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Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Fernande
Sauf le respect que je vous dois
01Si vous y tenez tant parlez-moi des affair's publiques,
02Encor' que ce sujet me rende un peu mélancolique,
03Parlez-m'en toujours, je n' vous en tiendrai pas rigueur...
04Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule,
Parlez-moi d'amour
Parlez-moi d'amour
Redites-moi des choses tendres
Votre beau discours
Je ne suis pas las de l'entendre...

Chanson de Jean Lenoir, immense succès des années 1930, à la lumière duquel le "j'vous fous mon poing sur la gueule" de Brassens sonne comme un gag surréaliste. Là encore, on est dans la provocation un peu potache que GB adore.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Mon poing sur la gueule
L'effet de surprise que mentionne Henri T. est renforcé par la faiblesse de la rime: on s'attendait à une rime masculine en "-gueur." Le stratagème sera utilisé dans toute la chanson, où chaque fois " mon poing sur la gueule" arrive comme, au mieux, une rime pas très riche (aïeule, linceul) et le plus souvent comme une vague assonance (rigueur, coeur, gueuse, fugueuse, onze heures, visqueuse). Quand on sait avec quelle méticulosité GB a soigné la richesse de ses rimes par ailleurs, on ne peut que croire à un effet délibéré ici.
[contact auteur : Didier Bergeret] - [compléter cette analyse]
05Sauf le respect que je vous dois.
 
06Fi des chantres bêlants qui taquin'nt la muse érotique,
07Des poètes galants qui lèchent le cul d'Aphrodite,
08Des auteurs courtois qui vont en se frappant le cœur...
09Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule,
10Sauf le respect que je vous dois.
 
11Naguère, mes idées reposaient sur la non-violence,
12Mon agressivité, je l'avais réduite au silence,
13Mais tout tourne court, ma compagne était une gueuse...
14Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule,
15Sauf le respect que je vous dois.
 
16Ancienne enfant trouvée n'ayant connu père ni mère,
17Coiffée d'un chap'ron rouge ell' s'en fut, ironie amère,
18Porter soi-disant une galette à son aïeule...
19Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule,
20Sauf le respect que je vous dois.
 
21Je l'attendis un soir, je l'attendis jusqu'à l'aurore,
22Je l'attendis un an, pour peu je l'attendrais encore,
23Un loup de rencontre aura séduit cette fugueuse...
24Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule,
25Sauf le respect que je vous dois.
 
26Cupidon, ce salaud, geste qui chez lui qui n'est pas rare,
27Avait trempé sa flèche un petit peu dans le curare,
Avait trempé sa flèche dans le curare
Ce sont les Indiens d'Amazonie qui trempent leurs flèches dans le curare, poison végétal assez violent qui détruit les nerfs moteurs et paralyse le gibier. Chez nous il a été utilisé en anesthésie et dans le traitement de certaines formes de schizophrénie.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
28Le philtre magique avait tout du bouillon d'onze heures...
Philtre et bouillon
Un philtre d'amour était une boisson magique garantissant le coup de foudre immédiat de l'être convoité, ou le retour d'affection de l'infidèle, etc...
Le bouillon d'onze heures, c'est autre chose : "Le jour du sabbat, une heure avant minuit, les sorcières préparaient un horrible bouillon réputé pour contenir des enfants morts, de la chair de pendu, des grenouilles et du millet noir. Quiconque en buvait ne tardait pas à trépasser". (Félix Benoît, Le Pot aux Roses)

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Au dix-septième siècle, "donner le bouillon" c'était empoisonner. A onze heures. Dernière heure de la journée et de la personne prenant le bouillon.
[contact auteur : Michel Cancy]
29Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule,
30Sauf le respect que je vous dois.
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31Ainsi qu'il est fréquent, sous la blancheur de ses pétales,
32La marguerite cachait une tarentule, un crotale,
Tarentule et crotale
La tarentule, grosse araignée velue et venimeuse, serait, comme son nom l'indique, originaire de Tarente, en Italie.
Le crotale, c'est le serpent à sonnette, par référence à une sorte de crécelle utilisée comme instrument rythmique (un peu comme nos maracas) dans l'Antiquité. Car la queue du crotale fait moins un bruit de sonnette que de crécelle, ce qu'illustrent de nombreux westerns.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
33Une vraie vipère à la fois lubrique et visqueuse...
Vipère lubrique
Insulte très à la mode chez les intellos du PCF dans les années 50 pour dénoncer les (social-)traîtres. Ils le regrettent parfois aujourd'hui:
Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, un débat agita le Parti : la morale de la liberté absolue prônée par l'existentialisme sartrien est-elle compatible avec le marxisme ? On peut déplorer la réponse négative, et que Sartre fut traité de ''vipère lubrique'' ou de ''hyène dactylographe'' - ce qui, pour être complètement crétin, dénote tout de même une certaine imagination dans l'invective. (L'Humanité, 29/11/2002)

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
34Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule,
35Sauf le respect que je vous dois.
 
36Que le septième ciel sur ma pauvre tête retombe !
37Lorsque le désespoir m'aura mis au bord de la tombe,
38Cet ultime discours s'exhalera de mon linceul :
39Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule,
40Sauf le respect que je vous dois.

Georges Brassens