ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Fernande
Les passantes
Antoine Pol
"A peine l’école précocement quittée, Georges Brassens découvre les vers d’Antoine Pol, poète oublié depuis La guerre de 14. Coup de foudre qui produira Les passantes."
Autres découvertes, autres chansons : Jean Richepin - Les oiseaux de passage, Paul Fort - Le petit cheval.
(source : www.midilibre.com)

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Emotions poétiques (1918)
Brassens déniche ce poème dans un marché aux puces. Il est tiré des "Emotions poétiques", écrit par Antoine Pol pendant la grande guerre. Assez vite, Brassens essaie de retrouver l'auteur, mais lorsqu'enfin, il le trouve, celui-ci est mort depuis un an.
[contact auteur : Richard T.] - [compléter cette analyse]
Antoine Pol
Né à Douai le 23 août 1888 - mort à Seine Port le 21 juin 1971. Capitaine d'artillerie, il combat pendant la guerre de 14-18, il entre au service des Mines de La Houve à Strasbourg en 1919. En 1945, il devient président du Syndicat Central des importateurs de charbon de France. Retraité en 1959, il peut enfin s'adonner à ses passions : la poésie, la bibliophilie et les papillons.
Oeuvres principales : Emotions poétiques (1918) - Le livre de maman (1924) - Destins (1941) - Plaisirs d'amour (1947) - Croquis (1970) - Coktails (1971).

[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
Strophe
Brassens avait déniché ce poème de 1913 aux puces de Vanves. Après avoir terminé la chanson, il avait chargé son fidèle Gibraltar, Pierre Onténiente, de retrouver l'auteur, disparu quelques mois plus tôt...
Brassens a supprimé une strophe, que l'on retrouve dans la version de Maxime Leforestier, qui est aussi dans l'édition originale des "Emotions poétiques", recueil publié par Antoine Pol, en 1918, aux Editions du Monde Nouveau :
A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal

[contact auteur : Michel M.] - [compléter cette analyse]
Complément
Cette strophe supprimée se trouve après celle qui commence par "A la compagne de voyage" et prendrait donc la position 19. Georges Brassens semble avoir refusé de rendre cette passante trop personnalisée en la rendant danseuse, ce qui l'aurait éloignée de ses autres rôles, de son inviolabilité et de son immatérialité furtive.
Cette strophe pourrait aussi marquer une recherche de la part du narrateur pour retrouver une de ces "passantes". Le sens du poème lui-même est changé par son omission et devient moins insistant. Tonton Georges a certes gardé les vers Et qu'on ne retrouve jamais et Que l'on n'a pas su retenir, mais cela semble être aussi loin qu'il ait voulu aller.
Dans d'autres poèmes repris, GB n'a pas hésité à enlever des strophes ou des vers dont la stance ne corresspond pas à un de ses buts : que les vers "sonnent juste" en chanson. "Inconnue" et "revenue" laisseraient par exemple de dissonants hiatus et devraient être chantés : "Inconnu - e" et "revenu - e". Il a même tendance à éviter des hiatus en introduisant des fausses liaisons comme coucha-z avec son remplaçant dans Corne d'Aurochs.

[contact auteur : Marc Ivo Bohning]
Complément
Pourtant, le même hiatus ne semble guère le gêner aux vers 25 et 26, écoutez-le bien:
Chères images aperçu-es
Espérances d'un jour déçu-es
.
Autre exemple aux vers 31 et 32 :
Mais si l'on a manqué sa vi-e
On songe avec un peu d'envi-e

Il me semble d'ailleurs que le Midi de la France, dont GB est originaire, est le seul endroit où les "e muets" se prononcent, même après les voyelles. Un inconnu et une inconnue, au sud de Valence, ne sont pas des homonymes.

[contact auteur : Henri T.]
Strophe coupée
Mais Brassens chante sûrement la strophe du carnaval : seulement dans une des deux versions publiées dans le CD "Brassens Inédits. Archives 1953-1980".
[contact auteur : Jose Fernando Blanco] - [compléter cette analyse]
Lino
Je crois que c'était la chanson "de Brassens" (même s'il n'en était pas l'auteur) que préférait Lino Ventura.
Il m'est souvenance d'un grand échiquier en 1976 ou 1977 où GB était l'invité de Lino. Il y avait interprété Les passantes.

[contact auteur : Emmanuel G.] - [compléter cette analyse]
2éme strophe omise
A ma connaissance il existe également une deuxième strophe à ce poème :
A ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses
Et portent encor votre deuil
A celles qui s'en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées
Victimes d'un stupide orgueil

[contact auteur : Michel Planté] - [compléter cette analyse]
Complément
On comprend que GB n'ait pas retenu cette strophe : elle dévie le thème des "femmes qu'on aime en secret" vers celui des femmes qui secrètement vous aiment, ce qui est très différent. En outre, après les avoir dit "timides amoureuses", Antoine Pol les traite quasiment de "stupides orgueilleuses".
[contact auteur : Dominique Chailley]
Complément
La strophe mentionnée par Dominique Chailley figure en cinquième position dans le poème et celui concernant la "souple valseuse" en deuxième position.
[contact auteur : Jean-Yves V.]
01Je veux dédier ce poème
02À toutes les femmes qu'on aime
03Pendant quelques instants secrets,
04À celles qu'on connait à peine
05Qu'un destin différent entraîne
06Et qu'on ne retrouve jamais.
 
07À celle qu'on voit apparaître
08Une seconde à sa fenêtre
09Et qui, preste, s'évanouit,
10Mais dont la svelte silhouette
11Est si gracieuse et fluette
12Qu'on en demeure épanoui.
 
13À la compagne de voyage
14Dont les yeux, charmant paysage,
15Font paraître court le chemin ;
16Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
17Et qu'on laisse pourtant descendre
18Sans avoir effleuré sa main.
 
19À celles qui sont déjà prises
20Et qui, vivant des heures grises
21Près d'un être trop différent,
22Vous ont, inutile folie,
23Laissé voir la mélancolie
24D'un avenir désespérant.
 
25Chères images aperçues,
26Espérances d'un jour déçues,
27Vous serez dans l'oubli demain ;
28Pour peu que le bonheur survienne
29Il est rare qu'on se souvienne
30Des épisodes du chemin.
 
31Mais si l'on a manqué sa vie,
32On songe avec un peu d'envie
33À tous ces bonheurs entrevus,
34Aux baisers qu'on n'osa pas prendre,
35Aux coeurs qui doivent vous attendre,
36Aux yeux qu'on n'a jamais revus.
 
37Alors, aux soirs de lassitude,
38Tout en peuplant sa solitude
39Des fantômes du souvenir,
40On pleure les lèvres absentes
41De toutes ces belles passantes
42Que l'on n'a pas su retenir.

Antoine Pol