ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Le pornographe
Comme une soeur
01Comme une sœur tête coupée,
02Tête coupée,
Tête coupée
Ressembler à quelqu'un "tête coupée", c'est lui ressembler trait pour trait, en être un véritable sosie.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
La ressemblance est évoquée par l'expression "comme une soeur". Pour comprendre "tête coupée", il faut se mettre à la place du narrateur qui, de la berge, voit cette fille dans l'eau : il n'en voit que la tête. Elle est jeune, jolie, fraîche : elle évoque les têtes de poupée qu'on trouve parfois détachées, chez les brocanteurs... Pour ce qui est de son corps, il devine bien que la copie sera supérieure au modèle. Il en "donnerait sa tête à couper" avant de plonger, mais ce n'est pas ici le sens que donne GB à ces deux mots qu'on peut lire - c'est le cas de le dire - comme une incise : "Corps mis à part, elle ressemblait à sa poupée".
[contact auteur : Dominique Chailley]
03Ell' ressemblait à sa poupée,
04À sa poupée,
Femme-poupée
Cette chanson est de 1957ou 58. L'édition originale de "Lolita", de Nabokov, est parue en 1955 à Paris, mais en anglais. A-elle pu influencer GB ? Le thème de la femme-fille-poupée se retrouve dans plusieurs de ses chansons de cette époque.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
05Dans la rivière, elle est venue
06Tremper un peu son pied menu,
07Son pied menu.
Pied menu
A noter, le double sens du mot "menu" puisqu'il va bientôt croquer un bout de ce pied :
- en adjectif, pour signifier 'petit'
- en substantif pour désigner la liste des plats qui composent un repas

[contact auteur : Charles Schotman] - [compléter cette analyse]
 
08Par une ruse à ma façon,
09À ma façon,
10Je fais semblant d'être un poisson,
Allusion
Le poète fait une allusion au thème mythologique de la métamorphose
[contact auteur : Timothé E.] - [compléter cette analyse]
11D'être un poisson.
12Je me déguise en cachalot
Cachalot
On dit aussi "cachalot sous galet" pour paraphraser "anguille sous roche"
[contact auteur : Gil B.] - [compléter cette analyse]
Cachalot
Jeu phonétique avec le poisson qui se "cache à l'eau" (le narrateur se camoufle aussi dans l'histoire)
[contact auteur : Charles Schotman] - [compléter cette analyse]
13Et je me couche au fond de l'eau,
14Au fond de l'eau.
 
15J'ai le bonheur, grâce à ce biais,
Biais
Quand on ne peut pas arriver au but directement, on tente d'y arriver indirectement = en biais. Par le biais de = au moyen de.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
16Grâce à ce biais,
17De lui croquer un bout de pied,
Biais - pied
À propos de cette rime biais / pied, qu'on peut trouver approximative si on fait la différence biais (ê) et pied (é), voir dans Auprès de mon arbre le commentaire sur Judée / futaie.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
18Un bout de pied.
19Jamais requin n'a, j'en réponds,
Requin n'a, j'en réponds
Notez le jeu de la sonorité "n'a j'en" précédent requin donnant l'homonyme "requin nageant".
[contact auteur : Arnaud Lefèvre] - [compléter cette analyse]
20Jamais rien goûté d'aussi bon,
21Rien d'aussi bon.
 
22Ell' m'a puni de ce culot,
23De ce culot,
24En me tenant le bec dans l'eau,
Rester le bec dans l'eau
Ne rien pouvoir faire, avoir échoué.
Encore une expression imagée prise au pied de la lettre et détournée de façon pittoresque. Cette façon de prendre les clichés, images, métaphores toutes faites au pied de la lettre, de les retourner en leur redonnant leur signification littérale, est au coeur de la langue de Brassens.
Ex : Tombé tout chaud tout rôti contre sa bouche. J'm'étais crevé les yeux à regarder de trop près son corsage. Qui vous mène par le bout du coeur. Les chemins qui ne vont pas à Rome...

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Tenir quelqu’un le bec dans l’eau, c’est aussi, selon l’Académie Française, l’« amuser de belles paroles, de belles promesses, tenir en suspens, sans donner de réponse positive. »
La jeune fille se venge non seulement en lui tenant la tête sous l’eau mais aussi en le faisant « mariner », en le maintenant dans l’incertitude.

