Complément Dionysos : dieu grec de la Végétation et en particulier de la Vigne et du Vin, fils de Zeus et de Sémélé, appelé aussi Bakkhos, dont les Romains firent Bacchus. Le culte de Dionysos a contribué au développement de la tragédie et de l'art lyrique. Larousse [contact auteur]
Chiasme Le chiasme est la répétition en ordre inverse de deux termes. La chanson commence par un cas d'école de cette figure, qui sert ici à souligner le bredouillement de l'ivrogne et, plus profondément, à montrer le travail littéraire de l'écrivain de chanson : non seulement puiser parmi les figures de la rhétorique classique mais de plus adopter une syntaxe spécifiquement poétique, qui autorise à inverser l'ordre du complément d'objet et de son verbe. Comme souvent chez Brassens, le poète s'insinue dans les propos du personnage-narrateur. Quant aux termes mis en chiasme, l'invocation à Bacchus (personnage récurrent de la mythologie de Brassens - cf. par exemple Le Grand Pan) permet de caractériser d'emblée le personnage qui parle ("L'épave") en ivrogne.
Le second syntagme "j'appelle", par son caractère performatif (dire "j'appeler" c'est faire l'action d'appeler), insiste sur la détresse du personnage. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
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Ligne mélodique C'est peut-être ici le lieu de souligner combien la musique de Brassens est originale et, d'une certaine façon, audacieuse : quatre vers "montant" à chaque fois d'un ton et deux "redescendant" vers la tonique pour le vers-refrain, avec un étonnant bécarre à l'antépénultième. Les musiciens apprécieront. [contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Les souliers du va-nu-pieds L'indulgence du narrateur pour cet alter-ego est soulignée par ce "vous auriez fait pareil" qui, chose exceptionnelle chez GB, fait de l'auditeur son interlocuteur direct. Ce sentiment est confirmé plus haut par "croyant tout de bon" ( = en toute bonne foi) et ensuite par l'exclamation "Pauvre homme !" [contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Vous Certes l'auditeur est pris comme destinataire, mais alors il faut considérer que l'adresse à Bacchus du premier vers n'a servi à rien. C'est donc une chanson de la désillusion, qui entérine en quelque sorte que le grand Bacchus est mort, ou, tout du moins que les dieux ne répondent plus pour les ivrognes (Le Grand Pan). Si l'on considère au contraire que c'est à Bacchus que s'adresse l'incise Vous auriez fait pareil (c'est possible mais semble moins pertinent), alors le dieu se retrouve privé de chaussures lui aussi et surtout tenté par le vol d'un de ses adorateurs, ce qui ne manque pas de saveur. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Vous Je pense plutôt que GB nous fait une petite blague en nous prenant à témoin, et même plus. En clair, GB se retourne vers nous (l'auditeur) et nous dit : "vous, vous ne valez pas mieux que les autres". Il nous met dans le même sac que ses détrousseurs, le bougre. C'est de l'humour, bien sûr. [contact auteur : Claude Polez] - [compléter cette analyse]
Chemin de Damas Le chemin de Damas symbolise l'éclaircissement soudain de l'esprit et des idées.
L'expression est née d'une référence à un récit biblique. Jésus apparaît à Saül (qui deviendra ensuite Saint Paul) sous une forme lumineuse éclatante. Il lui commande de se rendre à Damas. C'est là que commence sa carrière de disciple. [contact auteur : Rudy S.] - [compléter cette analyse]
Complément Probablement le seul texte dans toute la littérature francophone où le chemin de Damas rime avec "godasses"! L'effet est doublement surprenant: le fossé énorme entre les deux registres, et la rime féminine forcée ("Dama-asse"). Je trouve que les deux contribuent à désacraliser, en la ridiculisant un peu, la référence religieuse. [contact auteur : Didier Bergeret]
Dessiller "Dessiller" signifie séparer les paupières qui étaient jointes, et "dessiller les yeux à quelqu'un" signifie "lui faire voir la vérité".
