"Je me suis engagé" En réalité, je me suis engagé. Seulement, les mauvais esprits ou ceux qui sont dépourvus d’esprit ne s’en sont pas aperçus. Pour que les gens un peu imbéciles s’imaginent que vous êtes engagé, il faut que vous énonciez des faits, il faut que vous leur disiez, voilà : "je suis contre la peine de mort". Moi, je n’ai pas dit "je suis contre la peine de mort", j’ai écrit Le gorille. [contact auteur : Kamal A.] - [compléter cette analyse]
Traductions On trouve aujourd'hui sur internet au moins six traductions anglaises du Gorille, certaines sont très, très réussies. La plus belle étant, selon moi, celle l'anglais Jake Thackeray. [contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
Complément Il y a aussi une merveilleuse traduction en italien de Fabrizio De Andrè,qui pendant sa vie avait pris Brassens comme son exemple et son maître. [contact auteur : N V.]
Envoyer un message à N V.
Complément Il existe même une version en wallon (de Philippe Antoine) [contact auteur : B W.]
Métaphore du Gorille GB se sert de l'image du gorille pour représenter "la chose sexuelle", que tout le monde connaît mieux que personne (cf "Bien des femmes vous le diront") et dont chacun parle à voix basse bien que tous soient au courant.
Par extension, le gorille est donc une espèce de boîte de Pandore dont tout le monde connaît le contenu et que l'on idéalise tant qu'elle est close, mais qui en fait, une fois ouverte, se révèle être le reflet de ce que l'on n'ose jamais regarder en face, et par suite, la sanction de cette ignorance entretenue. [contact auteur : Nicolas Tarbouriech] - [compléter cette analyse]
Complément Le gorille représente en effet la puissance du sexe, idéalisé ou craint. On peut donc voir dans l'ouverture de la cage une dangereuse libération des instincts sexuels les plus sauvages. Certes. Il n'est que d'examiner le cas des deux personnages qui restent pour se rendre compte que cette métaphore (qui est en réalité plutôt une allégorie) est riche de sens concernant deux cas de non-normalité sexuelle.
Selon l'interprétation ci-dessus, le désir devrait être inconnu de la vieille puisque Le gorille s'en détourne. Et ce n'est pas le cas : "Qu'on put encore me désirer Ce serait (...) inespéré. Ou alors il faudrait prendre l'adjectif "inespéré" dans son sens littéral [non-espéré] et non dans son sens courant [espéré bien que très peu probable]. Ce n'est pas ainsi que l'auditeur reçoit la chanson mais ce n'est pas impossible que GB ait inséré cette piste pour une lecture du texte plus approfondie.
Pour ce qui est du juge, les choses sont bien plus claires : Le gorille représente un désir homosexuel caché. Et le couplet final expose en effet la sanction de cette ignorance entretenue. Freud parlerait sans aucun doute de refoulement. Mais ce qui paraît central bien sûr, c'est l'association de l'acte sexuel et de la peine de mort (dans les deux derniers vers de la chanson), le premier représentant une sorte de substitut de l'autre. C'est le désir sexuel qui permet de triompher de la violence des échanges humains. "Faites l'amour et pas La guerre" en quelque sorte. Ce qui n'est pas sans rappeler le sens de plusieurs autres chansons, par exemple Les lilas où la Porte des Lilas remplace la Porte d'Orléans, par où rentrent les chefs de guerre (Leclerc, De Gaulle, mais aussi Jeanne d'Arc). [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Qu'en dira-t-on Ragot, cancan, commérage (il est amusant que ce soit les comméres elles-mêmes qui soient insouciantes des commérages) [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément L'attitude des commères est le premier indice d'une inversion généralisée des codes : non seulement ce sont des commères insensibles aux commérages mais de plus elles ne sont là que des "femelles" c'est-à-dire réduites au rang d'animal.
A noter que dans cette logique de l'inversion, les commères ne parlent pas mais se contentent de regarder, puis de fuir, alors que le gorille, lui, est doué de parole : ("C'est aujourd'hui que j'le perds"). Qui est l'humain, qui est l'animal ? [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Ma mère L'évocation de la mère à la fin de cette première longue phrase (le premier couplet) permet à Brassens d'imaginer un personnage de narrateur de cette anecdote, personnage qui serait un jeune homme adepte des histoires grivoises et libertaires mais en proie à la censure de la mère (cf. aussi le début du dernier couplet). Bien entendu, le contraste entre ces deux faces du personnage de narrateur crée une tension comique (effets de censure / contenu osé).
