Ce style Selon l'ordre discographique, et si on excepte les poèmes des poètes mis en musique par lui, Brassens utilise ici pour la première fois l'alexandrin et la strophe (sans refrain). Je le trouve prudent dans le rythme (un peu ennuyeux) et les rimes sont peu nombreuses. J'ai toujours considéré cette chanson comme un exercice de "style". Ce n'est qu'à partir de la chanson Pénélope (aussi sur le mariage) que cette nouvelle option va trouver son génial épanouissement et faire entrer GB dans le Panthéon des grands poètes français. [contact auteur : Martineau Roger] - [compléter cette analyse]
Complément Dans la versification classique, les rimes "moyennes" ont deux phonèmes en commun ; ici, elles sont nombreuses à en compter trois ( [til], [mèr], [tèr], [koer], [loer] ), donc à faire partie des rimes riches, d'autant plus que certains groupes de rimes se ressemblent et se rappellent les uns les autres. Je ne considère pas le rythme comme ennuyeux ; sa longueur, sa "monotonie", sont à l'image d'une procession lente et appuient le ton triste d'un mariage bien proche d'un enterrement (cortège, marche, vieux amoureux, syllepse sur le mot morgue, ambivalence des grandes orgues, musique utilisée précédemment pour le texte L'enterrement de Verlaine). Les réseaux de sens sont riches (en sus de l'omniprésence de la mort : char à boeufs // oeil protubérant : renversement, c'est la "foule" qui est bovine et bête. Exclusion sociale : mariage devant monsieur le Maire et non à l'église, etc...). C'est donc à mon sens une oeuvre virtuose, dans laquelle musique et texte se complètent à merveille. [contact auteur : Pom Phol]
Alexandrin On trouve déjà l'alexandrin à cette époque, mais :
- en hétérométrie (P... de toi : les second et troisième vers de chaque strophe) ou en vers morcelé (Le mauvais sujet repenti : où chaque ensemble de deux vers - octosyllabe + tétrasyllabe - donne un "alexandrin caché")
- en vers asymétrique (le quatrain d'introduction de Je suis un voyou - un alexandrin 7/5 au lieu de 6/6). Tout le reste de la chanson Je suis un voyou continue cette structure 7/5 (7 = vers féminin / 5 = vers masculin). [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Rythme N'est-il pas frappant que cette chanson, qui raconte un mariage, est écrite sur un rythme d'enterrement ? Et que c'est peut-être justement de cela qu'elle tire son mystère (elle est en mineur en plus, la tonalité de la mélancolie) et donc sa poésie ? [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Le rythme est en effet ici plus proche d'une marche funèbre que d'une noce : il est éclairé par l'image du "char à boeufs" sans boeufs puisque tiré par les amis, poussé par les parents sous la pluie. Le mineur n'est pas une tonalité mais un mode en musique. Il n'est pas nécessairement l'illustration de la mélancolie mais ici, c'est bien le cas. [contact auteur : Dominique Chailley]
Complément Il est à remarquer que, bien que la chanson soit en mode mineur, la cadence de fin résout la chanson sur un accord majeur, sorte de tierce picarde en terme musicologique. Cette "modulation" finale donne un effet renversant quant au sens du rythme durant tout la chanson. Je serais d'avis que cette lourdeur illustre plutôt la lenteur du cortège. Cet accord majeur représente et accompagne lui l'expression "vive la mariée" et lui donne de la force. [contact auteur : Joseph P.]
Homophonie ? N'y a t-il pas un jeu de mots entre "en pesant" qui vient du verbe peser et "empesant" qui vient du verbe empeser (amidonner) ? empesant bien ses gouttes serait correct également dans le sens ou la pluie "alourdit" ses gouttes pour perturber la marche nuptiale. [contact auteur : Renaud Hoyoux] - [compléter cette analyse]
Un' poupé' Noter que Brassens, en versificateur rigoureux, signale au moyen d'apostrophes que les "e muets" sont élidés (il ne les prononce pas) dans la chanson. De même pour "la plui' ", "la noc' " et "les homm's"...
La chanson, forme de poésie populaire, se permet ce genre d'accroc que la poésie classique ne tolére pas. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]