ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Supplique pour être enterré à la plage de Sète
La non-demande en mariage
Brassens et Puppchen
Au début des années 1950, Brassens rencontre une jeune femme née en Estonie, Joha Heiman, surnommée Puppchen : un amour au départ quasi-clandestin (Joha est mariée, et son mariage se disloque) mais qui va durer jusqu'à la mort de Georges, pendant plus de 30 ans, d'une façon assez particulière.
Louis-Jean Calvet, dans sa biographie de Brassens, nous raconte qu'"ils vivront une vie commune séparée, chacun chez soi mais toujours ensemble. Chacun en effet a son appartement. Georges téléphone tous les jours à Joha qui passe le voir fréquemment; elle ira avec lui dans sa maison de campagne à Crespières puis à Lézardrieux, elle le suivra en tournée, toujours là, toujours dans les coulisses, veillant à tout. Mais en même temps, chacun gardera ainsi sa distance, sa liberté." (L-J. Calvet, Georges Brassens)
Brassens pouvait-il rendre un plus bel hommage à Puppchen en chantant La non-demande en mariage, symbole de cet amour sans entraves ?

[contact auteur : Kamal A.] - [compléter cette analyse]
01Ma mie, de grâce, ne mettons
02Pas sous la gorge à Cupidon
Cupidon
Le dieu latin de l'Amour (équivalent du grec Eros). De son arc, il décochait les flèches qui inspiraient l'amour.
[contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
Complément
Ma mie:
terme littéraire ancien. En utilisant ce mot, GB joue sur la dualité entre la distance temporelle du terme et le rapport intime avec son amie; entre la liberté et l'amour.

[contact auteur : Sylvain L.]
03Sa propre flèche,
04Tant d'amoureux l'ont essayé
05Qui, de leur bonheur, ont payé
06Ce sacrilège...
Sacrilège
Ici, Brassens emploie le mot "sacrilège" pour parler du mariage qui est considéré par l'église catholique comme un "sacrement"...
[contact auteur : Raphaël Bourgeois] - [compléter cette analyse]
Sacrilège
En sous-entendant que le mariage est un sacrilège envers Cupidon (lui mettre la flèche sous la gorge)
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
 
07J'ai l'honneur de
Métrique, prosodie
Les six vers du refrain constituent deux alexandrins coupés en trois (trimètres) avec des rimes internes. Cela rappelle une autre expérimentation rythmique très audacieuse et savante à la fois : celle dans Le vin (voir une note à cet endroit)
[contact auteur : Alexandre P.] - [compléter cette analyse]
08Ne pas te de-
09Mander ta main,
De de dé
GB met l'accent sur les syllabes "de" "de" "dé" pour souligner l'idée du couple. Ou comment la forme rejoint finement le fond...
[contact auteur : Alex L.] - [compléter cette analyse]
10Ne gravons pas
Antithèse
Derrière les décors, on peut croire voir une antithèse avec "graver les noms sur un arbre". Dans son interview avec Philippe Nemo, Brassens dit bien que cette chanson concerne la "cohabitation", car "le mariage n'est rien". Le fond sentimental de cette chanson n'est pas moins vrai pour la cohabitation hors mariage, le PACS ou toute autre organisation de cohabitation existante ou encore à venir.
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
11Nos noms au bas
12D'un parchemin.
Ne gravons pas nos noms...
C'est à dire ne signons pas d'engagement ni de contrat de mariage.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Graver sur un parchemin
Le verbe "graver" est là pour marquer le caractère définitif de la signature. Car, au sens propre, on écrit sur un parchemin et on grave le métal ou la pierre, comme dans le v.15 de L'andropause : Ils gravent sur mon mur en style lapidaire
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Alexandrin ?
Au contraire de la première partie du refrain, Brassens chante d'un seul tenant ces trois vers, ce qui en fait de fait un alexandrin, comme si le vers canonique était le plus approprié pour exprimer cette sentence.
A propos des jeux de rimes internes, il s'agit là d'un cas d'école : si l'on en fait un alexandrin, les deux mesures de chaque hémistiche riment entre elles ("gravons" avec "nos noms" et "au bas d'un" avec "parchemin"), et l'on peut conserver la diction en trimètre avec la rime entre "pas" et "bas"

[contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
 
13Laissons le champ libre à l'oiseau,
14Nous serons tous les deux priso-
15Nniers sur parole,
16Au diable, les maîtresses queux
Maîtresses queux
Un maître queux est un cuisinier
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
17Qui attachent les coeurs aux queues
Clinquante allitération
queux...Qui...coeurs....queux
Des sonorités qui laissent entendre les entrechoquement des casseroles avant que le mot apparaisse.

[contact auteur] - [compléter cette analyse]
18Des casseroles !
 
19J'ai l'honneur de
20Ne pas te de-
21Mander ta main,
22Ne gravons pas
23Nos noms au bas
24D'un parchemin.
 
