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Georges Brassens, Fernande
Le blason
Blason
Forme de poème court, datant du XVIe s., décrivant élogieusement ou satiriquement quelqu'un ou quelque chose
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Les Blasons Anatomiques Du Corps Féminin (1536)
Clément Marot semble être à l'initative de la publication en 1536 d'un ouvrage nommé "Les Blasons Anatomiques Du Corps Féminin". Ce recueil rassemble plusieurs blasons honorant le corps féminin, sur le modèle l'épigramme du "Beau Tétin" qu'a écrit Clément Marot à l'intention de quelque belle demoiselle. Voici une nomenclature des Blasons qui composent cet ouvrage :
- la Chevelure blonde, par de Vauzelles
- le Coeur, par Albert le Grand
- la Cuisse, par Lelieur
- la Main, par Claude Chapuys
- l'Oeil, par A. Heroet
- l'Esprit, par Lancelot Carle
- la Bouche, par Victor Brodeau
- la Larme, par Maurice Sceve
- l'Oreille, par Albert le Grand
- le Sourcil, par Maurice Sceve

Il est fort à penser que cette liste n'était pas étrangère à Georges Brassens, et qu'il a pris coquin plaisir à la compléter.

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A propos de la musique du blason
En 1969, le 3ème ou 4ème jour de son tour de chant à Bobino, Brassens a retiré du circuit " le blason", parce que quelques-uns de ses amis avaient émis des doutes sur l'adéquation de la musique au texte et que ces réserves étaient partagées par le public. En 1972, les paroles furent assorties d'une mélodie qui leur convenait mieux et fit le beau succès qu'on connaît.
[contact auteur : Robert C.] - [compléter cette analyse]
La forme du blason
Détail amusant qui n'aura pas échappé à GB, un blason, un vrai, qui porte les armes d'une famille noble, a la forme d'un écu, d'un triangle renversé... qui évoque souvent le sexe féminin.
[contact auteur : Matthias L.] - [compléter cette analyse]
Le titre modifié : précision
Lorsque GB a chanté la première version du "Blason" en 1969 (j'ai eu la chance de l'enregistrer à la radio), la chanson s'appelait "Révérence parler". Elle comportait, au début, 5 strophes supplémentaires, supprimées ensuite.
[contact auteur : Gérard Lenne] - [compléter cette analyse]
01Ayant avecques lui toujours fait bon ménage,
Variante
Lors de la première, à Bobino, la chanson commençait ainsi :
"Avant de parvenir au déclin de mon âge / J'eusse..."
D'autres termes ont été changés également.

[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
Autre variante
C'est vrai pour le Bobino de 1972. En 1969, il commençait par "Imitant de Marot l'élégant badinage"
[contact auteur : Gérard Lenne] - [compléter cette analyse]
Les 5 strophes disparues
Ma muse est sans conteste une franche poissarde
Qui n’a pas peur des mots, qui l’a prouvé déjà
Qui vous enfourche son Pégase à la hussarde
Qui plutôt deux fois qu’une appelle un chat un chat

N’ai-je pas dit putain, n’ai-je pas dit vérole
N’ai-je pas dit bordel, merde, que sais-je encore
Dans cette folle course aux triviales paroles
N’ai-je pas dès longtemps établi le record ?

Beau séant féminin t’ai-je pas dit en face,
Ayant troussé ta robe en un geste incongru,
Tu n’es que de la fesse et que grand bien nous fasse
Oui ou non, callipyge, ai-je chanté ton cul ?

Cependant n’en déplaise aux prudes imbéciles,
Ne pas mâcher les mots c’est un art délicat
Nommer un chat un chat c’est souvent difficile
Parfois même impossible, aujourd'hui c’est le cas

Car avant de partir sur la barque fatale
Pour je ne sais quel vague et morne terminus
J’eusse aimé célébrer sans causer de scandale
Le plus noble de tous les blasons de Vénus

Imitant de Marot l’élégant badinage,
J’eusse aimé célébrer sans être inconvenant...

[contact auteur : Gérard Lenne] - [compléter cette analyse]
02J'eusse aimé célébrer, sans être inconvenant,
Inconvenant
La syllabe "con" est particulièrement mise en évidence, par la façon dont Brassens chante.
[contact auteur : Julien Le Goff] - [compléter cette analyse]
03Tendre corps féminin, ton plus bel apanage,
04Que tous ceux qui l'ont vu disent hallucinant.
 
05C'eût été mon ultime chant, mon chant du cygne,
06Mon dernier billet doux, mon message d'adieu.
07Or malheureusement les mots qui le désignent
08Le disputent à l'exécrable, à l'odieux.
 
09C'est la grande pitié de la langue française,
10C'est son talon d'Achille et c'est son déshonneur
11De n'offrir que des mots entachés de bassesse
12À cet incomparable instrument de bonheur.
 
