ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Supplique pour être enterré à la plage de Sète
La fessée
01La veuve et l'orphelin, quoi de plus émouvant ?
02Un vieux copain d'école étant mort sans enfants,
03Abandonnant au monde une épouse épatante,
04J'allai rendre visite à la désespérée.
05Et puis, ne sachant plus où finir ma soirée,
06Je lui tins compagnie dans la chapelle ardente.
 
07Pour endiguer ses pleurs, pour apaiser ses maux,
08Je me mis à blaguer, à sortir des bons mots,
09Tous les moyens sont bons au médecin de l'âme...
10Bientôt, par la vertu de quelques facéties,
11La veuve se tenait les côtes, Dieu merci !
12Ainsi que des bossus, tous deux nous rigolâmes.
Double-sens
Si G.B. et sa nouvelle compagne rigolèrent (selon l'expression) "comme des bossus", on peut voir là un deuxième sens selon lequel ils se raillèrent autant de Dieu (cité au vers précédent) que des malheureux bossus.
[contact auteur : Olivier C.] - [compléter cette analyse]
Complément
Il y a aussi, et c'est plus sûr, le détournement d'expressions, va savoir laquelle ? "rire comme un bossu" et "jouer à la bête à deux dos".
Faire rire ainsi les deux personnages les met en complicité, ce qui permet "d'aller plus loin" dans le déroulement de l'intrigue.
Cela permet surtout au narrateur de montrer dans quel état d'esprit se fait la veillée. Les deux personnages ne sont pas vraiment dans l'affliction et le tour comique est ajouté par l'utilisation du passé simple et du verbe "rigoler".

[contact auteur : Pascal L.]
 
13Ma pipe dépassait un peu de mon veston.
14Aimable, elle m'encouragea : "Bourrez-la donc,
Double sens
Le double sens de ce "bourrez-la donc", avec sa forte connotation sexuelle, n'aura échappé à personne...
[contact auteur : Alex L.] - [compléter cette analyse]
Complément
Vu la savante graduation de la scène, je ne pense pas que ce double-sens un peu "sollicité", à ce stade du récit, soit justifié. Il y a suffisamment d'allusions paillardes, chez GB, sans en imaginer partout.
[contact auteur : Dominique Chailley]
Complément
Je souscris quant à moi à l'interprétation "coquine" de cet hémistiche. Brassens a montré à de très nombreuses reprises, et très tôt dans son œuvre, une grande ouverture d'esprit en ce qui concerne les choses du sexe : depuis Les radis au début des années 50 jusqu'à S'faire enculer au début des années 80, en passant par des textes "encore pires" comme Le petit-fils d'Œdipel}, il est clair que Brassens, fait rarissime pour son époque, ne reculait pas devant une allusion sexuelle, y compris à des pratiques "hors normes". Si on ajoute à cela son goût pour le double sens, il semble indubitable que le "bourrez-la donc" de la veuve éplorée soit effectivement un double sens à peine dissimulé.
[contact auteur : Damien Bois]
15Qu'aucun impératif moral ne vous arrête,
16Si mon pauvre mari détestait le tabac,
17Maintenant la fumée ne le dérange pas !
18Mais où diantre ai-je mis mon porte-cigarettes ?"
DOUBLE SENS
Effectivement cette strophe est emplie d'allusions sexuelles. La présence de termes équivoques apparaît trop flagrante pour relever de la simple coïncidence : la "pipe" qui "dépasse du veston", la belle qui l'incite à "bourrer", "dis entre", "le porte cigarettes"...
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
 
19À minuit, d'une voix douce de séraphin,
Séraphin
Ange de la 1ère hièrarchie Littré.
Toujours ce goût des personnages mythologiques et les références au sacré.

[contact auteur : Olivier P.] - [compléter cette analyse]
20Elle me demanda si je n'avais pas faim.
21"Ça le ferait-il revenir, ajouta-t-elle,
22De pousser la piété jusqu'à l'inanition
23Que diriez-vous d'une frugale collation ?"
24Et nous fîmes un petit souper aux chandelles.
Souper aux chandelles
Est-il bien nécessaire de souligner la trouvaille cierges funèbres = chandelles...
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Complément
Ce n'est pas l'unique fois où GB détourne les cierges liturgiques de leur fonction première...
Cf. Mélanie par exemple.