25Vénus se fait vieille souvent,
Vieillesse
Allitérations en v qui soulignent et font résonner le mot "vieille" (plus une assonance en "è" dans "fait")
[contact auteur : Eva P.] - [compléter cette analyse]
Le service de publication est momentanément désactivé, sans doute à cause d'une trop longue liste d'analyses en attente de modération.
Merci de votre compréhension.
26Elle perd son latin devant
Vénus qui perd son latin...
Ceci est d'autant plus drôle que Vénus est une déesse romaine.
[contact auteur : Laurent L.] - [compléter cette analyse]
27La lèchefrite...
Lèchefrite
(de lèche, et ancien français "froie" = frotte) : ustensile de cuisine placé sous la broche ou le gril pour recevoir le jus et la graisse d'une pièce de viande mise à rôtir Larousse
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
28À aucun prix, moi je ne veux
A aucun prix
Les expressions équivalentes "en aucun cas" "d'aucune manière" "d'aucune façon" ne manquent pas. Mais à mon sens Brassens n'a pas choisi le mot "prix" au hasard, on pourrait l'entendre ici comme le prix marchand de l'alliance, soulignant le matérialisme et la symbolique à deux sous dont font preuve les mariés.
[contact auteur : Yann Nüssbaum] - [compléter cette analyse]
29Effeuiller dans le pot-au-feu
30La marguerite.
La marguerite dans le pot-au-feu
La même idée est exprimée dans Pénélope, mais vue "côté jardin", dans l'expression "mettre La marguerite au jardin potager = introduire la poésie dans la vie quotidienne.
Mais toujours sans mettre son nom au bas d'un parchemin.

[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
 
31J'ai l'honneur de
32Ne pas te de-
33Mander ta main,
34Ne gravons pas
35Nos noms au bas
36D'un parchemin.
 
37On leur ôte bien des attraits,
38En dévoilant trop les secrets
39De Mélusine.
Mélusine
Personnage d'un roman du XIVième siècle de Jean d'Arras, Mélusine est une fée qui après s'être fait jeter un mauvais sort, se changeait en sirène tous les samedis. Ce secret ne devait être connu de personne afin qu'elle puisse garder son apparence humaine pendant les autres jours de la semaine. Elle demanda donc à son futur époux, Raymondin, de ne jamais chercher à connaître ses origines et de ne jamais la voir les samedis.
[contact auteur : Éric G.] - [compléter cette analyse]
Complément
En faisant référence à Mélusine, Brassens indique que selon lui, l'amour ne peut durer qu'en respectant le jardin secret de l'autre, sans doute la raison pour laquelle ils avaient fait le choix, avec sa compagne, de vivre séparément.
[contact auteur]
40L'encre des billets doux pâlit
41Vite entre les feuillets des li-
Livre de cuisine
Ce passage rejoint l'idée déjà entamée plus haut quand Brassens dit: "Vénus [...] perd son latin devant la lèche-frite" => l'amour pâlit, s'affaiblit, dans la routine de la vie quotidienne, routine de préparer la cuisine par exemple.
[contact auteur : T J.] - [compléter cette analyse]
42Vres de cuisine
 
43J'ai l'honneur de
44Ne pas te de-
45Mander ta main,
46Ne gravons pas
47Nos noms au bas
48D'un parchemin.
 
49Il peut sembler de tout repos
50De mettre à l'ombre, au fond d'un pot
Mettre à l'ombre
Peut aussi s'apparenter à l'emprisonnement, dû au mariage : notion de liberté restreinte, d'enfermement.
[contact auteur : J0j0 B.] - [compléter cette analyse]
51De confiture,
52La jolie pomme défendue,
Pomme
Nouvelle variation sur les stéréotypes du sentiment amoureux, ici la pomme qu'Eve tend à Adam dans le jardin d'Eden, souvent assimilée au péché de chair.
[contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
53Mais elle est cuite, elle a perdu
Cuite
Double sens : elle est littéralement cuite si elle a été réduite en confiture, mais aussi elle est cuite au sens de "elle est fichue".
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
54Son goût "nature".
Nature
La pomme a perdu son goût "nature", c'est-à-dire que la relation du couple perd de sa spontanéité, voire son goût d'"interdit"
[contact auteur : Arnaud B.] - [compléter cette analyse]
 
55J'ai l'honneur de
56Ne pas te de-
57Mander ta main,
58Ne gravons pas
59Nos noms au bas
60D'un parchemin.
 
61De servante n'ai pas besoin,
De servante
Jolie homonymie que fait Brassens avec De Cervantes, l'auteur de Don Quichotte mentionné un peu plus loin.
[contact auteur : Samuel M.] - [compléter cette analyse]
62Et du ménage et de ses soins
63Je te dispense...
64Qu'en éternelle fiancée,
65À la dame de mes pensées
La dame de mes pensées
C'est un des clichés que Don Quichotte emploie pour désigner Dulcinée. Cliché qui viendrait des coutumes de la chevalerie : l'aspirant chevalier pouvait fort bien dédier ses tournois et autres hauts faits à une "dame de ses pensées" avec laquelle il n'avait qu'une relation platonique, pour la bonne raison qu'elle était souvent déjà mariée.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
66Toujours je pense...
 
67J'ai l'honneur de
68Ne pas te de-
69Mander ta main,
70Ne gravons pas
71Nos noms au bas
72D'un parchemin.

Georges Brassens