ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Chanson pour l'auvergnat
Le testament
Le Testament
"Le testament" est le titre d'un long poème, ou plutôt d'une suite de poèmes de François Villon, dont est extraite la Ballade des dames du temps jadis
Voir également : Le moyenâgeux

[contact auteur : Jean-françois Burlot] - [compléter cette analyse]
01Je serai triste comme un saule
Saule
Triste comme un saule pleureur, bien sûr.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
02Quand le Dieu qui partout me suit
03Me dira, la main sur l'épaule :
04"Va-t'en voir là-haut si j'y suis."
Là-haut
Cf. Jacques Prévert (de 20 ans l'aîné de Brassens) : "Notre Père, qui êtes aux Cieux, restez-y!"
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
05Alors, du ciel et de la terre
06Il me faudra faire mon deuil...
07Est-il encor debout le chêne
Chêne, sapin
Le chêne : pour le cercueil des riches.
Le sapin : pour celui des pauvres, tous égaux devant la mort.
Chêne ou sapin : serais-je riche ou pauvre à ma mort ? Qu'importe !

[contact auteur : Jean-françois Burlot] - [compléter cette analyse]
Debout
Ici Brassens s'interroge sur la proximité de sa propre mort, si l'arbre qui produira son cercueil est encore debout ou pas (ce qui signifirait que sa mort est toute proche).
[contact auteur : Pierre Courthieu] - [compléter cette analyse]
08Ou le sapin de mon cercueil ?
09Est-il encor debout le chêne
Chêne
Brassens aurait-il plagié Napoleon ?
"Le boulet qui doit me tuer n'est pas encore fondu." - 29 janvier 1814 en échappant à une patrouille de cosaques.

[contact auteur : Dominique C] - [compléter cette analyse]
10Ou le sapin de mon cercueil ?
Chène ou sapin?
Une des très rares allusions au "confort" matériel : serais-je enterré dans une boîte à dominos de riche (chêne) ou dans du vulgaire sapin ? Peut-être GB s'interroge-t-il ici sur la future réussite de sa carrière...
[contact auteur : Gilles S.] - [compléter cette analyse]
 
11S'il faut aller au cimetière,
12J' prendrai le chemin le plus long,
13J' ferai la tombe buissonnière,
Tombe buissonnière
C'est en lisant dans un livre ou un article la phrase "comme on s'était trompé de route, on dut recommencer l'enterrement" que l'image de la tombe buissonnière est apparue à Brassens.
[contact auteur : Cindy L.] - [compléter cette analyse]
Complément
C'est d'ailleurs cette expression qui lui inspira la chanson; elle en est le point de départ
[contact auteur : Virginie Y.]
Complément
Plus tard, dans la Supplique..., ce sera :
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qu'il passe sa mort en vacances...

.

[contact auteur : Dominique Chailley]
Complément
Georges Brassens détourne avec malice la locution verbale et expression "Faire l'école buissonnière" qui signifie manquer l’école volontairement, se promener au lieu d’aller à l’école. Brassens prouve son amour de la vie, malgré la fatalité qu'il y a de ne pas échapper à la mort. Je ne suis pas pressé de mourir, et avant d'aller au cimetière, je vais bien en profiter. Malheureusement, il mourra à 60 ans.
[contact auteur : Charles Aknin]
Autre interprétation
J'imaginais qu'il y avait là un détournement de l'expression "l'école buissonnière" : comme les écoliers veulent éviter d'aller à l'école, il veut éviter de se trouver dans la tombe...
[contact auteur : Mélusine A] - [compléter cette analyse]
Complément
Il est aussi intéressant de noter que l'école à laquelle l'écolier veut échapper n'est qu'un "mauvais moment à passer", d'une part, et d'autre part s'avère finalement utile pour le reste de l'existence. La mort ne serait-elle que temporaire?
On pourrait le croire, puisque plus tard dans la chanson, Brassens semble toujours actif, sous la forme de fantôme. Et puis, le fait que la chanson s'achève au présent semble aussi montrer que la mort n'est pas une fin pour l'homme.

