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- Le vingt-deux septembre
- 01Un vingt-e-deux septembre au diable vous partîtes,
- 02Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
- 03Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...
- 04Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
- 05Plus une seule larme à me mettre aux paupières :
- 06Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
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- 07On ne reverra plus, au temps des feuilles mortes,
- 08Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
- 09Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
- 10Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
- 11Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles :
- 12Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
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- 13Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
- 14Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
- 15Et me rompais les os en souvenir de vous...
- 16Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
- 17L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne :
- 18Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
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- 19Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
- 20J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
- 21Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
- 22Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
- 23Les regrets éternels à présent me dépassent :
- 24Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
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- 25Désormais, le petit bout de cœur qui me reste
- 26Ne traversera plus l'équinoxe funeste
- 27En battant la breloque en souvenir de vous...
- 28Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
- 29À peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes :
- 30Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous,
-
- 31Et c'est triste de n'être plus triste sans vous.
Georges Brassens
<<(1964 - Les copains d'abord, 5)>>
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