bat la campagne...

Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,
Autant les sages que les fous ?

(La Fontaine - Perrette et le pot au lait).

On peut aussi battre la campagne comme Claude Roy :

Je bats la campagne, tu bats la campagne,
Il bat la campagne à coups de bâton.
La campagne ? Pourquoi la battre ?
Elle ne m'a jamais rien fait.

(Claude Roy - Enfantasques )

[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
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60Pour dénicher la
61Nouvelle compagne
62Valant celle-là,
63Qui, bien sûr, laissait beaucoup
64Trop de pierr's dans les lentilles,
Pierres dans les lentilles
Avant les supermarchés, on achetait les lentilles en vrac chez l'épicier et il n'était pas rare d'y trouver des petits cailloux. Étant enfant, j'ai souvent aidé ma grand'mère à trier les lentilles, ce qui consistait à les étaler bien à plat sur la table, puis à repérer les pierres au fait qu'elles n'étaient pas aussi rondes que les lentilles. Une épouse qui laissait des pierres dans les lentilles était une épouse négligente, qui mettait en danger la dentition de son mari.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
"En triant les lentilles" : titre d'une chanson (a priori postérieure à celle-ci) de Pierre Louki, ami de GB.
[contact auteur : Michel Cancy]
65Mais se pendait à mon cou
66Quand j' perdais mes billes!
Billes
Pour expliquer cette expression, j'ai consulté directement quelques vieux copains quinquas et sexas (première génération Brassens). J'ai été obligé de censurer des mails entiers. Voilà ce que donnent les réponses les plus convaincantes (et les plus décentes) :

A mon avis quand j'perdais mes billes veut dire quand je perdais des tunes, sous, blé, pépéttes, pognon etc. (cf: j'ai mis des billes dans cette affaire - ou je retire mes billes de cette affaire ou cette association) [benhamf]

Brassens avait des coliques néphrétiques. Il a souvent parlé des crises terribles où il devait pisser des "cailloux, choux, genoux, hiboux" d'une taille respectable. Ces crises étaient sa douleur à lui, la guerre de quatorze de Céline, la cécité de Ray Charles, la courte-cuisserie de Toulouse-Lautrec, la belgitude de Brel. Je ne suis pas urologue et je ne le regrette pas (quoique le touché rectal...) Je ne sais pas de quoi sont faites ces "billes". Mais putain, ça doit faire vachement mal et quand on trinque comme ça, on est bien content d¹avoir une bonne copine qui se pend à votre cou... [Pierre Ballouhey]

Je crois qu'il ne faut pas chercher trop loin. C'est la petite copine de l'école qui t'aime bien. Et quand elle te voit triste parce que tu as perdu tes billes en jouant contre un type plus fort que toi elle essaie de te consoler en t'embrassant. Le poète a grandi et la consolation est devenue une métaphore, je l'ai toujours compris comme ça. [lmjjchevallier]

J'ai aussi un autre copain qui m'assure que son père, grand jaspineur d'argomuche, employait "perdre ses billes" dans le sens d'être désemparé, déprimé, avoir le cafard... [pelisson.bouveret]

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Perdre ses billes
Dans l'analyse postée ci-dessus, c'est le dernier point qui est vrai : en argot, "perdre ses billes", c'est-être désappointé, décontenancé.
[contact auteur : Régis F.] - [compléter cette analyse]
Sens de l'expression
Je suis en plein accord avec l'explication de Monsieur "Pelisson Bouveret". Banlieusard de plus de 50 ans ayant pratiqué couramment la belle langue imagée dite "argot", je confirme sa proposition. Cela veut dire : avoir un coup de blues.
[contact auteur : Philippe P.] - [compléter cette analyse]
 
67Auprès de mon arbre,
68Je vivais heureux,
69J'aurais jamais dû m'éloigner d' mon arbre...
70Auprès de mon arbre,
71Je vivais heureux,
72J'aurais jamais dû le quitter des yeux...
 
73J'avais un' mansarde
Mansarde
Il s'agit d'une pièce située sous un comble et dont un mur est incliné, selon le Larousse.
Il est à rajouter que, que ce soit pour les maisons bourgeoises en milieu rural des XVIIIème ou XIXème siècles, ou les bâtiments urbains de la même période, les mansardes servaient à loger le personnel au service d'une famille aisée.

[contact auteur : Olivier Meunier] - [compléter cette analyse]
Complément
Cela vient du nom de l'architecte François Mansard au XVIIIe siècle, et de la forme particulière des combles des hôtels particuliers qu'il a dessinés (voir le quartier du Marais à Paris) ...
Généralement la pointe de la lucarne entraîne un double pan incliné ! On parle aussi de "toit à la Mansard" !
Situés au dernier étage des bâtiments concernés, la "lézarde sur le firmament" se comprend d'autant mieux...

