ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Les amoureux des bancs publics
Je suis un voyou
Voyou
Individu sans scrupule ni moralité || enfant mal élevé, garnement Larousse
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Poétologie
Chanson bâtie à partir d'alexandrins asymétriques (7/5). Dans le premier quatrain (introduction), c'est l'alexandrin intact, puis ce même alexandrin est morcelé en 7 (rime féminine) et 5 (rime masculine)
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
01Ci-gît au fond de mon coeur une histoire ancienne,
02Un fantôme, un souvenir d'une que j'aimais...
03Le temps, à grands coups de faux, peut faire des siennes,
à grands coups de faux
Le temps s'apparente à la mort, qui est parfois représentée en faucheuse (et donc munie d'une faux)
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Complément
Au sujet du temps faucheur, voir aussi Les lilas
[contact auteur : Samuel M.]
04Mon bel amour dure encore, et c'est à jamais...
 
05J'ai perdu la tramontane
Perdre la tramontane
I.e. perdre le nord (de l'italien "tramontana" = étoile polaire) || vent froid soufflant dans le Languedoc et le Roussillon Larousse
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Tramontane
Complément : étymologiquement, "trans montana" = au delà des montagnes, ce qui pour les italiens est le Nord.
[contact auteur : Alex L.] - [compléter cette analyse]
06En trouvant Margot,
07Princesse vêtue de laine,
08Déesse en sabots...
Déesse
GB oppose Margot, qui est une déesse contre "Dieu" lui-même.
[contact auteur : Rodolphe H.] - [compléter cette analyse]
09Si les fleurs, le long des routes,
10S'mettaient à marcher,
11C'est à la Margot, sans doute,
12Qu'ell's feraient songer...
13J'lui ai dit: « De la Madone,
La madone
La sainte vierge
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14Tu es le portrait ! »
15Le Bon Dieu me le pardonne,
16C'était un peu vrai...
17Qu'il me le pardonne ou non,
18D'ailleurs, je m'en fous,
19J'ai déjà mon âme en peine :
20Je suis un voyou.
 
21La mignonne allait aux vêpres
Vêpres
(lat. vespera = soir) partie de l'office divin célébrée à la fin de la journée Larousse
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22Se mettre à genoux,
23Alors j'ai mordu ses lèvres
24Pour savoir leur goût...
25Ell' m'a dit, d'un ton sévère :
26« Qu'est-ce que tu fais là ? »
27Mais elle m'a laissé faire,
28Les fill's, c'est comm' ça...
29J'lui ai dit: « Par la Madone,
30Reste auprès de moi ! »
31Le Bon Dieu me le pardonne,
32Mais chacun pour soi...
Chacun pour soi
Un mélange d'individualisme et de blasphème léger : GB assimile Dieu à un rival amoureux (les vêpres = prières du soir). Pas question de lui céder la belle sous prétexte que c'est Dieu.
[contact auteur : Valentin D.] - [compléter cette analyse]
33Qu'il me le pardonne ou non,
34D'ailleurs, je m'en fous,
35J'ai déjà mon âme en peine :
36Je suis un voyou.
 
37C'était une fille sage,
38À « bouch', que veux-tu ? »
à bouche que veux-tu
Selon le Littré (1872) "Traiter quelqu'un à bouche que veux-tu, lui faire faire excellente chère ; et fig. être à bouche que veux-tu, avoir tout en abondance."
J'ai tendance à comprendre "j'ai croqué, à bouche que veux-tu, les fruits défendus", c-à-d. un rapport avec le repas, la chère. En tout cas, il y aurait lieu d'éliminer les guillemets superflus. Qu'on apprécie, en passant, à sa valeur délicate la variation de Brassens faisant du fruit défendu, des fruits défendus...

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Guillemets
Les guillemets, ainsi d'ailleurs que le point d'interrogation, figurent dans l'édition de BRASSENS, POEMES & CHANSONS, Editions Musicales 57, Paris, 1973. C'est une édition intégrale de tout ce qui avait à cette date été publié en DISQUES et on peut supposer que, GB étant encore vivant, il avait collaboré de près à l'édition du texte définitif. Elle a aussi servi de base pour l'orthographe et la ponctuation du présent site.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
39J'ai croqué dans son corsage
40Les fruits défendus...
Ces fruits défendus
Ces deux belles pommes
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Fruits défendus
Les textes sacrés ne précisent pas de quel fruit il s'agit. Il ne s'agit pas forcément d'une pomme (mais peut-être me trompé-je).
En tout cas, le "fruit défendu" a toujours été une métaphore pour le péché de chair.

[contact auteur : Valentin D.] - [compléter cette analyse]
41Ell' m'a dit d'un ton sévère :
42« qu'est-ce que tu fais là ? »
43Mais elle m'a laissé faire,
44Les fill's, c'est comm' ça...
45Puis j'ai déchiré sa robe,
46Sans l'avoir voulu...
47Le Bon Dieu me le pardonne,
48Je n'y tenais plus !
49Qu'il me le pardonne ou non,
50D'ailleurs, je m'en fous,
51J'ai déjà mon âme en peine :
52Je suis un voyou.
 
53J'ai perdu la tramontane
54En perdant Margot,
55Qui épousa, contre son âme,
épousa contre son âme
Mariage arrangé et forcé pour la jeune fille : courant dans les milieux catholiques à cette époque... surtout pour épouser un homme riche et influent
[contact auteur : Yoann Lopez] - [compléter cette analyse]
56Un triste bigot...
Bigot
D'une dévotion excessive, étroite Larousse
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Bigot
Féminin bigote: cf. la chanson de Brel "Les Bigotes" www.paroles.net/chansons/11578.htm
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Petite anecdocte rapportée par Joël Favreau
Un jour un homme vient voir Brassens et lui dit : "d'habitude, j'aime beaucoup vos chansons, mais là vous m'avez déçu. Pourquoi êtes-vous raciste ?"
Là, bien entendu, tout le monde était effaré d'entendre dire cela à propos de Jojo, lui qui est la tolérance et l'antiracisme personnifié.
Et la personne ajoute : "Dans je suis un voyou, vous dites un triste biCot !"

[contact auteur : Florent N.] - [compléter cette analyse]
57Elle doit avoir à l'heure,
58À l'heure qu'il est,
59Deux ou trois marmots qui pleurent
60Pour avoir leur lait...
61Et moi j'ai tété leur mère
62Longtemps avant eux...
63Le Bon Dieu me le pardonne,
64J'étais amoureux !
65Qu'il me le pardonne ou non,
66D'ailleurs, je m'en fous,
67J'ai déjà mon âme en peine :
68Je suis un voyou.

Georges Brassens