[contact auteur : Alexandre E]
 
25"Regardez s'il est beau ! Dirait-on point qu'il dort ?
26Ce n'est certes pas lui qui me donnerait tort
27De noyer mon chagrin dans un flot de champagne."
28Quand nous eûmes vidé le deuxième magnum,
29La veuve était émue, nom d'un petit bonhomme!
30Et son esprit se mit à battre la campagne...
 
31"Mon dieu, ce que c'est tout de même que de nous !"
Ce que c'est tout de même que de nous
Expression employée par Bossuet dans ses Oraisons Funèbres
[contact auteur : Virginie Y.] - [compléter cette analyse]
Complément
Et Georges Duroy ("Bel-Ami" de Maupassant) murmure cette expression -- "Ce que c'est que de nous, tout de même!" -- avant de partir pour Cannes pour assister Madeline Forestier qui avait écrit : "...c'est de venir m'assister, de ne pas me laisser seule aux derniers moments de Charles qui va mourir." Ce qu'il fera avec l'idée d'un mariage derrière la tête... (Première Partie -- Chapitre VIII), A relire !
[contact auteur : Ralf Tauchmann]
32Soupira-t-elle, en s'asseyant sur mes genoux.
33Et puis, ayant collé sa lèvre sur ma lèvre,
34"Me voilà rassurée, fit-elle, j'avais peur
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35Que, sous votre moustache en tablier d' sapeur,
Tablier de sapeur
Petit Robert (1996) :
Argot familier : Toison pubienne abondante (d'une femme).

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Complément
Le tablier de sapeur est aussi une spécialité culinaire de la région lyonnaise à base de gras-double. Le nom «Tablier de sapeur», originellement appelé «tablier de Guignol», proviendrait du Maréchal de Castellane, gouverneur militaire de Lyon sous Napoléon III et ancien sapeur du Génie : ces sapeurs portaient un tablier de cuir pour protéger leur tenue pendant les travaux de force.
[contact auteur : Charles Aknin]
36Vous ne cachiez coquettement un bec-de-lièvre..."
 
37Un tablier d' sapeur, ma moustache, pensez !
38Cette comparaison méritait la fessée.
39Retroussant l'insolente avec nulle tendresse,
40Conscient d'accomplir, somme toute, un devoir,
41Mais en fermant les yeux pour ne pas trop en voir,
42Paf ! J'abattis sur elle une main vengeresse !
 
43"Aïe ! Vous m'avez fêlé le postérieur en deux !"
Blague
Cette strophe est une énorme blague admirablement introduite et très bien placée... Cette fêlure dont GB parle, c'est une fêlure que nous possédons tous...
[contact auteur : Florent L.] - [compléter cette analyse]
44Se plaignit-elle, et je baissai le front, piteux,
45Craignant avoir frappé de façon trop brutale.
46Mais j'appris par la suite, et j'en fus bien content,
47Que cet état de chos's durait depuis longtemps :
48Menteuse ! La fêlure était congénitale.
 
49Quand je levai la main pour la deuxième fois,
50Le coeur n'y était plus, j'avais perdu la foi,
51Surtout qu'elle s'était enquise, la bougresse :
Bougre - Bougresse
Voilà un qualificatif de circonstance si l'on se souvient qu'il désignait, notamment au XVIIIe (cf le Marquis de Sade), les descendants de Sodome...
[contact auteur : Franck R.] - [compléter cette analyse]
52"Avez-vous remarqué que j'avais un beau cul ?"
53Et ma main vengeresse est retombée, vaincue,
54Et le troisième coup ne fut qu'une caresse...
 
55"Avez-vous remarqué que j'avais un beau cul ? "
56Et ma main vengeresse est retombée, vaincue,
57Et le troisième coup ne fut qu'une caresse...

Georges Brassens