[contact auteur : Nicolas R.]
Complément
L'expression "rester le bec dans l'eau" signifie "être à court d'argument", "ne pas savoir comment se tirer d'affaire"
[contact auteur : André Gindorff]
25Le bec dans l'eau.
26Et j'ai dû, pour l'apitoyer,
27Faire mine de me noyer,
28De me noyer.
 
29Convaincue de m'avoir occis,
30M'avoir occis,
31La voilà qui se radoucit,
32Se radoucit,
33Et qui m'embrasse et qui me mord
Qui m'embrasse et qui me mord
évoque poétiquement le geste salvateur du bouche-à-bouche
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
34Pour me ressusciter des morts,
35-citer des morts.
 
36Si c'est le sort qu'il faut subir,
37Qu'il faut subir,
38À l'heure du dernier soupir,
39Dernier soupir,
40Si, des noyés, tel est le lot,
41Je retourne me fiche à l'eau,
42Me fiche à l'eau.
 
43Chez ses parents, le lendemain,
44Le lendemain,
45J'ai couru demander sa main,
46-mander sa main,
47Mais comme je n'avais rien dans
48La mienne, on m'a crié: "Va-t'en !",
49Crié: "Va-t'en !"
 
50On l'a livrée aux appétits,
Appétit
étymologiquement, "appétit" signifie "désir" (lat. appetitus)
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
51Aux appétits
52D'une espèce de mercanti,
Mercanti
(de l'italien "mercante" = marchand) commerçant malhonnête, âpre au gain Larousse
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
53De mercanti,
54Un vrai maroufle, un gros sac d'or,
Maroufle
Chez Rabelais, un maroufle c'est un fripon.
Le mot serait une autre forme de "maraud", qui lui aussi signifie voleur. Larousse Étymologique
Pour Brassens l'anarchiste, et pour pas mal de gens qui ne le sont pas, un individu très riche ne saurait être qu'un voleur.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
55Plus vieux qu'Hérode et que Nestor,
Hérode
(75-4 av. J.-C.) roi des juifs brutalement puissant
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément
Il y eut plusieurs Hérode.
Le plus connu est responsable du massacre des 'saints innocents' ; il est celui qui fit couper la tête de Jean le Baptiste, c'est lui aussi qui fit édifier la forteresse de Masada, près de la Mer Morte (elle servit de refuge ultime aux zélotes révoltés contre Rome en 70 ap-J-C; la fortesse fut prise d'assaut après de gigantesques travaux et les zélotes se suicidèrent pour ne pas être pris par les Romains.)
Cet Hérode était surnommé 'le grand' (voir 'La guerre des Juifs' par Flavius Josèphe) pour le distinguer de Hérode Antipas ,devant lequel parut Jésus, qui le renvoya à Pilate, d'où l'expression "envoyer d'Hérode à Pilate".

[contact auteur : André Gindorff]
Nestor
Roi légendaire de Pylos, héros de la guerre de Troie, type du vieillard sage conseiller
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
56Et que Nestor.
 
57Et depuis leurs noces j'attends,
58Noces j'attends,
59Le coeur sur des charbons ardents,
60Charbons ardents,
61Que la faucheuse vienne cou-
La faucheuse
C'est la mort, que l'allégorie représente en squelette drapé dans un linceul et brandissant une faux (voir Oncle Archibald).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Couper l'herbe sous le pied à quelqu'un
Locution idiomatique : "couper, faucher l'herbe sous le pied à qqn : frustrer qqn d'un avantage en le devançant, en le supplantant" (Petit Robert)
En même temps, avec la "faucheuse", cette expression figurée reprend ici son premier sens (sens de motivation de l'image).

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
62-per l'herbe aux pieds de ce grigou,
La vie : le plus cher bien
La rime coupée avec le verbe "cou // per" évoque une hésitation. Si le "je" de cette chanson souhaite la mort du "grigou", il souhaite sa mort naturelle. Mais cette hésitation même fait que "cou" et "couper" s'entremêlent pour le moment de la césure de fin de vers... un exemple comment la forme (en l'occurrence la rime coupée) influe sur l'interprétation possible d'un vers...
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
63De ce grigou.
 
64Quand ell' sera veuve éplorée,
65Veuve éplorée,
66Après l'avoir bien enterré,
Après l'avoir bien
Le sens premier (l'avoir enterré correctement) est relayé par le second (l'avoir enterré une bonne fois pour toutes, l'avoir rayé de ses souvenirs).
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
67Bien enterré,
68J'ai l'espérance qu'elle viendra
69Faire sa niche entre mes bras,
70Entre mes bras.

Georges Brassens