Complément C'est aussi une chansons en rimes exclusivement masculines (c'est aussi le cas de Les Copains d'Abord ). Le but est sans doute de marquer le rythme saccadé de la java jouée par l'accordéoniste de rue qu'est Le vieux Léon... [contact auteur : Michel Stephanus]
Autres compléments 1) Le fait que la pièce soit en vers de quatre « pieds » (de quatre syllabes en réalité, car le pied, au sens classique, n’est pas forcément une syllabe et on appelle justement ces vers des quadrisyllabes) est une question de métrique et non de « rythme du texte » (qui concerne plutôt les rimes et les assonances internes).
2) On a le droit de rêver et même de dire à quoi nous fait rêver une chanson (les chansons sont exactement faites pour ça), mais de là à poser des choses non vérifiables ou fausses comme des vérités, il y a un pas, et c’est celui qui nous ferait quitter, hélas ! le domaine de l’analyse :
- a) le mouvement (ou le tempo) de cette chanson est celui d’une valse et non celui d’une java ;
- b) cette valse, qui nous dit, même si c’est fort plausible, que G. B. en attribue l’exécution au personnage du vieux Léon ? (Ou alors nous suggère-t-il aussi que l’Auvergnat, l’hôtesse et l’étranger de Chanson pour l’Auvergnat fredonnaient tous le même air de valse en accomplissant leurs fraternelles démarches ?) ;
- c) la métrique des vers n’est pas toujours en rapport avec le rythme ou le tempo choisi pour la musique et l’on connaît des javas (pour le coup) tant sur des vers courts (cf. les pentasyllabes du Bistrot) que sur des vers longs (cf. les hendécasyllabes d’Embrasse-les tous). [contact auteur : Laurent A.] - [compléter cette analyse]
Synérèse (tu es = t'es) Une petite synérèse (fusion de deux voyelles en une seule syllabe) permet de réduire à 4 pieds ce vers de 5 :
GB chante "que t'es parti"... [contact auteur : François P.] - [compléter cette analyse]
Synérèse En écoutant attentivement ce vers nous pouvons constater que la synérèse ne s'actualise pas vraiment. Chaque vers de cette chanson emprunte à travers une mesure ternaire à 6 croches la figure rythmique suivante (croche-croche-croche- noire pointée), alors que ce vers fait plutôt entendre ce rythme (croche et double croche en triolet + croche-croche-noire pointée), ce qui donne 5 figures rythmiques au lieu de 4 comme le ferait entendre ici la synérèse si elle était vraiment appliquée (tu es - t'es). [contact auteur : François P.] - [compléter cette analyse]
Synérèse, graphie La digression qui suit peut avoir quelque importance pour ceux qui pensent, à juste titre, à la chanson (qui se capte par les oreilles) plus qu’au livre (enfermé « dans sa typographie », comme disait si bien Léo Ferré)
Il est dommage (et dommageable) de transcrire une synérèse soit comme une élision (« t’es »), soit comme une… diérèse (« tu / es »).
En effet, la synérèse et la diérèse « sauvages » sont courantes dans les interprétations par Brassens de ses propres œuvres, et bien des chanteurs s’y trompent lorsqu’ils déchiffrent un texte pour lui redonner la vie : le chant naît difforme.
L’apostrophe indique depuis toujours une élision, et (en dehors des outils spécifiques des phonéticiens) il me semble qu’aucun signe courant n’a été choisi pour indiquer une synérèse, une diérèse ou simplement une liaison. Est-ce une raison pour détourner l’apostrophe, qui a un sens précis et un seul, et l’appliquer à une multitude de cas différents, voire contradictoires ? Sans y gagner aucune précision, on y perdrait celle de l’apostrophe.
N. B. : peut-être existe-t-il déjà des conventions, des protocoles quant à la graphie (pas trop ésotérique et accessible à tout « parfait honnête homme ») des textes destinés à être articulés (pour le chant ? l’opéra ? le théâtre ? la politique ? la radio ou la télé ?). [contact auteur : Laurent A.] - [compléter cette analyse]
Syntaxe Partir à tel endroit, bien que très fréquent, est incorrect. On part pour ou vers tel endroit, et il eût donc fallu : Que t(u)es parti Pour l'paradis [contact auteur : Laurent A.] - [compléter cette analyse]
Le bastringue et la java Ces éléments datent assez précisément les activités musicales du Vieux Léon. Le bastringue était une guinguette, un bal musette, puis le mot a fini par désigner l'orchestre qui y jouait. La java, qui est une valse un peu saccadée, a connu une grande vogue dans les années 1920-30 et les bals populaires. Elle se jouait surtout à l'accordéon. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Le service de publication est momentanément désactivé, sans doute à cause d'une trop longue liste d'analyses en attente de modération.