Au passage s'instaure une opposition entre les commères et la vraie mère : les unes adulant le sexe du gorille, l'autre le censurant. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Connu de guenon "Connaître une femme" pour dire baiser, ça se trouve dans la Bible, au départ. C'est amusant de voir que dans cette chanson carrément scandaleuse (elle a été censurée je crois), Brassens emploie la formule la plus distinguée et pudibonde pour dire coucher. Encore un sacrilège de sa part...
Et en plus, dire "connaître" pour une guenon, c'est ravaler les hommes au rang de singe, et contredire la religion (l'homme créé à l'image de Dieu, roi de la création, etc.) [contact auteur : Matthias L.] - [compléter cette analyse]
Connu Les deux sens, bien sûr, ont leur valeur en même temps dans la chanson. C'est un double sens, qui permet un double niveau de lecture. Bref, c'est de la poésie. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Ce n'est sans doute pas ce sens du mot "engeance" qu'il faut comprendre ici, mais celui, archaïque, de "race d'animaux", que Brassens rapproche peut-être du verbe "engendrer" (dont il est historiquement distinct) pour en faire un synonyme de "congénère". [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Fuseau Pantalon de sport dont les jambes vont en se rétrécissant vers le bas ; le port de ce pantalon rend ces femelles d'autant moins sensuelles, et d'autant plus disposées à s'enfuir [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Faire feu des deux fuseaux Il s'agit là d'une "métaphore-valise" au sens des "mots-valises" de Lewis Caroll : on en a deux pour le prix d'une :
- 1. Faire feu des quatre fers, c'était, pour un cheval, dont les quatre fers faisaient des étincelles sur le pavé, démarrer en trombe.
- 2. Tricoter des fuseaux, c'est courir. Les jambes comparées à des fuseaux, c'est vieux comme les quenouilles et les rouets (ça n'a pas attendu les sports d'hiver). Le fuseau, c'était la baguette sur laquelle s'enroulait la laine filée en prenant la forme d'une pelote allongée, "fuselée" justement. La quenouille était l'autre baguette où était enroulée "en vrac" la laine pas encore filée. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Expression combinée Pour être plus précis, il s'agit de la fusion entre "faire feu des quatre fers", c-à-d "démarrer au galop" (pour un cheval, fait référence aux étincelles causées par ses fers) et "tricoter des fuseaux" pour "courir", l'analogie fuseau/jambe ayant déjà été expliquée.
C'est un procédé familier à GB (voir Auprès de mon arbre, fumer le tabac de la vache enragée, entre cent exemples). [contact auteur : Alex L.] - [compléter cette analyse]
Piquer des deux L'expression "piquer des deux" est une expression équestre qui signifie "lancer son cheval au galop". La similitude de cette expression avec celle employée par GB n'est peut-être pas innocente, d'autant qu'avec un fuseau on se pique (et on s'en trouve parfois ensommeillé pendant 100 ans...) [contact auteur : Samuel M.] - [compléter cette analyse]
Fit feu des deux fuseaux Notable allitération en [f] qui souligne la vitesse de l'action, rappelant le son dû au passage d'un objet à grande célérité. [contact auteur : Mathieu P.] - [compléter cette analyse]
Ni par l'esprit Dans cette anecdote, on assiste à une série de mauvais choix dus à un défaut d'intelligence : celui-ci, où les commères fuient ce qu'elles devraient rechercher, celui du juge, qui reste là où il devrait fuir, en dépit du bon sens ("La suite lui prouva que non") et bien sûr celui du gorille, qui préfère le juge à la vieille, privilégiant ainsi le viol à l'acte consenti, puisqu'il ne brille Ni par le goût ni par l'esprit [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Supérieur à l'homme dans l'étreinte Pour certains, la taille du sexe masculin en érection est un critère de "performance" sexuelle, un plus grand pénis signifiant une meilleure "performance". Or, sauf erreur, le gorille moyen ne dépasse pas les 4 cm lorsqu'il bande. [contact auteur : Yann N.] - [compléter cette analyse]
