Les deux oncles En 1964, vingt ans après la Libération, Brassens provoque avec cette chanson un gros tollé ! De Gaulle "regnante" c'était un pavé dans la mare retentissant (surtout qu'il en rajoute une couche avec La tondue).
On pense à Uranus de Marcel Aymé (qui meurt en 1967). [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Complément Trouvé ce qui suit dans le bulletin du site fondé et animé par Pierre Schuller : www.aupresdesonarbre.com
Ce texte m'interpelle toujours (comme on dit maintenant) et voici pourquoi :
Je suis né en 1943, d'un père Alsacien qui, ayant refusé de porter l'uniforme nazi, avait rejoint le maquis. Mon oncle avait choisi, lui, de s'engager dans les FFL en Algérie. Un autre de mes parents, parti avec les Brigades internationales, est mort en Espagne. Dans les années 60 et par la suite, j'ai personnellement milité contre nos guerres coloniales et contre le fascisme qui survivait de l'autre côté des Pyrénées.
C'est vous dire la tristesse que j'ai ressentie en écoutant "Les deux oncles" chantée par GB sur son disque de 1964. Voir Brassens mettre sur le même plan un collabo et un résistant et l'entendre chanter "Moi, qui n'aimais personne, eh bien ! je vis encor." m'a fait douter de celui que j'admirais depuis 53-54. Que les choses soient bien claires : autant "Mourir pour des idées" et la "La tondue" ne me gênent pas du tout, autant "Les deux oncles" me laissent toujours un sentiment amer car je pense que Brassens y fait dès le départ un contre-sens. L'oncle Martin, le résistant, ne s'était certainement pas engagé par amour des Tommies mais plus simplement pour se battre contre l'occupant et pour la liberté. Quant à l'autre oncle, Gaston, il avait fait le choix de la collaboration avec les nazis pour les aider dans la chasse aux résistants et aux juifs...
Pierre Louki, dans quelques pages de son beau livre "Avec Brassens", dit lui aussi son aversion pour cette chanson. Je me sens donc en bonne compagnie... Aimer Brassens, et dire que son oeuvre est sans nulle autre pareille dans la chanson française, ne doit pas nous faire abandonner tout esprit critique. [contact auteur : Henri T.]
Complément Très juste. L'intervention qui suit néglige deux faits: le premier, que beaucoup de Français détestaient les Anglais qui avaient massacré les nôtres (leurs alliés!) à Mers El Kébir, puis qui avaient souvent tué nombre de civils avec des bombardements «calculés larges». Le second, que dans les Brigades internationales, il y avait aussi beaucoup de tueurs patentés, d'extrémistes et de conseillers politiques envoyés par Staline. Je pene que Brassens avait raison: le blanc et le noir purs n'existent pas. [contact auteur : Vincent Naville]
Complément L'intervention qui précède, certainement sincère mais pour le moins naïve, néglige deux faits: le premier, que beaucoup de Français détestaient les Anglais qui avaient massacré les nôtres (leurs alliés!) à Mers El Kébir, puis qui avaient souvent tué nombre de civils avec des bombardements «calculés larges». Le second, que dans les Brigades internationales, il y avait aussi beaucoup de tueurs patentés, d'extrémistes et de conseillers politiques envoyés par Staline. Je pene que Brassens avait raison: le blanc et le noir purs n'existent pas. [contact auteur : Vincent Naville]
Complément Je me demande si la chanson n'est peut-être pas tout à fait ironique, et si au lieu de prôner la réconciliation nationale, Brassens ne déplore plutôt l'instabilité des intérêts nationaux, qui font mourir les gens pour des idées mais qui n'hésitent pas à faire des affaires avec leur pire ennemi de quelques années auparavant. A voir les choses ainsi on peut pas s'empêcher, comme lui, de devenir anarchiste... [contact auteur]
Forme Chanson très classique dans la facture :
60 alexandrins, de rimes masculines suivies, divisés en 15 quatrains.
