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- À l'ombre des maris
- 01Les dragons de vertu n'en prennent pas ombrage,
- 02Si j'avais eu l'honneur de commander à bord,
- 03À bord du Titanic quand il a fait naufrage,
- 04J'aurais crié : "Les femm's adultères d'abord !"
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- 05Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 06Je suis derrière...
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- 07Car, pour combler les voeux, calmer la fièvre ardente
- 08Du pauvre solitaire et qui n'est pas de bois,
- 09Nulle n'est comparable à l'épouse inconstante.
- 10Femmes de chefs de gare, c'est vous la fleur d'époi.
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- 11Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 12Je suis derrière...
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- 13Quant à vous, messeigneurs, aimez à votre guise,
- 14En ce qui me concerne, ayant un jour compris
- 15Qu'une femme adultère est plus qu'une autre exquise,
- 16Je cherche mon bonheur à l'ombre des maris.
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- 17Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 18Je suis derrière...
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- 19À l'ombre des maris, mais cela va sans dire,
- 20Pas n'importe lesquels, je les trie, les choisis.
- 21Si madame Dupont, d'aventure, m'attire,
- 22Il faut que, par surcroît, Dupont me plaise aussi !
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- 23Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 24Je suis derrière...
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- 25Il convient que le bougre ait une bonne poire
- 26Sinon, me ravisant, je détale à grands pas,
- 27Car je suis difficile et me refuse à boire
- 28Dans le verr' d'un monsieur qui ne me revient pas.
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- 29Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 30Je suis derrière...
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- 31Ils sont loins mes débuts où, manquant de pratique,
- 32Sur des femmes de flics je mis mon dévolu.
- 33Je n'étais pas encore ouvert à l'esthétique,
- 34Cette faute de goût je ne la commets plus.
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- 35Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 36Je suis derrière...
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- 37Oui, je suis tatillon, pointilleux, mais j'estime
- 38Que le mari doit être un gentleman complet,
- 39Car on finit tous deux par devenir intimes
- 40À force, à force de se passer le relais.
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- 41Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 42Je suis derrière...
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- 43Mais si l'on tombe, hélas ! sur des maris infâmes,
- 44Certains sont si courtois, si bons si chaleureux,
- 45Que, même après avoir cessé d'aimer leur femme,
- 46On fait encor semblant uniquement pour eux.
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- 47Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 48Je suis derrière...
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- 49C'est mon cas ces temps-ci, je suis triste, malade,
- 50Quand je dois faire honneur à certaine pécore,
- 51Mais, son mari et moi, c'est Oreste et Pylade,
- 52Et, pour garder l'ami, je la cajole encore.
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- 53Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 54Je suis derrière...
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- 55Non contente de me déplaire, elle me trompe,
- 56Et les jours où, furieux, voulant tout mettre à bas
- 57Je crie : "La coupe est pleine, il est temps que je rompe !"
- 58Le mari me supplie : "Non, ne me quittez pas !"
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- 59Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 60Je suis derrière...
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- 61Et je reste, et, tous deux, ensemble on se flagorne.
- 62Moi, je lui dis : "C'est vous mon cocu préféré."
- 63Il me réplique alors : "Entre toutes mes cornes,
- 64Celles que je vous dois, mon cher, me sont sacrées."
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- 65Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
- 66Je suis derrière...
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- 67Et je reste et, parfois, lorsque cette pimbêche
- 68S'attarde en compagnie de son nouvel amant,
- 69Que la nurse est sortie, le mari à la pêche,
- 70C'est moi, pauvre de moi ! qui garde les enfants.
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- 71Ne jetez pas la pierre à la femme adultère.
Georges Brassens
<<(1972 - Fernande, 11)>>
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