Des femmes vous le diront Avec Beaucoup d'humour, G.B. sous entend ici, pour en tirer des comparaisons, que bien des femmes ont essayé "l'étreinte" avec des gorilles... [contact auteur : Laurent P.] - [compléter cette analyse]
Rut (lat. rugitus = rugissement) état physiologique des mammifères qui les pousse à rechercher l'accouplement Larousse [contact auteur] - [compléter cette analyse]
En bois brut De par ses fonctions, le juge doit rester "de bois", c'est à dire impassible, lorsqu'il décide d'envoyer un condamné en prison ou à la guillotine. L'indifférence des juges à la souffrance des condamnés est un thème qui doit remonter à Villon, un des maîtres de Brassens. Le dernier couplet va nous nous éclairer là-dessus. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Juge en bois brut Mal dégrossi, sans expérience, tout neuf dans sa profession, du fait de sa jeunesse. Cette inexpérience va lui être "fatale" ! [contact auteur : Carlo P.] - [compléter cette analyse]
Complément Jeu amusant avec les termes zoologiques : on attendrait bien plutôt "quadrupède" opposé aux bipèdes humains. Le gorille marche sur ses mains, se rapprochant par là du monstre. [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Dandinement Un dandin est un homme niais, aux manières gauches Larousse
Le 'dandinement' prend sa racine dans ce mot, et la démarche en question n'est donc pas très assurée. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément La démarche dénote un manque d'assurance chez un humain, mais pas chez cet animal qui, Brassens l'a rappelé, est quadrumane. son dandinement me semble donc naturel, en course. [contact auteur : Samuel M.]
Complément Ce qui est frappant avec ce "dandinement", c'est que, du coup, le gorille lui aussi est ridicule. Dans cette histoire, aucun personnage ne mérite le respect ou l'admiration. C'est une chanson d'un Brassens persifleur, où tout (et tous) prête à rire. [contact auteur : Mathieu Rasoli]
Les robes A noter la similitude faite entre les robes des juges et des vieilles... On pourra également songer aux robes des ecclésiastiques, autre profession peu prisée de GB. [contact auteur : Gaël R.] - [compléter cette analyse]
Couplet délibératif Dans ce couplet, le narrateur fait une pause dans la narration pour examiner le choix qui s'offre au gorille. Ce faisant, il ouvre sur deux récits possibles (violer la vieille ou le juge), ce qui est le principe même du récit édifiant du prêche : mettre le croyant en position de choisir entre deux voies, l'une étant censée être celle de la tentation et l'autre celle de la rédemption. Il y a donc bien ici une parodie du discours parabolique et moral de l'Eglise. Le discours moral tombe a fortiori en quenouille au couplet suivant, où le fruit de cette réflexion délibérative est annulé par le choix réel de l'animal, dont le narrateur semble suggérer son "goût" vicié pour ceux de son sexe plutôt que pour le sexe opposé. Jouissive mise en faillite du discours moralisant petit-bourgeois représenté également par les incursions de la mère dans le cours du récit. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Au lieu d'opter pour la vieille Allégorie de l'erreur judiciaire : le gorille choisit un homme au lieu d'une femme tout comme le juge peut condamner à mort un innocent au lieu du vrai coupable [contact auteur : Jonathan B.] - [compléter cette analyse]
Malheureusement / c'est regrettable Le narrateur semble empêché de poursuivre sa narration par une force extérieure. On peut y voir un rappel du personnage de la mère évoqué au premier couplet, et de toute façon une forme de censure moralisante interdisant gros mots et paillardises. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Trancher le cou L'ironie de la situation traduit la prise de position de Brassens contre la peine de mort (qui ne fut abolie en france que le 9 octobre 1981... Brassens est mort le 29) [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Nous terminerons cette histoire
Par un conseil aux chats-fourrés
Redoutant l'attaque notoire
Qu'un d'eux subit dans des fourrés :
Quand un singe fauteur d'opprob'e
Hante les rues de leur quartier
Ils n'ont qu'à retirer la robe
Ou mieux à changer de métier. [contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]