Le système du quatrain se poursuit dans la musique : rythme à 4 temps articulé sur 4 accords (Do, Ré, Mi mineur, La 7ème). [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Les deux oncles Brassens prone dans cette chanson la réconciliation en disant qu'il est temps de tourner la page. Il renvoit dos à dos ceux de ses contemporains qui se basent encore sur des événements vieux de 20 ans pour juger du mérite de chacun. [contact auteur : Julien U.] - [compléter cette analyse]
Complément Oui, c'est la chanson de la "2e génération", comme le serait aujourd'hui celle d'un fils de "harki" qui serait l'ami d'une fille d'un combattant du F.L.N. Il ne faut pas la prendre "au 1er degré" qui serait celui d'un contemporain se désintéressant des conflits auxquels il n'aurait fait qu'assister goguenard. Se rappeler que GB est parti dans un S.T.O. relativement "cool" dans sa jeunesse. [contact auteur : Dominique Chailley]
Seconde guerre mondiale ? Brassens ne parle pas ici de la seconde guerre mondiale, mais de sa récupération ultérieure en France, dans la France après-guerre. Et il évoque "trois France" : deux oncles controverses (qui parlent guerre en temps de paix en prolongeant ainsi un combat d'ailleurs imposé par l'extérieur) et un neveu au milieu (qui représente la majorité : la France civile). Et, c'est là le point principal de cette chanson merveilleuse malgré quelques détails peut-être moins heureux : Brassens essaie de ramener les deux oncles dans le sein de la famille civile qu'est la France.
J'admets pourquoi j'aime cette chanson : elle jette un regard civil sur la guerre, seconde guerre mondiale en l'occurrence mais qui ne sert que d'exemple. [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Complément "Teuton" n'est pas péjoratif (sans quoi GB semblerait prendre parti, ce qui est tout l'inverse de sa démarche). On parle bien des "Chavaliers Teutonniques". [contact auteur : Dominique Chailley]
Complément Disons que "Teutons", à la suite de "Tommy" prend une valeur de surnom affectueux, et permet d'éviter une désignation directe (= anglais, allemands). [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Pour ses amis Brassens résume ici la seconde Guerre mondiale à un conflit entre les Anglo-Saxons et les Allemands. Les Français qui ont combattu, comme les oncles, auraient choisi un camp ou l'autre comme des supporters dans les gradins. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Complément La prise de position, dans ce cas, semble davantage en cause que l'implication ou non dans le conflit. [contact auteur : David B.]
Personne Ce mot renvoie aux "amis" du vers précédent. Qui, pour moi, à toujours signifié "groupe d'amis"... voire "groupe de gens partageant la même idée".
Brassens se dissocie là de ceux qui s'aiment à plusieurs, par rapport à des idées (mortelles) : "Moi, qui n'avais pas ce genre d'amitié, eh bien, je vis encore". Ce qui n'a rien à voir avec "l'amour qu'on porte à un individu"... Ne pas oublier Le pluriel. [contact auteur : B E.] - [compléter cette analyse]
Les étoiles Sur son képi, son bâton et ses épaulettes, un maréchal a sept étoiles. Philippe Pétain, 1856-1951, les avait gagnées au lendemain de la guerre de 14-18, grâce à la victoire de Verdun (1916). Elles se sont ternies entre 1940 et 1945 à cause de sa politique de collaboration avec l'Allemagne. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
étoiles requinquées Il était fort question vers cette époque de ramener le corps de Pétain de l'île d'Yeu, où il est mort en exil, à l'ossuaire de Douaumont (à Verdun) où il avait sa place réservée depuis toujours. De Gaulle lui-même y avait songé, puis renoncé, pris de court par le ramdam que faisaient à l'époque Me Isorni, l'avocat de Pétain et copain de Le Pen, et les membres éminents de l'ADMP, l'association de défense de la mémoire du Maréchal qui, ne l'oublions pas, était "le vainqueur de Verdun". Coupant la poire en deux, De Gaulle finit par aller porter une gerbe sur la tombe de l'île d'Yeu, le 10 novembre 68 (68 n'avait pas été une très bonne année pour la droite, il fallait la "requinquer"). Cette gerbe portait, sobrement, un ruban imprimé de la mention "Le Président de la République". Dans un souci de "réconciliation nationale", tous les présidents suivants feront de même à la même date sauf, je crois, Pompidou. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Pendus Allusion au procès de Nuremberg (1945-1946) où furent jugés vingt-quatre responsables nazis. Douze furent condamnés à la pendaison. De plus, une très ancienne tradition voulait qu'un morceau de la corde d'un pendu porte bonheur. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Les cordes des pendus Allusion ici à la "tradition" entourant les exécutions sommaires par pendaison, et qui voulait que la foule se partageât comme porte-bonheur la corde qui avait servi à l'exécution. Ici, Brassens évoque la période suivant la Libération où de nombreux comptes furent réglés et des collaborateurs exécutés parfois sans autre forme de procès.