13Alors que tant de fleurs ont des noms poétiques,
Variante
Cette strophe ne figurait pas dans la première version.
[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
Complément
Cette strophe remplace 6 strophes d'une version plus ancienne:

Au jardin de mon père on se nomme glycine
On se nomme pervenche, on se nomme dahlia
On se nomme azalée, liseron, capucine
On se nomme muguet, bouton d'or, camélia

Alors que tant de fleurs ont des noms poétiques
Des noms si bienvenus à bon droit je me plains
Que cette fine fleur, cette fleur érotique
La fleur par excellence en ait de si vilains

Si vous pérégrinez à travers le royaume
Vous trouvez des pays qu'on appelle Orléans
Beaugency, Notre Dame de Cléry, Vendôme
Des séquelles de noms tout à fait bienséants

Alors que tant de lieux ont des noms poétiques
Des noms si bienvenus, à bon droit je me plains
Que ce havre de grâce, ce séjour érotique
Ce pays de cocagne en ait de si vilains

Chez le diamantaire on se nomme topaze
On se nomme turquoise, on se nomme rubis
On se nomme améthyste, aigue-marine, opale
On se nomme saphir ou lapis-lazuli

Alors que tant de pierres ont des noms poétiques
Des noms si bienvenus à bon droit je me plains
Que ce bijou précieux, ce trésor érotique
La perle parangon en ait de si vilains

[contact auteur : Charles Schotman]
Complément
"Orléans, Beaugency, Notre-Dame de Cléry, Vendôme, Vendôme..."
Refrain d'une vieille chanson française, repris da capo et à quatre voix par le "super group" américain Crosby Stills Nash & Young sur le 30cm qui portait ce nom (Super Group). Une merveille.

[contact auteur : Henri T.]
14Tendre corps féminin, c'est fort malencontreux
15Que ta fleur la plus douce et la plus érotique,
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16Et la plus enivrante, en ait de si scabreux.
Variante
Cette strophe remplace une autre strophe disparue :

Rien que des chapelets de termes argotiques
Bons pour la poissonnière ou pour le turlupin
Ou, plus fâcheuse encore et plus inesthétique,
La froide terminologie des carabins.

[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
 
17Mais le pire de tous est un petit vocable
18De trois lettres, pas plus, familier, coutumier,
19Il est inexplicable, il est irrévocable,
20Honte à celui-là qui l'employa le premier.
 
21Honte à celui-là qui, par dépit, par gageure,
22Dota du même terme, en son fiel venimeux,
23Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure,
24Celui-là, c'est probable, en était un fameux.
Vous l'aviez devine sans doute...
Un fameux con bien sur.
[contact auteur : Antoine P] - [compléter cette analyse]
 
25Misogyne à coup sûr, asexué sans doute,
Variante
Pédéraste à la place d'asexué
[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
26Aux charmes de Vénus absolument rétif
27Était ce bougre qui, toute honte bue, toute,
28Fit ce rapprochement d'ailleurs intempestif.
 
29La malepeste soit de cette homonymie !
Homonymie
Cette homonymie n'a pas gêné Pierre Perret, qui a concacré une de ses plus belles chansons au "joli mot con".
[contact auteur : Jean-françois Burlot] - [compléter cette analyse]
Complément
La chanson de Pierre Perret est intitulée : Celui d'Alice
[contact auteur : Gérard Lenne]
Homonymie
En fait, il s'agit plutôt de synonymie. Le joli mot con vient de connil, ou connin, qui signifiait autrefois lapin (cf. coniglio en italien). Ce petit animal à fourrure câline désignait le sexe féminin comme aujourd'hui la chatte. Par ailleurs, dans les fabliaux et les fables, Jeannot Lapin était souvent le benêt, l'imbécile de service face au rusé Renard ou au Loup cruel. De là à penser "con comme un lapin", il n'y avait qu'un pas.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
30C'est injuste, Madame, et c'est désobligeant
31Que ce morceau de roi de votre anatomie
Variante (première version)
Que le plus beau fleuron de votre anatomie
[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
32Porte le même nom qu'une foule de gens.
Foule
Voir Le pluriel}l} :
Le pluriel ne vaut rien à l´homme et sitôt qu´on
Est plus de quatre on est une bande de cons.

[contact auteur : Jean-françois Burlot] - [compléter cette analyse]
 
33Fasse le ciel qu'un jour dans un trait de génie
Variante
Cette strophe ne figurait pas dans la première version
[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
Strophe supprimée
Restons-en là, Madame, il s'avère impossible
De désigner d'un nom tout à fait opportun
Cette pure merveille : elle est inexpressible
Et je perdrais le mien en lui en cherchant un !

[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
34Un poète inspiré, que Pégase soutient,
Pégase
Pégase, d'un coup de sabot, fit jaillir une source où vinrent s'abreuver les poètes. Ainsi l'expression "enfourcher Pégase" signifie "avoir de l'inspiration".
[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
35Donne, effaçant d'un coup des siècles d'avanie,
36À cette vraie merveille un joli nom chrétien.
 
37En attendant, madame, il semblerait dommage,
38Et vos adorateurs en seraient tous peinés,
Variante
Mais je nourris l'espoir d'être (un peu? enfin? un jour?) pardonné
En rappelant ici que pour lui rendre hommage
Il est d'autres moyens et que je les connais

[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
Complément
Le premier vers de cette variante dans la première version :
Elle est inexpressible hélas et c'est dommage
Mais je nourris l'espoir d'être un peu pardonné

[contact auteur : Jean-paul Dayan]
39D'aller perdre de vue que pour lui rendre hommage
40Il est d'autres moyens et que je les connais
41Et que je les connais.
Con-nais
Il doit être bien difficile pour une femme de ne pas ressentir la tendresse et le respect dont G.B. fait ici preuve à leur égard. Magnifique hommage sur un sujet bien délicat à traiter et notez que par deux fois, il utilise le terme "madame", en signe d'humilité manifeste.
[contact auteur : S M.] - [compléter cette analyse]

Georges Brassens