[contact auteur]
74Pour tout logement,
75Avec des lézardes
76Sur le firmament,
77Je l'savais par coeur depuis
Le firmament
Pouvait être vu à travers les lézardes, ce qui avait donné au poète l'occasion d'apprendre par coeur la carte du ciel. D'où ce rôle de guide qu'il se donne pour emmener ses belles de nuit faire un tour au (7ème) ciel, ici symbolisé par la Grande Ourse. On reconnaît la virtuosité avec laquelle GB tricote les métaphores.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
78Et, pour un baiser la course,
79J'emmenais mes bell's de nuit
80Faire un tour sur la Grande Ourse...
Sur la Grande Ourse
Dans tout ça, il n'y a pas loin de monter au ciel. GB semble très efficace pour procurer aux femmes ce genre de voyage nocturne.
[contact auteur : Samuel S.] - [compléter cette analyse]
Complément
Dans le même registre, ces vers de Rimbeau dans Ma bohème sont aussi intéressants :
Mon auberge était à la grande Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

[contact auteur : Karim Saïah]
81J'habit' plus d' mansarde,
82Il peut désormais
83Tomber des hall'bardes,
Tomber des hallebardes
Une hallebarde est une pique sous la lame de laquelle est fixée une hache. Les Gardes Suisses du Vatican en sont encore équipés.
Il tombe des hallebardes = il pleut comme vache qui pisse.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Suisse
Le "Suisse" qui officiait naguère dans les églises d'une certaine importance portait une hallebarde à la main gauche, et une canne à pommeau d'argent dans la droite. C'était un personnage un tantinet ridicule que Fernand Raynaud a brocardé dans un de ses sketches au refrain célèbre à l'époque: "Tiens! V'là l'hallebardier!"
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
84Je m'en bats l'oeil mais,
85Mais si quelqu'un monte aux cieux
Monter au ciel
Cousin de "voir le 7ème ciel", c'est "s'envoyer en l'air", "prendre son pied", bref, jouir.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
86Moins que moi j'y paie des prunes:
J'y paie des prunes
Je te paie des prunes = je suis prêt à parier n'importe quoi, à payer cher pour voir ça
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
87Y a cent sept ans, qui dit mieux,
107 ans
Une éternité
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
88Qu' j'ai pas vu la lune !
Voir la lune
C'est voir le derrière de quelqu'un. Les quatre vers précédents pourraient donc s'analyser comme suit : "Mais si quelqu'un baise moins souvent que moi, je lui paye ce qu'il veut, car il y a une éternité que je n'ai pas vu le cul d'une femme dans mon lit".
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Au vu de ces quatre vers, j'interprète plutôt j'ai pas vu la lune comme une façon de dire "je ne suis pas monté aux cieux" (cf. vers 85), car si on est au ciel on est bien placé pour voir la lune. Le rapprochement lune/fesses marche aussi mais il me semble que dans l'esprit des vers c'est plutôt la notion de "ne pas avoir joui depuis des lustres" qui est présentée.
[contact auteur : Samuel S.]
Complément
Brassens remarque dans Le mauvais sujet repenti que la débutante peut :
Faire fortune
En bougeant l'endroit où le dos
R'ssemble à la lune

[contact auteur : Olivier Meunier]
Complément
Le terme "lune" est utilisé dans le même sens métaphorique dans le premier vers de l{S'faire enculer}l}.

Ici, Brassens emploie le terme à la fois au propre et au figuré : la mansarde que le narrateur regrette d'avoir abandonnée avait des "lézardes sur le firmament" - c'est-à-dire un toit percé par lequel on pouvait voir le ciel. En quittant ce logis pour un endroit mieux couvert, le narrateur s'est donc privé de la vue de la lune en tant qu'astre et en tant que partie du corps...

[contact auteur : Damien Bois]
La lune.
La métaphore est simple et peut paraître facile mais toute sa richesse vient des vers précédents, habilement constitués d'une succession d'expressions populaires et argotiques qui deviennent un vrai langage, un "parlage". Ce clin d'oeil de Georges nous empêche de trop nous épancher et démystifie la frustration et la tristesse de l'évocation.
[contact auteur : Michel Lavergne] - [compléter cette analyse]
 
89Auprès de mon arbre,
90Je vivais heureux,
91J'aurais jamais dû m'éloigner d' mon arbre...
92Auprès de mon arbre,
93Je vivais heureux,
94J'aurais jamais dû le quitter des yeux...

Georges Brassens