ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Don Juan
Lèche-cocu
Lèche-cocu
Jeu de mots sur "cocu" et "lèche-cul" (ou lèche-bottes) = personne qui flatte servilement. Larousse
[contact auteur : Jigé N.] - [compléter cette analyse]
01Comme il chouchoutait les maris,
02Qu'il les couvrait de flatteries,
03Quand il en pinçait pour leurs femmes,
04Qu'il avait des cornes au cul,
05On l'appelait Lèche-cocu.
06Oyez tous son histoire infâme.
 
07Si l'mari faisait du bateau,
08Il lui parlait de tirant d'eau,
09De voiles, de mâts de misaine,
10De yacht, de brick et de steamer,
11Lui, qui souffrait du mal de mer
12En passant les ponts de la Seine.
 
13Si l'homme était un peu bigot,
14Lui qui sentait fort le fagot,
Sentir le fagot
C'était être soupçonné de sorcellerie, ce qui est arrivé à Jeanne d'Arc qui, comme chacun sait, a fini sur un tas de fagots, c'est à dire un bûcher. L'Église brûlait les sorcièr(e)s. Par extension, sentir le fagot, c'est avoir des opinions de mécréant (c'est à dire de "mauvais croyant") et, par exemple, mettre en doute l'existence de Dieu.
Le contraire de sentir le fagot possède aussi une image olfactive: "Être en odeur de sainteté".

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
15Criblait le ciel de patenôtres,
Patenôtres
De Pater Noster, le Notre Père, la première prière des Chrétiens. Par extension, prières marmonnées à n'en plus finir, plus mécaniques que sincères.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
16Communiait à grand fracas,
Nombre de pieds
GB délie le mot 'communiait' en appuyant sur chaque syllabe pour avoir un nombre de pieds correct.
[contact auteur : Claude Polez] - [compléter cette analyse]
17Retirant même en certains cas
18L'pain bénit d'la bouche d'un autre.
Pain bénit
Contrairement à ce qu'implique ici GB, le pain bénit n'était pas l'Eucharistie, l'Hostie consacrée par le prêtre et que l'on mange à la communion ("Ceci est mon corps, prenez et mangez" a dit Jésus). C'était du pain (du vrai pain, contrairement à l'hostie qui est cuite sans levain) simplement béni par le prêtre au moment de l'Offertoire et que l'on faisait passer parmi les fidèles. Ce rite a existé jusque dans les années 50.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Retirer le pain de la bouche
Traditionnellement : prendre à quelqu'un son travail, son gagne-pain. GB n'a pas résisté au plaisir d'y ajouter "béni" qui rend l'image cocasse, même si elle n'a plus grand sens.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
 
19Si l'homme était sergent de ville,
20En sautoir - Mon Dieu, que c'est vil -
En sautoir
Veut dire porter autour du cou très bas. Donc, il portait le 'flic en peluche' autour du cou.
[contact auteur : Thierry Venaille] - [compléter cette analyse]
21Il portait un flic en peluche,
22Lui qui, sans ménager sa voix,
23Criait : "Mort aux vaches !" autrefois,
24Même atteint de la coqueluche.
 
25Si l'homme était un militant,
26Il prenait sa carte à l'instant
27Pour bien se mettre dans sa manche,
Carte
D'ordinaire, ce n'est pas une carte de parti politique que le tricheur se met dans la manche, mais un as ou deux (voir Lucky Luke). De plus, "se mettre quelqu'un dans la manche", c'est se débrouiller pour l'avoir à sa botte, à sa disposition. Encore une fois, en vrai virtuose de la métaphore, GB en combine ici au moins trois. Chapeau!
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
28Biffant ses propres graffitis
Graffitis
Il s'agit bien sûr de graffitis politiques. Dans les années 50, les plus répandus étaient US GO HOME et PAIX EN ALGERIE. Le FN d'alors s'appelait JEUNE NATION et la croix celtique (le rond avec une croix) avait déjà cours. Comme on le voit, rien de bien nouveau sur les murs de nos villes.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
29Du vendredi, le samedi
30Ceux du samedi, le dimanche.
 
