ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, La religieuse
Les oiseaux de passage
Les oiseaux de passage
Les oiseaux de passage est à l'origine un poème de Jean Richepin tiré du recueil La chanson des gueux. Du même recueil Brassens a tiré la chanson Les Philistins.
Le poème est long, et Brassens a "coupé" dedans, et choisi seulement certaines strophes pour en faire sa chanson.
Le texte du poème peut être trouvé ici:
poesie.webnet.fr/poemes/France/RI/7.html

[contact auteur : Julien U.] - [compléter cette analyse]
La chanson des gueux
A noter que "La chanson des gueux", qui semble avoir une certaine importance dans la bibliothèque de Brassens, valut à son auteur 1 mois de prison et 500 francs d'amende, et est aujourd'hui introuvable en librairie.
[contact auteur : Julien U.] - [compléter cette analyse]
Jean Richepin
Ce brillant mais turbulent élève qui intégra en 1868 l'Ecole Normale Supérieure en fut renvoyé (fait extrêmement rare) pour une raison inconnue ; il la réintégra peu après cependant. S'étant installé rue d'Ulm en face de la célèbre école à la suite de son renvoi, il eut l'idée (géniale?) de vendre aux passants des marrons dans une barraque au dessus de laquelle on pouvait lire : "Jean Richepin, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure"... ce qui facilita sans doute son retour !
Tonton Georges compte dans son répertoire deux chansons de ce remarquable quoique peu connu poète classique : Les oiseaux de passage et Les Philistins, tous deux issus du recueil La chanson des gueux.

[contact auteur : René D.Z.] - [compléter cette analyse]
01Ô vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Qu'avril bourgeonne, Ou que décembre gèle
Dans le langage courant, cette construction de phrase appelle des propositions plus improbables les unes que les autres.
Ici l'auteur s'en sert pour présenter des banalités, les plantes renaissent au printemps, il neige et il gèle en hiver, et c'est bien cela contente les bourgeois : rien de mieux qu'une vie sûre, réglée et sans relief, ils y trouvent leur content d'aventure

[contact auteur : Loïc G.] - [compléter cette analyse]
02Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
03Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne;
Pigeon / dindon / canard / coucou ...
Pigeon : crétin, homme sans intelligence victime des autres
dindon : animal ballot

3 comparaisons du bourgeois avec des animaux volatiles pas particulièrement intelligents. Lexique négatif à rapprocher de celui utilisé dans l'argot pour les flics : volaille, poulets ...

Lexique qu'on retrouve jusqu'à la fin de la chanson "Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente."

[contact auteur : Loïc G.] - [compléter cette analyse]
04Ça lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.
 
05Ce dindon a toujours béni sa destinée.
06Et quand vient le moment de mourir il faut voir
07Cette jeune oie en pleurs : "C'est là que je suis née,
08Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir."
 
09Elle a fait son devoir c'est à dire que oncques
Onc, onques ou oncques
Calqué sur le latin "unquam", qui signifie "quelque fois", notre onques signifie "jamais" car il est généralement suivi de "ne".
Ici : onques elle n'eut de souhait impossible = elle n'en eut jamais (d'ailleurs notre jamais négatif se dit "nunquam" en latin).

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
10Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
11Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
12L'emportant sans rameur sur un fleuve inconnu.
Allusion à Rimbaud
La jonque l'emportant sans rameur sur un fleuve inconnu, c'est Le bateau ivre de Rimbaud.
A noter que Le bateau ivre a été écrit vers 1871, alors que La chanson des gueux a été publiée en 1876. Il semble que les deux poètes se connaissaient.

[contact auteur : Julien U.] - [compléter cette analyse]
 
13Et tous sont ainsi faits, vivre la même vie
14Toujours pour ces gens là cela n'est point hideux.
15Ce canard n'a qu'un bec et n'eut jamais envie
16Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.
Un bec ou deux?
Les bourgeois ne risquent jamais rien, ils se complaisent dans l'immédiat et ne veulent absolument pas prendre le risque de tout perdre même s'il y a promesse d'améliorer leurs conditions. Ça me rappelle soudainement Brel, dans Jojo :
Nous savons tous les deux que le monde sommeille par manque d'imprudence.

[contact auteur : Eric St-louis] - [compléter cette analyse]
 
17Ils n'ont aucun besoin de baiser sur les lèvres
18Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
19Possèdent pour tout coeur un viscère sans fièvre,
20Un coucou régulier et garanti dix ans !
 
21Ô les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,
Le service de publication est momentanément désactivé, sans doute à cause d'une trop longue liste d'analyses en attente de modération.
Merci de votre compréhension.
22Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
23En forme de triangle arrive, plane et passe.
Forme de triangle
C'est peut-être un triangle, mais on ne voit pas le troisième côté que forment dans l'espace ces curieux oiseaux de passage, Lautréamont, Les chants de Maldoror, livre 1.(1968-70)
Richepin connaissait Rimbaud, mais il semble qu'il n'avait pas lu Lautréamont. En revanche on peut se demander s'ils se sont inspirés des mêmes sources...

[contact auteur : Julien U.] - [compléter cette analyse]
24Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
 
25Regardez les passer! Eux ce sont les sauvages,
26Ils vont où leur désir le veut : par dessus monts
27Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
28L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.
 
29Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
30Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
31Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère
Ces pauvres gens
Le glissement des oiseaux aux humains s'opère subtilement ici.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
32Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.
 
33Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
34Ils pouvaient devenir volailles comme vous.
35Mais ils sont avant tout des fils de la chimère,
36Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.
 
37Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
38Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
39Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
40Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

Jean Richepin