Merci de votre compréhension.
Musique au dos Musique, ici, dans le sens vieilli d'instrument de musique. Le Vieux Léon portait son "piano à bretelles" sur l'épaule ou sur le dos (dans sa boîte noire en carton bouilli). [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Musique au dos Allusion également à "sac au dos". Toute la première strophe évoque des locutions de départ et d'ailleurs d'un départ HEUREUX, plein d'espoirs et d'attentes : partir au paradis, partir bon train, partir en java (allusion indirecte), partir/s'en aller sac au dos, s'en aller mener le bal... A la fin, Léon "SE PLAIT (sûrement) au firmament". Brassens ne dit pas que Léon EST au firmament, mais il ne se permet pas d'ôter à Léon sa croyance "de départ", histoire d'honorer son souvenir, et il va même si loin de lui demander sa propre place : "Quel temps fait-il chez les gentils...?" Quoi de plus émouvant... [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
L'amicale des feux follets C'est le cimetière, l'endroit où, en ville du moins, on risque le plus de voir des feux follets ("exhalaison d'hydrogène phosphoré spontanément combustible". Le Petit Robert). On en voit parfois aussi dans les marais, la nuit. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
La danse des âmes Une fois encore le génie de Brassens entre en résonance avec sa force créatrice. Il parle des morts, d'un Léon qu'il verrait bien en maître de cérémonie, et aux honneurs, à l'inverse d'ici "bien bas" ("c'est une erreur, mais les joueurs d'accordéon, au grand jamais on ne les met au Panthéon")...
Comment évoquer la danse des âmes si ce n'est par ce phénomène presque surnaturel qui sévit dans les cimetières... limpide ! [contact auteur : Alan S.] - [compléter cette analyse]
Panthéon à l'origine un panthéon était un temple dédié à tous les dieux. À Paris, le Panthéon est le grand édifice à coupole, en haut de la rue Soufflot, près du Boulevard St Michel, où reposent les grands hommes, ou ceux qui ont, à des titres divers, bien mérité de la patrie reconnaissante: Napoléon, Victor Hugo, Jean Moulin, sont au Panthéon. On y a récemment transféré les cendres d'Alexandre Dumas, l'auteur des Trois Mousquetaires, ce qui l'aurait sans doute beaucoup amusé. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Synérèse (tu as = t'as) Une petite synérèse (fusion de deux voyelles en une seule syllabe) permet de réduire à 4 pieds ce vers de 5 :
GB chante "Mon vieux t'as dû"... [contact auteur : François P.] - [compléter cette analyse]
Pe(s), et sans pompons Le maintien du pluriel forcerait une prononciation : pompes z'et sans pompons que GB ne fait pas conformément à la langue populaire utilisée dans cette chanson. [contact auteur : Michel Stephanus] - [compléter cette analyse]
Complément Difficulté de transcription aussi, car le vers implique l'élision de l'e muet de pomp's : Une autre raison pourrait être l'enchaînement de "ET" qui va suivre et qui réclame une espèce de détachement : Sans grandes pomp's -- ET sans pompons -- ET sans ave [contact auteur : Ralf Tauchmann]
Et sans ave Brassens fait ici allusion à la tradition de l'Eglise catholique qui se refusait à enterrer avec une cérémonie officielle les comédiens et autres artistes (voir par exemple l'inhumation quasi clandestine de Molière), car les métiers de théâtre étaient considérés comme blasphématoires.
Ave : premier mot de l'Ave Maria (Je vous salue Marie) [contact auteur : Marie Paule C.] - [compléter cette analyse]
Le sapin Figure métonymique. Le sapin, c'est le cercueil, et particulièrement le cercueil des pauvres, car le sapin est un des bois les moins chers. On dit de quelqu'un "Il sent le sapin" quand, de toute évidence, il n'en a plus pour longtemps à vivre. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Synérèse (tu as = t'as) Une petite synérèse (fusion de deux voyelles en une seule syllabe) permet de réduire à 4 pieds ce vers de 5 :
GB chante "T'as fait ton trou"... [contact auteur : François P.] - [compléter cette analyse]
Complément Opposition amusante entre les cieux qui sont au-dessus de nous et un trou qu'on verrait plutôt en dessous.
De même il fait apparaître un fond aux cieux qui sont par nature infinis. [contact auteur : Matt M]
Rue de la Gaîté Cette rue était avant le XIXème siècle en dehors de Paris. Des bistrots y étaient installés en raison d'exemptions de taxes. Et avec ceux-ci, quelques guinguettes. D'où le nom de cette rue (qui se justifie maintenant pour des plaisirs peut être moins terrestres qu'autrefois). [contact auteur : Raphael W.] - [compléter cette analyse]
Le parti des myosotis Le parti des myosotis ("ne m'oubliez pas", dans le langage des fleurs ; voir Les deux oncles), c'est la bande des copains qui n'oublient pas le disparu. Voir aussi dans Les Copains d'Abord: "Oui mais jamais... son trou dans l'eau ne se refermait".
