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Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Hors album
L'orphelin
01Sauf dans le cas fréquent, hélas !
02Où ce sont de vrais dégueulasses,
03On ne devrait perdre jamais
04Ses père et mère, bien sûr, mais
05À moins d'être un petit malin
06Qui meurt avant d'être orphelin,
07Ou un infortuné bâtard,
08Ça nous pend au nez tôt ou tard.
Pend au nez
Pendre au nez de quelqu'un - se dit d'un événement sur le point d'arriver à quelqu'un.
[contact auteur : Dorin P.] - [compléter cette analyse]
 
09Quand se drapant dans un linceul
Linceul
Le linceul étant le drap dans lequel on enveloppe les morts (mais d'ordinaire, on "se drape" plutôt dans une serviette de bain ou dans sa dignité), il faut entendre ici que les parents de l'orphelin meurent. Il ne serait d'ailleurs pas orphelin sans ça.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
10Ses parents le laissent tout seul,
11Le petit orphelin, ma foi,
12Est bien à plaindre. Toutefois,
13Sans aller jusqu'à décréter
14Qu'il devient un enfant gâté,
15Disons que dans son affliction
16Il trouve des compensations.
 
17D'abord au dessert aussitôt
18La meilleure part du gâteau,
19Et puis plus d'école, pardi
20La semaine aux quatre-jeudis.
21On le traite comme un pacha,
22À sa place on fouette le chat,
23Et le trouvant très chic en deuil,
Chic en deuil
Dans la première moitié du XXème siècle, les enfants portaient le deuil de leurs parents au moins un an. C'est à dire qu'ils allaient à l'école vêtus de noir, ou encore de violet. Très chic en effet. Le noir étant la couleur du smoking et des tenues de gala (pour les hommes du moins).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
24Les filles lui font des clins d'œil.
 
25Il serait par trop saugrenu
26D'énumérer par le menu
27Les faveurs et les passe-droits
28Qu'en l'occurrence on lui octroie.
29Tirant même un tel bénéfice
30En perdant leurs parents, des fils
31Dénaturés regrettent de
32N'en avoir à perdre que deux.
 
33Hier j'ai dit à un animal
34De flic qui me voulait du mal :
35"Je suis orphelin, savez-vous ?"
36Il me répondit : "Je m'en fous."
37J'aurais eu quarante ans de moins,
38Je suis sûr que par les témoins
39La brute aurait été mouchée.
Moucher
Ici dans le sens encore assez courant de réprimander, enguirlander, bref, engueuler.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
40Mais ces lâches n'ont pas bougé.
 
41Aussi mon enfant si tu dois
42Être orphelin, dépêche-toi.
43Tant qu'à perdre tes chers parents,
44Petit, n'attends pas d'être grand :
45L'orphelin d'âge canonique
âge canonique
C'était à l'origine l'âge prévu par le "Canon", c'est à dire les règlements de l'Eglise, pour qu'une femme puisse obtenir l'emploi de ménagère chez un curé. Il me semble que c'était quarante ans. L'idée, bien sûr, était qu'à partir de cet âge elle ne risquait plus d'éveiller chez l'homme d'Eglise un désir qui, lui, n'aurait pas été canonique du tout. Plus généralement, comme ici, une personne d'âge canonique signifie d'un âge respectable.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
46Personne ne le plaint : bernique !
Bernique !
Interjection. Exprime que l'espoir qu'on a est mal fondé et sera déçu. Le Petit Robert.
Equivalents : Rien à faire! Que dalle! Tu peux courir!

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47Et pour tout le monde il demeure
48Orphelin de la onzième heure.
Onzième heure
Allusion à une parabole de l'Evangile où Jésus met en scène "les ouvriers de la onzième heure", c'est à dire ceux qui se présentent trop tard dans la journée pour être normalement embauchés.
Ici donc, l'orphelin est trop vieux pour être plaint.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
49Celui qui a fait cette chanson
50A voulu dire à sa façon,
51Que la perte des vieux est par-
52Fois perte sèche, blague à part.
53Avec l'âge c'est bien normal,
54Les plaies du cœur guérissent mal.
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55Souventes fois même, salut !
56Elles ne se referment plus.
Près du coeur...
"Près du coeur les blessures
Ne se ferment jamais."

Refrain d'une chanson chantée par Hugues Aufray pendant le générique du film de José Giovanni "La loi du Survivant" (1966).

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Georges Brassens