31Et si l'homme était dans l'armée,
32Il entonnait pour le charmer :
33"Sambre-et-Meuse " et tout le folklore,
Sambre-et-Meuse
"Le Régiment de Sambre et Meuse" de Robert Planquette (1879) :
Incontournable marche militaire des défilés d'aujourd'hui, l'air de cette chanson est dans toutes les oreilles. L'auteur évoque les armées révolutionnaires de 1792 qui défendaient la nation dans les plaines de Belgique. "Nus, mal nourris; vous n'avez ni souliers, ni habits, ni chemises, presque pas de pains..." comme dira un peu plus tard le général Bonaparte. L'auteur s'inspire de ces paroles restées célèbres, et l'image ainsi idéalisée de ces soldats avait de quoi réchauffer le cœur des français, encore traumatisés par une défaite toute fraîche dans les mémoires...
Il ne semble pas que le régiment de Sambre-et-Meuse se soit distingué particulièrement pendant la Révolution, et les faits qui sont évoqués dans la chanson ne reposent pas sur des événements historiques.


Refrain:
Le régiment de Sambre-et-Meuse
Marchait toujours aux cris de Liberté
Cherchant la route glorieuse
Qui l'a conduit à l'immortalité.


Voir le site perso.club-internet.fr/bmarcore/mil/mil139.html

Voir aussi dans Les châteaux de sable

[contact auteur : Jigé N.] - [compléter cette analyse]
Complément
Je me permets juste une petite remarque sur ce commentaire qui me semble mal informé. En effet, la référence au "Régiment de Sambre et Meuse" qui ne se serait pas illustré pendant les guerres de la Révolution est fausse en cela que ce régiment n'a jamais existé. Le titre de la chanson citée évoque en fait l'ensemble des régiments qui appartenaient à l'Armée de Sambre et Meuse, la plus célèbre des armées de la Révolution.
[contact auteur]
34Lui, le pacifiste bêlant
Pacifistes bêlants
Il semble qu'à l'origine, cette expression qui est une référence aux moutons bêlants qu'on emmène à l'abattoir, est empruntée à la prose oratoire d'Hitler :
"... non la paix préconisée par les pacifistes bêlants, qui s'avancent la larme à l'oeil, en balançant les palmes, mais la paix qui découle de l'épée maniée, au nom de l'ordre, par un peuple de maîtres."
Mais elle a eu un succès incroyable depuis un demi-siècle sous la plume de tous ceux qui veulent en découdre, qu'ils soient fascistes ou démocrates, on l'a encore lue récemment dans la presse des dizaines de fois à propos de l'Irak.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
35Qui fabriquait des cerfs-volants
36Avec le drapeau tricolore.
 
37Et bien, ce malheureux tocard
38Faisait tout ça vainement, car
39Étant comme cul et chemise
40Avec les maris, il ne put
41Jamais parvenir à son but
42Toucher à la fesse promise.
Moïse
C'est Moïse qui, malgré tous ses efforts et ses mérites, n'est jamais arrivé à toucher la Terre Promise.
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43Ravis, ces messieurs talonnaient
44Ce bougre qui les flagornait
Flagorner
Flatter
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45À la ville, comme à la campagne,
46Ne lui laissant pas l'occasion
47De se trouver, quell' dérision,
48Seul à seul avec leurs compagnes.
 
49Et nous, copains, cousins, voisins,
50Profitant (on n'est pas des saints)
51De ce que ces deux imbéciles
52Se passaient rhubarbe et séné,
Rhubarbe et séné
Deux plantes aux vertus laxatives.
L'expression "Passe-moi la rhubarbe, je te passe le séné" signifiait: "Rends-moi service et je te rendrai un service équivalent." On dirait sans doute aujourd'hui: Je te renverrai l'ascenseur.

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53On s'partageait leur dulcinée
Dulcinée
C'était à l'origine un prénom, celui de la dame dont était amoureux Don Quichotte. Elle s'appelait Dulcinée de Tobosa. Il faut relire Don Quichotte (1755), qui nous a donné des tas d'expressions encore bien vivantes comme "se battre contre des moulins à vent", "le chevalier à la triste figure", sans parler de Rossinante, qui était le nom de son cheval.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
54Qui se laissait faire docile.
 
55Et, tandis que Lèche-cocu
56Se prosternait cornes au cul
57Devant ses éventuelles victimes,
58Par surcroît, l'on couchait aussi
59La morale était sauve ainsi
60Avec sa femme légitime.

Georges Brassens