Le chapeau de Mireille Cette chanson était chantée par Marcel Amont qui m'a confié, un jour, que c'était une des choses dont il était le plus fier dans sa carrière de chanteur : s'être vu proposer une chanson par Georges Brassens. [contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
Des sabots au chapeau Cette chanson peut être rapprochée au niveau de l'écriture de cette autre, Les sabots d'Hélène, non seulement pour la proximité phonique et grammaticale des titres, mais aussi par la reprise stricte d'une structure qui contraint les mots à la rime (Hélène, Mireille) ou la construction syntaxique (vers 4 et 8 de chaque couplet).
La progression narrative est d'ailleurs la même : la narrateur détrousse petit à petit sa belle, peut-être de manière plus charnelle ici. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Bon vent / joli vent On pense bien sûr à la chanson qui porte ce nom (Le vent) et qui fait déjà du vent un être à part entière : Le vent semble une brut' raffolant de nuire à tout l'monde
Mais une attention profonde
Prouv' que c'est chez les fâcheux
Qu'il préfèr' choisir les victim' de ses petits jeux
Dans les deux cas, Le vent est un ami (ici, pour être plus précis, c'est un adjuvant) du narrateur. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Complément V'là l'bon vent, v'là l'joli vent, v'là l'bon vent ma mie m'appelle
V'là l'bon vent, v'là l'joli vent, v'là l'bon vent mamie m'attend...
Refrain d'une chanson ancienne, dont une variante s'appelle Le Vent Frivolant. Oncle Georges connaissait bien son folklore français, lequel avait subi une sorte de renouveau dans les années 30 à travers les mouvements de jeunesse comme le scoutisme et plus tard, hélas, les Chantiers de Jeunesse du régime de Vichy. Chanter de vieilles chansons autour d'un feu de camp était alors le top de la branchitude... [contact auteur : Henri T.]
Zéphyr Du grec "zephyros", vent d'ouest, le zéphyr est un vent doux et agréable, très souvent utilisé en poésie classique pour rafraîchir le... front fiévreux des amoureux. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Aquilon Du latin aquilo, vent du nord ; de aquila, l'aigle, car c'est un vent rapide et violent. Chez nous c'est aussi le vent du nord, mais aussi, plus généralement, tout vent violent. "Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr" dit, il me semble, le Chêne au Roseau dans la fable de La Fontaine.
L'aquilon, et le vent en général, était autrefois représenté, en particulier sur les cartes marines, par une tête d'angelot "joufflu" parce que ses joues étaient gonflées pour souffler. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Autan Du latin altanus, vent de la haute mer. Dans notre Midi, c'est un vent orageux de sud sud-ouest, qui vient donc bien de la mer. "Ce soir le vent vient de la mer
Septembre est là, l'été s'en va..."
La chanson est une scie, mais elle est météorologiquement exacte, puisque c'est à l'équinoxe que souffle l'autan.) [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Mistral Du provençal maestral, du latin master, le mistral est le "vent magistral", le "vent maître" de la Provence. Il souffle du nord (c'est la bise en Bourgogne) et prend son élan dans la vallée du Rhône pour déboucher parfois violemment sur la Méditerrannée. Il peut durer des semaines. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Cyrano Rime facile, par exemple, Edmond Rostand l'utilisait déjà dans la tirade des nez de Cyrano. "Emphatique : aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier excepté le mistral!" [contact auteur : Vincent Barbier] - [compléter cette analyse]
Mistral Ici, chez nous (Toulon), on dit même qu'il y a la "règle de 3" au sujet du mistral : il souffle ou 3h, ou 3 jours ou 3 semaines !
Enquillant dans la vallée du Rhône, il est le plus fort dans le couloir Valence-Montélimar-Avignon, débouche sur Aix-Aubagne-Marseille, puis perd peu à peu de sa force en s'écartant vers l'ouest (jusqu'aux environs de Salon-Arles-Nîmes) et vers l'est (en passant par Toulon, où il est encore redoutable, jusqu'aux environs de St-Tropez/Fréjus). [contact auteur : Emmanuel G.] - [compléter cette analyse]
Emporter mes tuiles Pour la première fois, Le vent est présenté sous un jour négatif, même si le narrateur n'y prête pas vraiment attention. L'évocation d'Eole autorise à imaginer Le vent comme un dieu capricieux et joueur par désoeuvrement comme Saturne qui joue à bousculer les roses pour tue[r] le temps comme il peut [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Mes tuiles Les tuiles peuvent signifier autre chose. Comme disait un collègue grisonnant à moi qui suis chauve : "il vaut mieux de la neige sur le toit que des tuiles envolées" [contact auteur : Benoît W.] - [compléter cette analyse]
Trois girouettes Quel intérêt matériel y a-t-il à posséder trois girouettes ? Je suis loin d'être un spécialiste mais je pense qu'il n'y en a aucun. On doit donc supposer que la girouette est un forme de célébration du vent, d'amusement proposé à ce dieu joueur. Mais, si l'on admet qu'il est aussi un dieu capricieux, alors le fait de lui offrir trois girouettes relève de la superstition. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Treille A l'origine, terme d'horticulture désignant la structure (le plus souvent un cadre) utilisé pour la culture de certaines plantes grimpantes, notamment la vigne. En langage courant, elle désigne l'ensemble formé par le "tuteur" et la plante, dispositif fréquemment utilisé dans les pays du Sud pour constituer un coin d'ombre. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
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Mon petit bateau Peut-être suis-je obnubilé par mon analyse mythologique, mais je soupçonne dans ce refrain la présence d'un sens caché que je ne parviens pas à percer. Signalons quand même que le mot "bateau" signifie entre autres sens en argot "mensonge, tromperie", notamment dans l'expression "monter un bateau". On aurait alors un nouvel exemple de remotivation d'expression figée. Bien que la tentation soit grande d'y voir une allusion grivoise, j'écarte cette hypothèse car il me semble assez hasardeux de supputer que la voile renvoie à une conquête féminine de plus à mettre à l'actif de l'impétueux petit bateau. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Complément Tournure calquée, peut-être, sur "une corde de plus à son arc". Dans le dernier vers de chaque strophe, Brassens se plaît à "sacrifier à Eole", à lui offrir en récompense des choses à jouer : un moulin à vent, des tuiles à emporter, il met deux girouettes de plus à son toit et une voile de plus à son "petit bateau" (allusion peut-être aussi au "petit bateau de pêche" -- chanson qu'il entonne quelque part sur le coffret DVD)... [contact auteur : Ralf Tauchmann]
Boeufs Un vent "à décorner les boeufs" est un vent très violent. Faut-il rapprocher cette image cornue de l'état de cornard où se trouve le poète dans ce dernier couplet ? C'est bien tentant. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Mes Conclusion plaisante certes, en particulier dans sa reprise de l'expression triviale et son allusion aux cocus. Mais cela n'explique pas le déterminant possessif "mes". J'y vois le point culminant du culte rendu au dieu vent, car il est ici fait allusion aux sacrifices d'animaux pratiqués dans l'Antiquité. Il faut cependant bien préciser que toutes les allusions à un culte ont surtout comme finalité de faire rire par l'absurdité de ce qu'on perçoit aujourd'hui comme des superstitions. Et on peut même aller plus loin en suggérant qu'au-delà du patrimoine gréco-latin, c'est le folklore du culte rendu à toute divinité qui est tourné en dérision : trois girouettes pour adorer le vent n'ont pas plus de sens que par exemple quelques gouttes d'eau pour baptiser ou bénir. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]