Brassens fait souvent allusion à cette légende qui veut que la corde de pendu soit un porte-bonheur. On la retrouve entre autres dans Les quatre bacheliers , La mauvaise réputation, ou encore Celui qui a mal tourné. [contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
Boude La bouderie dont il s'agit ici était le peu d'empressement que les Britanniques mettaient à l'époque à entrer dans le Marché Commun (qui deviendra la CEE). [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Les Anglais voulaient entrer dans la CEE, c'est de Gaulle qui leur fermait la porte. [contact auteur : Gérard Delmas]
Querelle d'Allemand Querelle sans motif sinon la mauvaise foi.
L'expression date du XVIème siècle, les princes allemands du Saint-Empire étaient jaloux de leurs prérogatives et ne supportaient pas les empiétements, d'où ces querelles. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Complément Double sens en réalité : querelles sans fondements (expression figée) et référence à l'actualité historique (les trois guerres qui ont opposé la France et l'Allemagne en 70 ans). [contact auteur : Mathieu Rasoli]
John Bull et les querelles d'Allemands. En 1964, de Gaulle fermait la porte du Marché Commun (CEE) aux Anglais, il estimait qu'Albion était "le cheval de Troie des Américains", d'où la bouderie de John Bull!
En revanche, il prônait la "réconciliation" avec l'Allemagne à l'intérieur de ce même Marché Commun, d'où la fin des querelles! [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Main dans la main C'est "main dans la main" que vont Tous les garçons et les filles du tube de Françoise Hardy en 1961 et c'est encore de Gaulle qui de Mexico, en 1964, propose aux mexicains : marchemos la mano en la mano. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Europe En 1964, c'était la CEE, Communauté Economique Européenne, union de 6 pays, le Bénélux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg), l'Italie mais surtout l'Allemagne d'Adenauer et la France de de Gaulle. Nos deux pays étaient la charnière de "l'Europe de demain" ! [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Guerres La guerre de cent ans, composée d'innombrables batailles (ce qui justifie le pluriel), opposa les Anglais et les Français à la suite de la querelle dynastique de 1328 quand mourut Charles IV, dernier capétien direct. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
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Guerres ou guerre ? En fait, si cette période, qui a duré plus de cent ans, a bel et bien une unité (volonté de deux familles royales de garder ou prendre le trône de France), le pluriel n'est pas forcément une hérésie puisqu'il y eut de nombreux "temps morts", si je puis me permettre l'expression : 1348 à 1355, temps de la Grande Peste, par exemple. [contact auteur : P'tit B.] - [compléter cette analyse]
Pluriel Le pluriel semble se justifier lorsqu'il signifie "...et toutes les choses de ce genre".