[contact auteur : Samuel M.]
14J' quitterai la vie à reculons...
15Tant pis si les croque-morts me grondent,
16Tant pis s'ils me croient fou à lier,
17Je veux partir pour l'autre monde
18Par le chemin des écoliers.
19Je veux partir pour l'autre monde
20Par le chemin des écoliers.
Le chemin des écoliers
Au cas où on n'aurait pas compris "la tombe buissonnière". Il est vrai qu'aujourd'hui, on va traîner dans les supermarchés plutôt que dans les buissons quand on sèche l'école.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
21Avant d'aller conter fleurette
22Aux belles âmes des damnées,
23Je rêv' d'encore une amourette,
24Je rêv' d'encor' m'enjuponner...
25Encore un' fois dire : "Je t'aime"...
Encore un'fois
Jean-Pierre Chabrol cite les quatre vers suivants dans "Mille millions de Nippons" dans un chapitre très drôle où complètement paumé dans une soirée avec des geishas, il imagine que Brassens vient lui rendre visite. Une des geishas s'appelle mademoiselle Chrysanthème, d'où la citation.
[contact auteur : Jacques Faulx] - [compléter cette analyse]
26Encore un' fois perdre le nord
27En effeuillant le chrysanthème
28Qui est la marguerite des morts.
29En effeuillant le chrysanthème
30Qui est la marguerite des morts.
 
31Dieu veuill' que ma veuve s'alarme
S'alarmer
Est-ce le sens étymologique : se trouver en état de verser des larmes ? On connaît surtout le sens retenu par la tragédie classique : s'inquiéter (avec, souvent, il est vrai, une connotation sentimentale). Si oui, la rime avec "larmes", deux vers plus bas, pourrait paraître redondante.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Complément
Hé, non, ce mot n'est pas relié étymologiquement aux larmes, mais bien aux armes.
C'est un emprunt d'une interjection italienne "all'arme" signifiant aux armes, cri pour prévenir les soldats de l'arrivée de l'ennemi.
En français, il est d'abord attesté comme interjection dans le même sens qu'en italien puis comme substantif : frayeur, vive inquiétude. (le glissement de sens est compréhensible)
Encore une fois, on peut se référer au délicieux trésor de la langue francaise :
atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv4/showps.exe?p=combi.htm;java=no;

[contact auteur : Vincent Barbier]
32En enterrant son compagnon,
33Et qu' pour lui fair' verser des larmes
34Il n'y ait pas besoin d'oignon...
35Qu'elle prenne en secondes noces
36Un époux de mon acabit :
Acabit
Le mot est le plus souvent employé au sens figuré, tout comme "pointure". Ici, le sens figuré se cache derrière le sens propre, désignant la corpulence : le nouvel époux (ou amant) devra et pourra utiliser les vêtements du défunt.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
37Il pourra profiter d' mes bottes,
Bottes
Là encore, comme pour "terre - chêne", une simple assonance...
[contact auteur : Mic L.] - [compléter cette analyse]
38Et d' mes pantoufle' et d' mes habits.
39Il pourra profiter d' mes bottes,
40Et d' mes pantoufle' et d' mes habits.
 
41Qu'il boiv' mon vin, qu'il aim' ma femme,
42Qu'il fum' ma pipe et mon tabac,
Le service de publication est momentanément désactivé, sans doute à cause d'une trop longue liste d'analyses en attente de modération.
Merci de votre compréhension.
43Mais que jamais - mort de mon âme ! -
44Jamais il ne fouette mes chats...
45Quoique je n'ai' pas un atome,
46Une ombre de méchanceté,
47S'il fouett' mes chats, y'a un fantôme
D'autres chats à fouetter
On pourrait comprendre que GB interdit à son successeur de reprendre son activité de poète et de musicien. Mais il semble bien qu'il faille ici comprendre littéralement qu'il lui interdit de faire des misères à ses chats (il en avait de nombreux). Façon inattendue de retourner une métaphore pour lui redonner son sens littéral.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
48Qui viendra le persécuter.
49S'il fouett' mes chats, y'a un fantôme
50Qui viendra le persécuter.
 
51Ici-gît une feuille morte,
52Ici finit mon testament...
Ici finit mon testament
Fait écho aux premiers vers du dernier poème du "Testament" de François Villon :
"Icy se clost le testament
Et finist du pauvre Villon"

[contact auteur : Jean-françois Burlot] - [compléter cette analyse]
Complément
C'est aussi la signature, à la dernière page, des premiers imprimés en français, avant 1500 (incunables), avant l'invention de la "page de titre". On connaît notamment le "colophon" du Roman de la Rose :
Ci falt la geste que Turoldus declinet = Ici finit l'histoire que Turolde raconte (ou copie? ou traduit?).

[contact auteur : Dominique Chailley]
53On a marqué dessus ma porte :
54"Fermé pour caus' d'enterrement."
55J'ai quitté la vi' sans rancune,
56J'aurai plus jamais mal aux dents :
57Me v'là dans la fosse commune,
58La fosse commune du temps.
59Me v'là dans la fosse commune,
60La fosse commune du temps.

Georges Brassens