La fidélité aux copains, vivants ou morts, semble bien être une des vertus majeures, pour Brassens. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Pierrot Pierrot, c'est le clown blanc, l'enfariné, éternel amoureux (de Colombine), que l'on représente souvent une guitare à la main et la larme à l'oeil. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Pierrot Le pierrot, c'est aussi le moineau dit "franc", le piaf de base, qui fait partie de la mythologie parisienne.
À la fin du XIXème, c'était aussi une façon de désigner les "bleus" dans l'armée.
Aujourd'hui, c'est souvent un synonyme de guignol, d'ahuri. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Les premiers chrétiens ayant été, par la force des choses, des Juifs, il semble que le Petit Robert se plante un peu, là. Au commencement, les Gentils étaient bien uniquement les non-Juifs, et il y a eu tout un débat dans l'Eglise Primitive pour savoir 1. si on pouvait intégrer les Gentils, et 2. si pour les intégrer il était nécessaire de les faire d'abord souscrire à la loi juive (la loi de Moïse). Paul, "l'apôtre des Gentils", s'est violemment fait attaquer par les premiers Chrétiens (Juifs): voir Actes XXII, 21-22. L'Eglise n'a vraiment commencé à avoir du succès qu'avec la prédication de Paul, et l'ouverture du message évangélique aux Gentils (Actes XV, 1-29). Sans Paul, d'ailleurs, elle serait vraisemblablement restée une des nombreuses "sectes" juives comme il en existait des dizaines à l'époque, la plus connue étant celle des Esséniens.
(Pour ceux que ça intéresse, voir les livres Jésus contre Jésus, et Jésus après Jésus de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Editions du Seuil) [contact auteur : Henri T.]
Complément Le Littré : "Il se dit des anciens polythéistes, par opposition aux Juifs et aux Chrétiens. C'était un gentil. Nous avons été baptisés dans le même esprit, pour n'être tous ensemble qu'un même corps, soit juifs ou gentils, soit esclaves ou libres, SACI, Bible, St Paul, 1re épît. aux Corinth. XII"
Le terme "gentils" est important pour la chanson Le vieux Léon qui est une chanson polythéiste (images et notions "non terrestres" depuis les feux follets jusqu'à la Sainte Cécile en passant par Jéhovah...).
En allemand, par exemple, il n'y a qu'un seul terme pour "gentils" et "paiens". [contact auteur : Ralf Tauchmann]
Le p'tit bleu Ou le gros bleu, c'est le vin de tous les jours, à l'origine "le gros rouge qui tache bleu" sans doute parce qu'on a forcé sur le tanin pour lui donner de la couleur. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Les vignes du Seigneur à l'origine, travailler à la vigne du Seigneur c'est travailler pour Dieu, c'est à dire convertir des païens.
Par détournement de sens, "être dans les vignes du Seigneur" en est venu à signifier "être ivre".
Encore une fois GB détourne une expression toute faite : le vieux Léon est mort, il est donc au Paradis, chez Dieu, où il continue à fréquenter les vignes du Seigneur. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Papa Je suis toujours intrigué par le fait de savoir si cette chanson est tout entière dédiée au père de GB. 'Mon vieux' est déjà une évocatoin familère au paternel. Je ne comprends pas car les dates ne correspondent pas. Son père est décédé en 1965 alors qu'il avait déjà enregistré la chanson en octobre 1958... [contact auteur : Jacques Beck] - [compléter cette analyse]
Complément Voici ce que GB disait à ce sujet lors d'une entrevue sur Europe No1 le 9 février 1974: "Le vieux Léon", évidemment, c'est l'histoire d'un type qui jouait de l'accordéon dans la rue de Vanves dans le XIVe et dont, nous autres, nous nous foutions un petit peu, quoi. Parce que nous n'aimions pas l'accordéon. Et puis, il est mort et alors là, on s'est aperçu qu'on aimait l'accordéon et qu'on l'aimait. C'est une déclaration d'amour "le vieux Léon", malheureusement qui arrive trop tard puisque celui à qui elle s'adresse ne peut l'entendre. [contact auteur : Daniel Benaim]
Complément En argot, et aujourd'hui en français familier, on appelle "Papa" quiconque est plus (ou moins) vieux que vous. Il ne s'agit pas ici de paternité. Le chauffeur de taxi s'écrie volontiers (ou s'écriait à l'époque de Brassens) à l'adresse d'un automobiliste trop lent à démarrer au feu vert : "Alors Papa, on roupille?" [contact auteur : Henri T.]