On constate que Brassens joue ici de manière habile avec les deux sens du terme… [contact auteur : Mateo S.] - [compléter cette analyse]
La chemise d'un homme heureux Il semble que "la chemise d'un homme heureux" soit l'objet de la quête du fils d'Haroun-al-Raschid, dans Les Enfants du Capitaine Grant, de Jules Verne. En effet, pour trouver le bonheur, un vieux sage lui recommande d'enfiler "la chemise d'un homme heureux", et le prince parcourt le monde afin d'essayer des chemises de rois, seigneurs, artistes, guerriers, etc. etc. Sans succès. Il finit cependant par croiser un joyeux paysan qui chantonne en son champ et lui reflète l'image du bonheur qu'il recherche. Aussi il l'interroge pour savoir ce qu'il désire contre sa chemise. A quoi le paysan lui répond : "Ma chemise ? Je n'en ai point".
[voir www.biblisem.net/narratio/verneche.htm] [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément Un personnage de Voltaire tenait à tout prix à acheter la chemise que portait un homme heureux pour capter, ainsi, sa fidélité. [contact auteur : Daniel Benaim]
Complément Expression que Brassens semble apprécier puisqu'on la retrouve dans Saturne : Je te regarde et je te donne
Mon billet qu'ils n'ont pas menti [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Complément Les génitoires c'est un terme vieilli ou plaisant pour désigner les testicules, ou couilles.
J'ai regardé dans trésor de la langue française informatisé et je suis agréablement surpris d'y voir justement une citation de Brassens : atilf.atilf.fr [contact auteur : Vincent Barbier]
Petite vertu Une femme de petite vertu est une prostituée mais ici il y a un raccourci "une petit' vertu" (appelé ellipse en grammaire et métonymie en rhétorique), qu'on peut interpréter comme la marque d'une dynamisation du récit. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Une petite vertu, rentrant de travailler C'est bien la seule fois que GB met en scène une péripatéticienne qui ne soit pas, par quelque côté, touchante. Mais l'exception, ici, fait la règle, comme pour le va-nu-pieds, l'étudiant et la femme de l'ouvrier : ça n' fait rien... [contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
A propos de la pèlerine Georges Brassens fait ici un clin d'oeil à un gendarme qui, l'apercevant dehors après un tour de chant (Brassens était allé prendre l'air, car ne se sentant pas très bien), le couvrit avec sa pèlerine. [contact auteur : Robert C.] - [compléter cette analyse]
Moi le fier, le bravache Cette expression a peut-être été inspirée par Jules Vallès qui, dans son livre Le Bachelier, chapitre 1, l'utilise pour l'autodérision :
" Moi le fier, moi le brave, je me sens pâlir et je crois que je vais pleurer. " [contact auteur : Gaël Sánchez Cano] - [compléter cette analyse]
Honteuse, retombe lourdement, bouche pâteuse... Le choix, si heureux, des mots est souligné par les accents de la mélodie et la diction de GB qui marque bien les diphtongues à consonance pesante. [contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Singulier Tout Brassens est là : Nous vivons un temps bien singulier, c'est à dire Ma pauv' dame, quelle drôle d'époque! ou encore: De mon temps, ah! de mon temps, jeune homme, les taverniers, les étudiants, et même les putes savaient se tenir etc. Bref, il enfourche un cliché de conversation de bistrot, ou de concierge, et il en fait une chanson qui non seulement est tout à fait originale en soi, mais se permet même l'élégance d'être originale par rapport à ses clichés habituels à lui, puisqu'on y voit un flic compatissant.
Singulier (c'est à dire unique) Brassens! [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Le pluriel des singuliers D'après la structure des couplets antérieurs, on s'attendrait ici à quelque chose comme : il y a des "moi" bien singuliers.
Par ailleurs, dans tous les couplets antérieurs, le dernier vers contient un pluriel avec le mot "singulier" ; cette dernière forme, singulière pour son "singulier", confère aussi à ce vers un poids énorme au niveau structurel : un temps bien singulier (non pluriel). [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Complément Je pense que Brassens chante ici l'exact inverse de tout ce qu'il a toujours défendu : les gens du peuple, les "putes", et finalement ce sont les flics qui l'aident.
En revanche lui ne change pas et continue de prendre leur cause car il chante à chaque fois "ça n'fait rien". Il critique ainsi toute la société et reste clair sur sa position. [contact auteur : Nassim Trognon]