Ex: Qui se soucie aujourd'hui des Foch, des Joffre et des Nivelle ? Ou encore : Les Prises de la Bastille et les Mai 68 ne sont que la partie émergée d'un malaise plus profond. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Unanimité Tout au long de la chanson il parle des "querelles" et des "controverses" entre anglais et allemands. Ici on voit que finalement, aujourd'hui tout le monde est d'accord sur le fait que la guerre est passée. [contact auteur : Norbert A.] - [compléter cette analyse]
S'en fiche à l'unanimité Habituellement, l'unanimité correspond au résultat d'un vote. Ici, usage poétique et plaisant, puisque ce n'est pas un choix volontaire mais une indifférence qui est unanime. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
épuration, collaboration Chronologiquement, l'ordre s'inverse. La collaboration avec l'Allemagne est la politique entreprise par Pétain au lendemain de la défaite de 1940. L'épuration date de 1944 : les collaborateurs de la veille sont pourchassés et punis. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Abominations, désolations Du côté de Gaston, le génocide juif, la mise en esclavage des Slaves...
Du côté de Martin, les bombardements de Dresde, d'Hiroshima... [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
L'abomination de la désolation Cliché biblique employé souvent par le prophète Daniel (9,27 ; 11,31 ; 12,11) et qui indique la déchéance complète de la foi hébraïque, comme par exemple lorsque Antiochus Epiphane sacrifia à Jupiter Olympus dans le temple de Jérusalem (voir aussi Luc 21,20). S'employait encore récemment de façon plaisante: "Les dernières vacances en Bretagne, ça a été l'abomination de la désolation: quinze jours de pluie non-stop!" [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Thé, choucroute Si le thé est, incontestablement, lié aux traditions anglaises, la choucroute est un plat plus alsacien qu'allemand. Il n'empêche que c'est un signe de "germanité". [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Homophonie Il y a ici une homophonie = "souvenirs cons comme mes morts".
Allusion à la propagande revencharde qui a généré la première guerre mondiale. Elle est à l'oeuvre et utilisée pour renvoyer les soldats au combat.
L'homophonie est aussi utilisée par Trénet : "je t'attendrai à la porte du garage" s'entend : "je tâte André à la porte du garage" [contact auteur : Régis Lambert] - [compléter cette analyse]
Monuments aux morts C'est après la guerre de 1870 que l'usage se répand d'élever, dans leurs communes natales, des monuments en l'honneur des soldats tués au feu. Comme la Guerre de 14-18 (que Brassens préfère) a été responsable de la mort de un million et demi de poilus, tous les villages ont voulu honorer leurs enfants "tués au champ d'honneur" par ces stèles parfois oeuvres de grands sculpteurs (Bourdelle à Montauban, Despiau à Mont-de-Marsan, Maillol à Banyuls...). La liste de noms sur le marbre s'est allongée après la seconde Guerre, l'Indochine, l'Algérie...
Les flammes que l'on ranime sont symboliques, la seule réelle est sous l'Arc de Triomphe. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Combien de partis ? Ce vers illustre la dialectique profonde de Brassens présentée sous forme de paradoxe. Il ajoute aux parties hostiles (vainqueurs -- vaincus) les "autres" (le grand milieu entre les deux extrémités de l'échelle commune qui est l'échelle humaine) en rajoutant même les oncles (vous) comme quatrième élément n'ayant pas de place (précise) dans cette échelle. Il incombe à l'auditeur (au lecteur) de "résoudre" la faute logique (= d'interpréter). Ce qui illustre non seulement l'impossibilité de vouloir prendre au pied de la lettre cette chanson, mais également cette maxime de Goethe à propos de la poésie: "Tout ce qui est lyrique doit être irraisonable dans le détail et très raisonnable dans l'ensemble." [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Révérence parler Abréviation de "pour parler avec révérence", c'est à dire avec respect. Précaution oratoire qui précède le grossier "tout le monde s'en fout".
L'expression est à peu près équivalente à "Sauf le respect que je vous dois" = le respect que je vous dois étant sauf, c'est à dire intact. (Ex: Sauf votre respect, monsieur, vous êtes un con.) [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément On retrouve l'expression dans L'andropause : Sachez que vous avez vendu les génitoires,
Révérence parler, de l'ours un peu trop tôt [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Faire de l'ombre Faire de l'ombre à quelqu'un, c'est le gêner, le déranger. Rappelez-vous Diogène à Alexandre: "Ôte-toi de mon soleil!"
