Mélodie Brassens a utilisé deux fois la même mélodie, d'abord sur le poème d'Aragon, Il n'y a pas d'amour heureux, puis sur celui de Francis Jammes, La prière.
Il s'en est expliqué dans une interview où il raconte qu'au XIXème siècle circulaient des mélodies de base (un peu comme pour le blues en jazz) sur lesquels les chanteurs pouvaient faire coller les paroles qu'ils avaient composées. Ces mélodies passe-partout s'appelaient des "timbres".
Les timbres ont été utilisés jusque dans les années 50 en France, notamment par les chansonniers du Grenier de Montmartre (sur Paris Inter) qui écrivaient ou même improvisaient des couplets d'actualité sur des airs standards, dont le public reprenait les refrains.
Mais voyant que ce qu'il avait cherché à ressusciter était mal compris, ("Qui c'est ce flemmard qui nous sert deux chansons sur le même air?") Brassens ne renouvela pas l'expérience. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Maxime Le Forestier a fait remarquer l'ironie de cette situation: les deux seuls textes que Brassens a dotés d'une même musique sont l'un du très communiste Aragon et l'autre du très catholique Francis Jammes. [contact auteur : Didier Bergeret]
Calvaire A l'origine, le poème de Francis Jammes Les mystères douloureux (1905), comportait 5 couplets : 1- Agonie
2- Flagellation
3- Couronnement d'épines (supprimé par G.B.) 4- Portement de croix
5- Crucifiement
Dans le 3) (Couronnement d'épines), F. Jammes réfléchissait sur son sort de poète et cherchait vers le Christ son inspiration. "Par le poète dont saigne le front qui est ceint des ronces des désirs que jamais il n'atteint : Je vous salue, Marie"
Il faut savoir que Jammes était résolument chrétien, particulièrement en 1905, où il s'était de nouveau adonné à la pratique religieuse. Il est intéressant de remarquer que GB, loin d'être un fervent catholique, a néanmoins choisi de chanter une prière particulièrement pieuse.
Le couplet "Invention de Notre Seigneur au Temple", est écrit quant à lui par GB en personne. Ce titre est probablement choisi pour indiquer que ce couplet est une contribution de GB au poème. Contribution assez ironique toutefois, puisque GB se compare à "Notre Seigneur" (sous-entendu le Christ). De la même façon que Jammes comparait son travail de souffrance dans le 3e couplet à celui du Christ. Ainsi, GB se moquerait-il de F.J. dans cet ultime couplet, répondant sous des accents christiques aux implorations de F.J. ? [contact auteur : Damien V.] - [compléter cette analyse]
Complément Dans son recueil L'église habitée de feuilles (1906), que je n'ai pas sous la main, Francis Jammes illustre les Avé Maria (faut vérifier si tous les 150) et les 15 mystères (= moments de la vie de Jésus) de la prière du Rosaire. Ces mystères sont: Les Mystères joyeux :
Annonciation - Visitation - Nativité - Purification - Jésus retrouvé au Temple. Les Mystères douloureux :
Agonie - Flagellation - Couronnement d’épines - Portement de croix - Mort du Christ en croix. Les Mystères glorieux :
Résurrection - Ascension - Pentecôte - Assomption - Couronnement de la Vierge.
En 2002, Jean-Paul II y a ajouté les Mystères lumineux :
Baptême du Seigneur - Noces de Cana - Annonce du Royaume - Transfiguration - Institution de l’Eucharistie. [contact auteur : Ralf Tauchmann]
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Référence à la Passion Référence à l'Evangile selon Saint Matthieu chapitre 27, verset 32 et l'Evangile selon Saint Marc 15, 21.
Pendant le Chemin de Croix, les soldats réquisitionnent un homme revenu des champs, Simon de Cyrène, pour porter la Croix du Christ, qui est à bout de forces. Le Fils est une référence à l'expression "Le Fils de l'homme", par laquelle Jésus se définit lui-même. Le Christ est également le Fils de Dieu.
On connaît le caractère anticlérical de certaines chansons de Brassens, voire franchement sacrilège sur la fin de sa vie, mais cette prière de Jammes est touchante par sa sincérité et par les images qu'elle évoque. [contact auteur : Alexandre T.] - [compléter cette analyse]
Dernier couplet Ce couplet est la note personnelle de GB. Voilà qu'en un air de musique, GB arrive à détourner l'idée originale du texte de F.J.
F. Jammes, qui cherchait dans la souffrance du monde et celle du Christ une réponse à ses propres tourments, se voit répondre par GB dans ce dernier couplet.
GB prend ici le contrepied de la démarche de FJ : ce dernier pointait la misère du monde, telle qu'a été la souffrance de Jésus. GB quant à lui met en avant le bonheur retrouvé. En signant lui aussi le couplet par un ave maria, GB signifie ainsi que la souffrance n'est qu'une invention divine pour glorifier le message de Dieu. Dieu ne prend que pour mieux redonner, et inversement, il ne donne que pour mieux reprendre. L'étendue de son pouvoir n'est donc que virtuelle, est bonne à duper que les imbéciles. [contact auteur : Damien V.] - [compléter cette analyse]
Complément Cette dernière strophe est tirée des Mystères Joyeux de F. Jammes qui, avec les Mystères douleureux et les Mystères glorieux, illustrent les mystères du Rosaire. [contact auteur : Ralf Tauchmann]