ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Hors album
L'inestimable sceau
01Ma mie, en ce temps-là, chaque année au mois d'août,
02Se campait sur la grève, et ça m'était très doux
03D'ainsi la voir en place.
04Dans cette position, pour se désennuyer,
05Sans jamais une erreur, ell' comptait les noyés
06En suçant de la glace.
Sucer de la glace
La scène se passe au mois d'août. Sucer de la glace est un vieux remède de bonne femme contre la chaleur et l'exposition au soleil.
[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
 
07Ses aimables rondeurs avaient fait à la fin
08Un joli petit trou parmi le sable fin,
09Une niche idéale.
10Quand je voulais partir, elle entrait en courroux,
11En disant : "C'est trop tôt, j'ai pas fini mon trou ;
Le trou des halles
Le quartier des Halles accueillait le principal marché de Paris depuis le Moyen-Âge. En 1851, l'architecte Baltard construisit ses fameuses halles de fer en forme de parapluie qui abritèrent le marché de gros de la capitale jusqu'aux années 1960.
En 1969, la vétusté et l'encombrement du marché provoqua son transfert à Rungis, à 15 km au sud de Paris, et les 10 pavillons furent détruits, malgré les protestations des spécialistes et de l'opinion.
Pendant dix ans le trou des Halles resta béant, faisant l'objet de multiples projets souvent futuristes, tandis que se construisait l'immense station de Châtelet-les Halles.
Aujourd'hui, ce faisceau de trois lignes de RER fait du Forum une sorte d'entrée dans Paris... Cette vaste galerie marchande construite en 1979 sur quatre niveaux est le cadre d'une animation permanente de flâneurs, de badauds, de consommateurs…

(source : www.tourisme.voila.fr)

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
12C'est pas le trou des Halles."
 
13Près d'elle, un jour, passa superbe un ange blond,
14Un bellâtre, un belître au torse d'Apollon,
Bélître
Peut-être du hollandais bedelaer. Terme injurieux désignant un homme de rien. "Pendard! Gueux! Bélître!" Molière.
Le Petit Robert

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Le mot a été popularisé par Rostand dans Cyrano de Bergerac avec le titre de sa ballade en vers (I,4, v404) :
Ballade du duel qu'en l'hôtel Bourguignon
Monsieur de Cyrano eut avec un bélître

... qui rime plus loin avec "c'est le titre"

[contact auteur : Bisson Philippe]
Bellâtre
Bel homme fat et niais Le Petit Robert.
La terminaison -âtre a toujours eu quelque chose de péjoratif, de verdâtre pour un vert pas franc à marâtre, pour une belle-mère peu aimable.
Ici, la rime interne "bellâtre-bélître", avec ses deux accents circonflexes, arrive à suggérer la bêtise bégayante et prétentieuse des culturistes et autres Apollons de plage.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
15Une espèce d'athlète.
Le service de publication est momentanément désactivé, sans doute à cause d'une trop longue liste d'analyses en attente de modération.
Merci de votre compréhension.
16Comme mue d'un ressort, dressée sur son séant,
17Elle partit avec cet homme de néant,
Homme de néant
Voir plus haut, bélître = homme de rien.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
18Costaud de la Villette.
La Villette
C'est sur la commune de La Villette (aujourd'hui, XIXème arrondissement) que pendant un siècle, jusqu'en 1980, se trouvaient les abattoirs de Paris, où des costauds trimballaient sur leur dos des quartiers de boeuf.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Le costaud
Ici Brassens ne râle pas contre un bourgeois, un croquant, qui se sert de ses richesses pour le déposséder de sa belle, comme dans beaucoup de chansons (Le Père Noël et la petite fille, Gastibelza, l'homme à la carabine, Les ricochets et bien d'autres) mais contre un gros musclé de plage, engeance tout aussi détestable mais moins porteuse de sens, semble-t-il.
[contact auteur : Davy B.] - [compléter cette analyse]
 
19La volage, en volant vers ce nouveau bonheur,
20Me fit un pied de nez doublé d'un bras d'honneur,
21Adorable pimbêche !
22J'hésite à simuler ce geste : il est trop bas.
23On vous l'a souvent fait, d'ailleurs je ne peux pas :
24La guitare m'empêche !
 
25J'eus beau la supplier : "De grâce, ma Nini,
26Rassieds-toi, rassieds-toi : ton trou n'est pas fini."
27D'une voix sans réplique,
28"Je m'en fous, cria-t-elle, et puisqu'il te plaît tant,
29C'est l'instant ou jamais de t'enfouir dedans :
30T'as bien fait "La Supplique" !"
Supplique pour être enterré à la plage de Sète
"Juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche..."

Nini se moque de la Supplique pour être enterré à la plage de Sète. Par sa bouche, GB tourne en dérision une de ses plus belles chansons. Morale: il ne faut jamais se prendre au sérieux, surtout quand on parle de la mort ou qu'on fait son testament.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Brassens n'hésite jamais à pratiquer l'autodérision. Lorsqu'il raille le chauvinisme dans La ballade des gens qui sont nés quelque part, il cite en passant sa bonne vieille ville de Sète, histoire de rappeler que lui-même... Qu'ils sortent de Paris, ou de Rome, ou de Sète [...] Ils s'en flattent, mazette!
[contact auteur : Thierry D]
 
31Et je retournai voir, morfondu de chagrin,
Morfondu de chagrin
On pourrait croire, à première lecture, que GB a laissé passer un pléonasme : être morfondu, aujourd'hui, c'est avoir du chagrin. Mais le Robert nous dit que le premier sens (littéraire) de morfondu c'est "transi, glacé".
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
32La trace laissée par la chute de ses reins,
Chute de reins
Une belle chute de reins, parlons franc, c'est un beau cul.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
33Par ses parties dodues.
34J'ai cherché, recherché, fébrile jusqu'au soir,
35L'endroit où elle avait coutume de s'asseoir,
36Ce fut peine perdue.
 
37La vague indifférente, hélas ! avait roulé,
38Avait fait plage rase, avait annihilé
Plage rase
Comme, en partant, Nini avait fait table rase de leurs amours.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
La vague qui balaie tout est un thème que Brassens a merveilleusement exploité et développé dans Les châteaux de sable :
Elle causa plus de ravages,
De dégâts qu'un raz-de-marée

[contact auteur : Bisson Philippe]
39L'empreinte de ses sphères.
40Si j'avais retrouvé l'inestimable sceau,
Le sceau
On l'a compris, le sceau, qui est le plus souvent l'empreinte d'une chevalière dans de la cire chaude, c'est ici l'empreinte des sphères postérieures de Nini dans le sable.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
41Je l'aurais emporté, grain par grain, seau par seau,
Grain par grain
Tel ces amoureux d'antan qui gardaient, fétichistes, le foulard ou le gant de la belle (car il avait touché sa peau !), GB se propose d'emporter grain par grain le sable où elle a posé son derrière.
C'est se moquer gentiment du fétichisme (on y tombe tous un jour ou l'autre), mais il y a aussi quelque chose de presque tragique dans cette empreinte disparue. Rappelons-nous les Feuilles Mortes : "La mer efface sur le sable - les pas des amants désunis."

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
42Mais m'eût-on laissé faire ?

Georges Brassens