ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, La religieuse
Pensées des morts
Remarques générales
C'est un poème romantique, où intervient la nature, qui est comme spectatrice des événements qui se déroulent. Le temps passe , la mort approche, la tristesse est là ; la platitude du présent, l'absence d'événements, et l'ensemble de ces thèmes ont donné naissance au mouvement romantique où les poètes ont commencé à exprimer leurs sentiments.
[contact auteur : David A.] - [compléter cette analyse]
Et vint Hugo !
Mais cette vague nouvelle de poésie risquait de se morfondre dans les larmes et les pleurnicharderies ! Heureusement vinrent Hugo et Musset, avec toute leur verve, leur humour, leur tendresse désaxée :
"Et je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire" (Hugo)

[contact auteur : Emmanuel G.] - [compléter cette analyse]
Puis l'ami Georges.
Comme souvent, GB a réduit à 7 strophes un poème beaucoup plus long. Lamartine a écrit une vraie prière chrétienne. GB en a supprimé quasiment toutes les références à Dieu et sa "Gloire céleste" pour ne conserver que l'aspect naturaliste. Le poème initial est très beau, mais les coupes fort opportunes de GB le rendent plus acceptable en ces temps déchristianisés.
[contact auteur : Michel Stephanus] - [compléter cette analyse]
01Voilà les feuilles sans sève
02Qui tombent sur le gazon,
03Voilà le vent qui s'élève
04Et gémit dans le vallon,
05Voilà l'errante hirondelle
06Qui rase du bout de l'aile
07L'eau dormante des marais,
08Voilà l'enfant des chaumières
09Qui glane sur les bruyères
10Le bois tombé des forêts.
 
11C'est la saison où tout tombe
12Aux coups redoublés des vents ;
13Un vent qui vient de la tombe
14Moissonne aussi les vivants :
15Ils tombent alors par mille,
16Comme la plume inutile
17Que l'aigle abandonne aux airs,
18Lorsque des plumes nouvelles
19Viennent réchauffer ses ailes
20À l'approche des hivers.
 
21C'est alors que ma paupière
22Vous vit pâlir et mourir,
23Tendres fruits qu'à la lumière
24Dieu n'a pas laissé mûrir!
25Quoique jeune sur la terre
26Je suis déjà solitaire
27Parmi ceux de ma saison,
28Et quand je dis en moi-même :
29"Où sont ceux que ton coeur aime ?"
30Je regarde le gazon.
 
31C'est un ami de l'enfance
32Qu'aux jours sombres du malheur
33Nous prêta la Providence
34Pour appuyer notre coeur ;
35Il n'est plus : notre âme est veuve
36Il nous suit dans notre épreuve
37Et nous dit avec pitié :
38"Ami si ton âme est pleine,
39De ta joie ou de ta peine
40Qui portera la moitié ?"
Si ton âme est pleine
Superbe question, et qui n'est pas exclusivement réservée à la mort. La grande soeur de cette dernière, la solitude, pourrait tout aussi bien être l'écrin de cette suprême interrogation.
C'est la grande question de l'amitié et, pourquoi pas, de l'amour.
A apprécier, dans cette interprétation, le langoureux et tendre accompagnement de la contrebasse de Pierre Nicolas.
Une fort belle inspiration de Brassens, qui nous rend Lamartine si proche qu'il en devient presque "baudelairien" avant l'heure...

[contact auteur : Emmanuel G.] - [compléter cette analyse]
Complément
D'un point de vue musical, GB mélodiste se place ici comme l'égal d'un Fauré ou d'un Duparc ; sans doute même au-dessus, car ils n'auraient pas atteint à cette sobriété de la musique - si bien servie, en effet, par PN - qui n'altère jamais le texte.
[contact auteur : Dominique Chailley]
 
41C'est une jeune fiancée
42Qui, le front ceint du bandeau,
43N'emporta qu'une pensée
44De sa jeunesse au tombeau ;
45Triste, hélas ! dans le ciel même,
46Pour revoir celui qu'elle aime
47Elle revient sur ses pas,
48Et lui dit : "Ma tombe est verte !
49Sur cette terre déserte
50Qu'attends-tu ? Je n'y suis pas !"
 
51C'est l'ombre pâle d'un père
52Qui mourut en nous nommant ;
53C'est une soeur, c'est un frère
54Qui nous devance un moment,
55Tous ceux enfin dont la vie
56Un jour où l'autre ravie,
57Emporte une part de nous,
58Semblent dire sous la pierre :
59"Vous qui voyez la lumière,
60De nous vous souvenez vous ?"
Troublant
Troublante et caressante allitération, à la fois question et (doux) reproche : comme un doute qui, malgré tout, nous interroge quelque peu.
[contact auteur : Emmanuel G.] - [compléter cette analyse]
 
61Voilà les feuilles sans sève
62Qui tombent sur le gazon,
63Voilà le vent qui s'élève
64Et gémit dans le vallon,
65Voilà l'errante hirondelle
66Qui rase du bout de l'aile
67L'eau dormante des marais,
68Voilà l'enfant des chaumières
69Qui glane sur les bruyères
70Le bois tombé des forêts.

Alphonse De Lamartine