L'ombre de la croix est une autre image que GB a utilisée, entre autres dans la Supplique pour être enterré à la plage de Sète (bien qu'avec une autre signification). Encore une fois, il tresse ici deux images pour aboutir à une métaphore dense et raccourcie: Vos deux croix ne dérangent plus personne = on vous a oubliés (comme le soldat inconnu). [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Rappelle aussi la croix dans Les Quat’z’arts, liée au folklore surnaturel : Une petite croix de trois fois rien du tout
Faisant, à elle seul', de l'ombre un peu partout.
Se dessine donc une triple conception de la mort :
1) folklorique et mythologique (cf. aussi Le Grand Pan)
2) due à une guerre, c'est-à-dire à la manipulation massive (pensons aussi à Mourir pour des idées)
3) permettant un lien amoureux avec l'au-delà (via par exemple "La marguerite des morts" dans Le testament) [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Soldat inconnu Le soldat inconnu a été choisi parmi des corps non-identifiés de soldats français tombés lors de la bataille de Verdun (1916). Il a été transporté solennellement sous l'Arc de Triomphe le 11 novembre 1920 (cf. le film de B.Tavernier, "La vie et rien d'autre").
Depuis, sa flamme est ravivée quotidiennement par des groupes d'anciens combattants.
Les "deux oncles", eux, ne peuvent prétendre à cet honneur : il ne reposent pas sous l'Arc et s'ils deviennent inconnus, c'est parce qu'on les oublie (thème repris dans le dernier couplet). [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Complément On peut donc en déduire une critique de la commémoration militaire, fondée sur l'arbitraire du souvenir unique et symbolique du soldat inconnu, à travers lequel on célèbre davantage la gloire absurde de la mort au combat plutôt que la mémoire d'individus réels. [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Trois petits tours Comptine pour les (tout) petits enfants: "Ainsi font font font
Les petites marionnettes
Ainsi font font font
Trois petits tours et puis s'en vont"
Se chante en tenant les deux mains verticales et en faisant pivoter les poignets en mesure. Bien regarder la tête du bébé, ça vaut souvent le coup. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Trois petits morts La référence à la comptine rend évidemment les "idées" pour lesquelles ont meurt encore plus enfantines, et dérisoires. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Idée / trépas // ce rôle / n'en ont pas Dans la grande tradition de la rhétorique classique, Brassens utilise ici un chiasme (reprise de quatre éléments en binôme inversé) pour souligner l'impasse idéologique des faiseurs de guerre, et surtout pour exhiber le jeu de retournement littéral du raisonnement. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Bouillie La bouillie pour les chats représente une chose informe et plus particulièrement un discours confus et inintelligible.
L'expression ne parle pas des chiens, Brassens, qui aime félins et canins, distribue également les soldats morts sur le champ de bataille. C'est vrai qu'on voit rarement des chats dévorer les cadavres, il fallait donc ajouter les chiens! [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Tourner sept fois Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, c'est ce que me recommandait ma grand'mère pour éviter de dire des bêtises.
"Mettre la crosse en l'air" c'était refuser de se battre. Il y a peut-être ici une allusion indirecte aux insoumis de 1916, qui par ailleurs payèrent souvent de leur vie (fusillés comme déserteurs) leur refus d'aller à la boucherie. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Salve C'est la décharge simultanée d'armes à feu.
