ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Hors album
Je bivouaque au pays de Cocagne
01Une rue sans joie où les sbires
Sbire
Le Petit Robert nous dit que le mot vient de l'italien "sbirro" ou "birro", mot péjoratif signifiant rouge ou roux, qui désignait les policiers (à cause de la couleur de leur uniforme). Chez nous c'était un policier brutal ou sans scrupules; c'est de plus en plus souvent un garde du corps, porte-flingue, nervi, homme de main. La rue de la chanson était si peu sûre que même les flics ne s'y aventuraient pas. Rien de nouveau sous le soleil.
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02Tout seuls ne s'aventurent pas,
03Un coupe-gorge et même pire,
04La venelle où traînaient mes pas !
Venelle et coupe-gorge
Une venelle, apparemment diminutif de "veine" (cf. les grandes "artères" de nos villes) est une ruelle.
Une ruelle méritait le nom de coupe-gorge lorsqu'elle était suffisamment étroite et mal éclairée pour permettre aux tire-laine et autres coupeurs de bourse de vous mettre impunément le couteau sous la gorge.
Il paraît que l'éclairage public (au gaz) dans Paris, au XIXème siècle, a considérablement fait baisser les agressions dans les rues. On veut bien le croire.

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05Mais j'avais mangé du poète,
Manger du poète
Expression dont on peut imaginer que GB l'a fabriquée à partir de "manger du lion", qui signifie être en pleine forme. Manger du poète, ce serait donc, à lire le reste du texte, voir la vie en rose ou porter sur la réalité un regard poétique qui l'embellit.
Rien à voir en tout cas avec "bouffer du curé", autre composante de la diététique (anthropophage) de Brassens. Voir Le mécréant repenti, entre autres.

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06Je marchais un peu sur la tête,
07Et cett' rue je l'ai traversée
08Comm' l'avenue des Champs Élysées.
 
09Je bivouaque au
10Pays de Co -
11Cagne depuis
12Que j'ai bouté
13La vérité
14Au fond du puits.
 
15Beauté du diable et qui n'inspire
16Pas l'envie d'aller en sabbat,
Sabbat
À l'origine, samedi, le jour de repos hebdomadaire dans la religion juive.
Par interprétation malveillante des Chrétiens (dixit le Robert) c'est le jour du Sabbat que les sorcières au Moyen-Âge se réunissaient pour dire leurs messes noires ou plus simplement se livrer à la débauche (rappelez-vous les manches à balai qu'elles chevauchaient pour s'envoyer en l'air : en voilà du symbole phallique au premier degré!)
Un sabbat a fini par désigner simplement une orgie, comme la pauvre orgie de la chanson.

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17Épouvantail et même pire,
18La fille m'offrant ses appas !
19Mais j'avais mangé du poète,
20Je marchais un peu sur la tête,
21Et j'ai changé cette petite
22En une Vénus Aphrodite.
 
23Je bivouaque au
24Pays de Co -
25Cagne depuis
26Que j'ai bouté
27La vérité
28Au fond du puits.
 
29Quatre anges déchus qui soupirent
30Si peu qu'on ne les entend pas,
31Jamais étreinte ne fut pire,
32Jamais amour vola si bas !
33Mais j'avais mangé du poète,
34Je marchais un peu sur la tête,
35Et quittant doucement la terre
36Je fus à bon port à Cythère.
Cythère
Pour Cythère, l'île de l'Amour, voir Les amours d'antan, L'andropause, etc.
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37Je bivouaque au
38Pays de Co -
39Cagne depuis
40Que j'ai bouté
41La vérité
42Au fond du puits.
Vérité
La vérité sort du puits, dit-on, ce qui signifierait que jusque-là elle était bien cachée. La "bouter", c'est à dire la jeter dans le puits, c'est la refuser.
Il faudrait donc comprendre : depuis que je refuse de voir la vérité en face, je suis parfaitement heureux (le Pays de Cocagne étant ce pays imaginaire où les jambons poussent sur les arbres, et où le vin coule aux fontaines).
Notons quand même que le poète dit qu'il y "bivouaque". Le bivouac est un campement provisoire. Tout ça ne va pas durer.

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Georges Brassens