Elle était utilisée dans les combats jusqu'au XVIIIème siècle. Les guerres de la Révolution et de l'Empire ont vu l'invention d'autres techniques. La salve n'est plus utilisée de nos jours que dans les manifestations d'allégresse (dans ce cas on tire en l'air) et les pelotons d'exécution. Plus que la répression des mutineries de 1917 ("Les deux oncles", c'est la seconde Guerre), la chanson évoquerait les fusillés de l'occupation: d'Estienne d'Orves, Péri, Manouchian... et de l'épuration: Pucheu, Laval, Brasillach... [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Remettre une salve à demain De nouveau, jeu avec une expression familière "ne jamais remettre au lendemain ce qu'on peut faire le jour même". Avec ce type de jeu, Brassens se place dans la lignée d'un Beaumarchais ("Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle s'emplit") ou d'un Balzac ("Ventre affamé n'a pas d'oseille") [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Soldats de plomb C'est le couplet de l'enfance : les p'tits soldats et la chanson. Faut-il comprendre que Brassens ne stigmatise pas les jeux guerriers des petits garçons - la violence est innée - mais qu'il voudrait que la guerre reste confinée aux jeux ? [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Achever le mythe du militaire vertueux Procédé stylistique visant à ridiculiser les officiers militaires en les figeant (le plomb), en les réduisant à des jouets (soldats de plomb), en les assimilant à quelque chose de petit, enfin à quelque chose de manipulé - contrairement à ce que ces militaires veulent faire croire. [contact auteur : Paul P.] - [compléter cette analyse]
Malbrough "Malbrough s'en va-t-en guerre, mironton mironton mirontaine!"
Célèbre chanson enfantine datant de 1722 créée après la mort du général anglais, duc de Malborough. Sur le même air, les Anglo-saxons chantent: "he's a jolly good fellow", chanson de bienvenue. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Complément Dans Le Mariage de Figaro, le personnage de Chérubin chante également sur cet air. Brassens y a peut-être pensé, lui qui devait apprécier les détournements de proverbes de Beaumarchais. [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Clé des cieux Détournement de métaphore, habituel, chez Brassens. La version originale est, bien sûr, "prendre la clé des champs" pour s'évader. Là, l'évasion est définitive, c'est la mort! [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Heureux coquins Oxymore : si l'on est coquin (malhonnête, fourbe, voleur...) on a peu de chances d'être (bien)heureux, digne d'entrer au paradis et de rencontrer Dieu. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Complément Cette phrase fait référence à l'Evangile. Au moment de la crucifixion, un des larrons dit à Jésus : "Seigneur, pensez à moi quand vous serez dans votre royaume”. Jésus lui répond : “En vérité, Je te le dis, tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis”. [contact auteur : Claire L.]
Complément C'est exact mais il faut rappeler que l'utilisation de l'article pour parler des membres de sa famille est fréquent dans le sud de la France : "le père, la mère" [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Myosotis Pendant la seconde guerre mondiale, les franc-maçons (au moins ceux en Angleterre) portaient des myosotis au lieu des symboles traditionnels afin de se cacher des Nazis. Donc, malgré le fait qu'un oncle a choisi les allemands et l'autre les anglais, ils partagaient pourtant quelques valeurs spirituelles en commun, qui sert à illustrer la futilité de la guerre entre eux. Egalement, ils auraient été tous les deux chassés par les allemands en tant que franc-maçons quelle que soit leur nationalité, ce qui rend une guerre entre les deux oncles encore moins utile. [contact auteur : J B.] - [compléter cette analyse]
Complément On notera qu'il y avait a priori peu de chances que des Anglais, en Angleterre, rencontrent des nazis... [contact auteur : Vincent Naville]
Pauvre N'oublions jamais que Brassens est languedocien.
En occitan, le terme "pauvre" accolé au nom d'une personne morte est l'équivalent de "feu(e)": la "pauvre marraine" signifie que celle qui vous a porté sur les fonts baptismaux n'est plus de ce monde. [contact auteur : Gérard Delmas] - [compléter cette analyse]
Notes de fin Les dernières notes de cette chanson me font penser à l'Hymne à la Joie.
Bien sûr, l'hymne européen a été adopté en 1985, il s'agit donc sûrement d'un hasard. [contact auteur : Guillaume Benoit] - [compléter cette analyse]